Le candidat Elvin Santos a admis qu’il avait perdu les élections, son adversaire ayant recueilli plus de 55% des suffrages selon les premières estimations officielles, après dépouillement de la moitié des bulletins de vote.
Cette élection pourrait mettre fin à la crise politique issue du coup d’État du 28 juin, lors duquel le président de gauche Manuel Zelaya s’est vu contraint de quitter le territoire sous l’impulsion de l’armée.
Ce dernier a appelé ses partisans du Parti libéral, celui de Santos, à ne pas se rendre aux urnes car il considère ce scutin comme illégitime. En effet, le vote a été organisé par les putschistes qui l’ont renversé. Mais selon les autorités électorales, la participation a atteint 61%, un pourcentage plus élevé que lors de l’élection de Zelaya en 2005.
Le Parti libéral est également la formation de Roberto Micheletti, l’homme qui a été mis au pouvoir à la place de Zelaya après le coup d’Etat. Aucun des deux hommes ne se présentait au scrutin, qui se jouait en un seul tour.
Les Etats-Unis semblent de leur côté disposés à valider le résultat final, mais plusieurs pays sud-américains, notamment le Brésil, l’Argentine et le Venezuela, se sont joints au raisonnement de Zelaya.
Ces dissensions divisent le projet du président américain Barack Obama de tourner une page dans les relations entre Washington et l’Amérique latine, où le souvenir des coups d’Etat soutenus par les Etats-Unis durant la Guerre froide demeure vivace.
Selon la télévision nationale, plusieurs centaines de partisans du Parti National de Lobo ont célébré la victoire en agitant des drapeaux honduriens dans un hôtel de Tegucigalpa.
La crise politique qui a fait suite au coup d’Etat a privé le Honduras, l’un des pays les plus pauvres du continent, d’une aide internationale indispensable.
« Cette élection est une étape importante pour consolider un gouvernement capable de nous rassembler« , avait dit Lobo au sortir de l’isoloir.
« Aujourd’hui, le Honduras a décidé de son propre avenir, a décidé d’en finir une fois pour toutes avec la crise qui nous a affectés et a nui aux plus nécessiteux« , a-t-il déclaré dans son discours de victoire.
Mais bon nombre de dirigeants latino-américains remettent en question la légitimité de son élection. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a ainsi condamné dimanche la tenue des elections présidentielles, et a jugé que si les pays ne condamnaient pas ce scrutin, ils risquaient d’encourager d’autres « aventuriers » à mener des coups d’Etat à travers le continent.
« Si les autres pays qui peuvent faire un geste ne le font pas, qui sait où aura lieu le prochain coup d’Etat« , a affirmé Lula à la presse peu avant un sommet ibéro-américain au Portugal.
« Mon avis, c’est que le Brésil ne doit pas reconnaître ces élections. Le Brésil maintiendra sa position car il n’est pas possible d’accepter un coup d’Etat, qu’il soit militaire, symbolique ou civil. »
A Caracas, le président vénézuélien Hugo Chavez, proche du président déchu Zelaya, a qualifié le vote de « farce électorale« .
Avant le scrutin, Porfirio Lobo, membre de l’oligarchie, âgé de 61 ans, avait fait savoir que s’il gagnait les élections, il s’engageait à rompre le nouvel isolement du Honduras en plaidant sa cause notamment auprès du Brésil et de l’Organisation des Etats américains (OEA).
« Nous sommes prêts à les approcher et à leur demander de comprendre qu’il y a un gouvernement et qu’il a été élu, et qu’il s’agit là de la volonté des Honduriens exprimée par les urnes« , avait-il dit.
Ni l’OEA, ni les Nations unies n’ont accepté de dépécher des observateurs afin de veiller au bon déroulement du processus électoral.
Pour Manuel Zelaya, Porfirio Lobo « va être un dirigeant très affaibli, sans la reconnaissance du peuple et de la plupart des pays tiers« .