Colombie : L’ex-otage des FARC, Ingrid Betancourt, réclame une indemnisation à l’Etat colombien

Ingrid Betancourt a soulevé, vendredi, une polémique en Colombie, après avoir déposé une requête dans laquelle elle réclame à l’Etat 6,5 millions de dollars de dédommagement suite à la séquestration dont elle a été victime. Elle justifie sa démarche en évoquant l’incapacité de l’Etat à assurer sa sécurité alors qu’elle briguait la présidence de Colombie en  2002, année où elle a été enlevée par les FARC.

L’avocat d’Ingrid Betancourt, qui souhaite apaiser les tensions, a affirmé, samedi 10 juillet, dans un communiqué que sa cliente n’avait rien demandé à l’Etat colombien et il a également assuré qu’il s’agissait d’une simple « conciliation ». Cette déclaration survient au moment où l’annonce d’une demande d’indemnisation de 6.5 millions de dollars déposée par l’ex-otage des FARC suscite un vent de critiques parmi les autorités et une grande partie de la population colombienne.

Dans un communiqué diffusé par plusieurs médias colombiens, l’avocat d’Ingrid Betancourt, Gabriel Devis, affirme qu’à l’heure actuelle personne n’est poursuivi, ni le gouvernement, ni les forces armées révolutionnaires de Colombie (FARC), ni les personnes qui ont participé à la libération des prisonniers.

Maître Devis a expliqué qu’à ce stade, il cherchait une « conciliation« , une procédure classique face à une demande administrative « Une conciliation est un moyen d’inviter à la reflexion en ce qui concerne les mécanismes de protection que confère l’Etat colombien à ses citoyens victimes du terrorisme et il ne s’agit en aucun cas d’une attaque menée contre les institutions ».

L’avocat a également évoqué le « profond et inébranlable respect » que la famille Betancourt nourrit envers le gouvernement colombien, les forces militaires et tous ceux qui, d’une façon ou d’une autre, « ont risqué leur vie avec courage pour parvenir à la libération d’Ingrid et à celle de ses compagnons d’infortune ».

Le ministre de la Défense colombien a publié ce vendredi un long communiqué dans lequel il a précisé les détails de la démarche de Mme Betancourt qui réclame à l’Etat une indémnisation pour avoir failli à son devoir de protection envers ses citoyens et pour avoir, par voie de conséquence, rendu possible son enlèvement par la guérilla marxiste des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC).

Selon le ministère, I. Betancourt et ses proches ont présenté le 30 juin deux demandes de conciliation extrajudiciaires dans lesquelles elle réclame une compensation financière de 13 000 millions de pesos (soit 6,5 millons de dollars).

Le bureau du procureur a confirmé vendredi qu’elle tenait la requête de Mme Betancourt entre les mains afin de pouvoir organiser ladite conciliation « Les demandes d’indemnisation présentées par I.Betancourt, sa mère Yolanda Pulecio, sa soeur Astrid Betancourt, et ses enfants Melanie Delloye et Lorenzo Delloye, pour préjudices moraux et financiers atteignent la somme de 15.431.351.537 pesos », a indiqué le bureau du procureur dans un communiqué, une somme qui diffère donc de celle annoncée par le ministre.

La demande d’Ingrid Betancourt -libérée le 2 juillet 2010, lors de l’opération militaire « Jaque », après avoir été retenu 6 ans ans en captivité- a crée un véritable vent de polémique en Colombie et plus particulièrement au sein du gouvernement. Francisco Santos, vice-président de Colombie, a ainsi déclaré qu’elle remportait le «prix mondial de l’ingratitude», ajoutant qu’il était «triste, indigné et déçu».

Le ministère a déclaré pour sa défense que l’ex-captive avait faite fi des recommandations des forces de l’ordre qui, avec « insistance », avaient cherché à convaincre Ingrid Betancourt de la dangerosité liée à un déplacement à San Vicente del Caguan (département de Caqueta), lieu où elle souhaitait se rendre durant sa campagne électorale et qui s’était soldé en février 2002 par son enlèvement et celui de sa collaboratrice (directrice de campagne) Clara Rojas.

Il estime enfin que la requête, sans précédent en Colombie, n’a pas de fondement « objectif », laissant ainsi entendre qu’il n’y fera pas droit.

L’archevêque de Bogota a également jugé que cette réclamation « n’était ni juste, ni correcte », expliquant que la responsabilité de la prise d’otage « n’était pas celle de l’Etat ou de l’armée, mais bien de la guérilla« , indique le journal El Tiempo.

Pour sa part, Marc Gonsalves, ancien otage américain des FARC, a déclaré samedi 10 juillet qu’I. Betancourt était parfaitement dans ses droits en réclamant une indemnisation à l’Etat colombien, pour les préjudices moraux et économiques subis durant sa captivité  » Je pense qu’Ingrid, comme les autres otages d’origine colombienne, a ce droit ». « Je comprends son raisonnement : si les FARC ont été capables de nous séquestrer et de nous garder comme otages si longtemps, c’est en raison des choix émis par les gouvernements de Colombie tout au long de ces années ».

Ces déclarations ont été faites à la radio privée RCN, Gonsalves a approuvé la décision de Betancourt de réclamer une compensation financière, « elle a réfléchi à la responsabilité des gouvernements qui se sont succédés au pouvoir, de ceux qui ont précédé l’arrivée à la présidence d’Álvaro Uribe et qui ont accepté d’offrir des terres aux FARC, ce qui a contribué à la situation dont nous avons été les victimes ».

Betancourt, trois américains (Etats-Unis) Gonsalvez, Thomas Howes, et Keith Stansell et une douzaine de policiers et militaires colombiens ont été libérés en juillet 2008, après une opération de libération menée par l’armée colombienne, un scénario qui s’est avéré, dans les faits, digne d’un film hollywoodien.

L’ancienne candidate Franco-colombienne à la présidentielle et ex-otage des FARC souhaite livrer aussi sa vérité sur sa captivité dans la selva, dans un ouvrage à paraître chez Gallimard en septembre et qui devrait s’intituler « Même le silence a une fin ».

Clara Rojas qui avait été séquestrée en même temps qu’Ingrid Betancourt a déjà publié un livre « Captive : Otage des Farc, elle accouche au coeur de l’enfer » (Plon, 2009), dans lequel elle témoigne de ses conditions de détention mais aussi du comportement de la Franco-colombienne qu’elle remet clairement en question l’accusant d’égoïsme et d’impulsivité.

2 commentaires

  1. Quel culot! Cette dame n’est pas colombienne pour exiger du peuple le paiement d’une rançon pour un enlèvement qui semblait la satisfaire puisqu’elle a négligé toute recommendation de prudence.Elle n’est française que par une alliance qui n’a pas duré!
    Je plains l’Etat qui l’héberge actuellement!Suggestion: étant donné son goût pour la prière, je lui suggère le Vatican. Remarque: ce charmant État n’est pas très accueillant pour la gent féminine!

    Pouah! Concentrez-vous sur le cinéma. Peut-être pourrez-vous vous éclater durant quelques…..jours!

  2. Déjà que les colombiens ne mangent pas à leur faim, là, ce serait tout leur prendre. Je suggère que la Colombie ne donne pas à Ingrid Betancourt la somme qu’elle réclame à moins que celle-ci le redistribue aux pauvres de Colombie. Si vous voulez devenir présidente de la république colombienne Mme Betancourt, va falloir faire taire votre orgueil. A bon entendeur…

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