Les premiers cas de peste récemment apparus à La Libertad (province d’Ascope) se multiplient malgré les mesures adoptées par les autorités sanitaires de la région, l’incidence de la maladie progresse et pourrait se propager aux départements voisins et s’étendre ainsi à toute la région du nord Pérou. C’est ce qu’a affirmé le président du Comité Régional Technique chargé du contrôle de la peste (Comité Regional Técnico Operativo del Control de la Peste), Pedro Díaz Camacho, qui a ajouté que le mal pourrait atteindre Piura, Lambayeque et Cajamarca.
« Nous nous trouvons face à un risque accru de résurgence de peste bubonique dans la zone nord du pays. Cette situation se produit, parce que, malheureusement, ses bassins hydrographiques Chira-Piura, río Quiroz, les ríos de Cajamarca, el Jequetepeque et el Chicama sont infectés par des rongeurs sauvages porteurs de la Yersinia Pestis (la bactérie qui transmet le mal)”, a précisé Camacho. Le spécialiste a affirmé que la peste pourrait toucher la capitale, Lima, si involontairement une puce infectée était ramenée en ville. Cependant, il a ajouté qu’il était peu probable qu’une telle chose se produise.
Sur la possibilité de propagation de la maladie, le Directeur Régional rattaché à la Santé dans le département de Piura, Manuel Arrunátegui a assuré qu’il était en train de travailler, conjointement, avec les municipalités afin d’enrayer la prolifération des rongeurs et d’autres foyers éventuels de contamination comme les dépôts d’ordures.
« Il est certain que nous ne pouvons pas éradiquer totalement les rats, mais il est essentiel d’éviter que ces animaux prolifèrent et qu’ils n’entrent pas en contact avec la population », a-t-il ajouté. Dans ce même ordre d’idées, le Directeur Régional rattaché à la santé de Lambayeque, Víctor Echeandía, a affirmé qu’un plan de surveillance épidémiologique avait été mis en place, il s’agit pour les autorités sanitaires « de se rendre dans les zones endémiques et d’examiner les animaux afin de limiter la diffusion de la bactérie ».
Pour sa part, le doyen du collège de médecine du Pérou, Ciro Maguiña, a affirmé que la dissémination de la peste bubonique est la conséquence directe de négligences des autorités sanitaires au niveau régional.
Le médecin a souligné que l’épidémie pouvait être contenue au moyen de procédés relativement simples comme la dératisation, la fumigation, et une campagne sanitaire qui vise à maintenir la salubrité au sein des foyers.
Díaz Camacho a révélé au journal péruvien « El Comercio », qu’il y a une semaine, dans la zone habitée de Sumanique, dans la localité de Cartavio, une adolescente de 14 ans a été la première victime mortelle (décédée le 26 juillet) de la peste bubonique et septicémique. Il a ajouté que 4 cas de peste pulmonaire avaient été diagnostiqués, dont deux dans un état grave et 2 autres dans un état plutôt encourageant « la petite fille et l’un des médecins vont beaucoup mieux, c’est déjà une bonne nouvelle ». Sept cas de peste bubonique ont été identifiés.
Selon l’Institut Pasteur, chez l’être humain, la maladie revêt deux formes principales : bubonique (contractée par piqûre de puce) et pulmonaire (transmise par voie aérienne). La peste bubonique, forme clinique la plus fréquente, est caractérisée, après une incubation de quelques jours, par un syndrome infectieux très sévère, accompagné d’une hypertrophie du ganglion lymphatique (bubon) drainant le territoire de piqûre de la puce. Dans 20 à 40 % des cas, le bubon suppure et le malade guérit après un temps de convalescence assez long. Sinon, la maladie évolue vers une septicémie, très rapidement mortelle. Dans certains cas, le bacille atteint les poumons et la transmission inter-humaine du bacille a ensuite lieu par l’intermédiaire d’aérosols émis par le malade lors de la toux. Les sujets contacts développent alors une peste pulmonaire. En l’absence d’un traitement précoce et approprié, la peste pulmonaire est systématiquement mortelle en 3 jours
Les patients atteints de peste bubonique souffrent d’une très forte fièvre et de maux de tête intenses. En moins de 24 heures, une tumeur douloureuse de 1 à 10 centimètres de large apparaît au niveau de cou, de l’aine ou de l’aisselle. Selon des déclarations faites à RPP Noticias, Le Bureau Régional de Santé de La Libertad a commencé la désinfection de 10 000 foyers d‘Ascope.
On a enregistré à Ascope depuis le mois d’avril 31 individus touchés par la peste, parmi eux 11 cas confirmés et 20 cas probables, en plus d’un nombre indéterminé de peste sur « des chiens, chats et cochons d’Inde domestiques ».
Sur tous les cas de peste enregistrés au Pérou, 25 malades sont atteints de la peste bubonique, 4 de la variante pulmonaire et 2 de la peste septicémique, a précisé le ministre de la Santé, Ugarte, après avoir assuré que les personnes infectées recevaient un traitement adéquat dans la zone même où ils ont contracté la maladie.
« La peste se transmet à travers des piqûres de puces, de rongeurs contaminés par la bactérie Yersinia pestis, la peste pulmonaire est une complication de la maladie, elle ne se transmet pas par la puce mais au contact de gouttes de salive », a expliqué le porte-parole à la Santé.
La dernière flambée de peste dans le nord Pérou, remonte en 1994 avec 1 104 cas et 35 victimes mortelles.
Le Ministre de la Santé a adopté des mesures de prévention afin que les grandes villes côtières comme Lima ne soient pas touchées. Ces mesures concernent principalement les ports localisés dans la région contaminée, Malabrigo et Salaverry, afin qu’ils ne soient pas des vecteurs de transmission, « les bateaux ne doivent en aucun cas transporter des puces ou des rats des champs contaminés ».
« On travaille étroitement avec la Capitainerie afin que les procédés de fumigation ou autres empêchent la peste d’arriver aux grandes villes comme Lima, Piura, Lambayeque y Cajamarca », a expliqué le ministre de la Santé Óscar Ugarte.
« La zone la plus affectée est la vallée de Chicama, où résident 30 000 personnes, une population qui accroît en raison de l’essor économique de la région dû à une activité agricole en pleine expansion ».
Face au risque de propagation, la Minsa (Ministère de la Santé au Pérou) a placé la zone d’Ascope en alerte épidémiologique et coordonne les opérations d’éradication de la maladie avec les autorités du district et des provinces.
» Le risque d’expansion de la peste existe malgré les mesures préventives signalées » a précisé le ministre de la Santé, Oscar Ugarte.