Le président de l’Équateur, Rafael Correa, a défendu à Tokyo du 7 au 10 septembre le projet environnemental Yasuni ITT comme une « justice nécessaire » face aux sacrifices que son pays est prêt à faire afin de laisser sous terre une grande partie des réserves pétrolières situées en Amazonie.
Rafael Correa, s’est réuni, à cette occasion, avec l’empereur Akihito et le Premier ministre nippon, Naoto Kan, avec lequel il a évoqué des thèmes environnementaux et la richesse naturelle des îles Galapagos et d’Amazonie.
L’empereur du Japon a été le premier à recevoir le président Correa au Palais Impérial, pour le début de sa visite officielle à Tokyo, et comme le prévoit le protocole de la Maison Impériale, ils n’ont pas parlé de politique ni d’économie.
Par contre, Akihito a fait part de sa préoccupation devant les incendies qui avaient touché le Parc Naturel des Iles Galápagos (PNG) l’an passé dévastant une centaine d’hectares sur l’île Isabelle. Correa a affirmé que l’Équateur travaillait auprès de l’Unesco (Organisation des Nations Unis pour l’Éducation, la Science, et la culture) pour protéger cet archipel, considéré comme l’une des réserves naturelles les plus importantes, complexes et diverses du monde en raison de sa riche biodiversité.
La richesse naturelle de l’Équateur fut la raison pour laquelle Correa a invité l’empereur à visiter le pays sud-américain des années après le dernier voyage de la Maison Impériale nippone en 1993, effectué par le prince Hitachi, frère de Akihito, et son épouse. A la fin de l’Audience, Correa s’est dit « honoré et flatté » lors d’une conférence de presse de rencontrer l’empereur, qu’il a défini comme une personne « affable ».
Correa, qui a voyagé avec huit ministres de son gouvernement, s’est réuni avec le Premier ministre japonais, Naoto Kan, avec lequel il a évoqué le rôle de leur pays respectif contre le réchauffement climatique mondial.
Kan a déclaré qu’il espérait collaborer étroitement avec l’Équateur pour parvenir à un accord sur la Convention pour la diversité Biologique (COP10) qui aura lieu en octobre dans la ville japonaise de Nagoya, essentiellement pour préserver les réserves comme les Iles Galápagos et le bassin amazonien.
Correa pour sa part, a évoqué avec le Japon la possibilité de collaborer au projet Yasuni-ITT, pour laisser sous terre une partie du pétrole amazonien et éviter ainsi l’impact environnemental qui découlerait de l’exploitation de ces réserves.
Selon Correa, Kan s’est montré intéressé par le projet, bien que rien n’ait été décidé concrètement d’un point de vue de l’aide financière sollicitée par l’Équateur afin de maintenir intact les zones concernées (un manque à gagner de 6 000 millions de dollars). Le président Correa a souhaité nuancer ses propos en déclarant qu’il ne demandait pas de l’aide mais qu’il faisait appel à « la responsabilité de la communauté internationale ».
A ce sujet, le président équatorien, a souligné que la Constitution de l’Équateur spécifiait l’obligation de protéger la Nature et que la Carta Magna était la plus écologique au monde.
Les deux mandataires se sont montrés favorables à une coopération pour un monde sans armes nucléaires et pour une réforme du conseil de sécurité des Nations Unis, au sein duquel le Japon souhaite être un membre permanent, d’après les informations du Premier ministre Nippon. Kan a également assuré que les entreprises japonaises étaient disposées à investir en Équateur et a remercié le président Correa pour avoir adopté le système digital terrestre japonais.
Le président Correa a prononcé un discours sur les défis menés par l’Équateur et l’Amérique Latine devant l’Université des Nations Unis (UNU crée en 1973 dont le siège et à Tokyo) durant lequel il a affirmé que la région vivait « un changement d’époque » et que « le pouvoir encore détenu entre les élites devait passer entre les mains des majorités ».
Durant son voyage officiel au Japon, la semaine dernière, Correa a défendu avec ardeur le projet Yasuní ITT comme une idée novatrice de son pays qui doit être accueillie avec un sens de la responsabilité réciproque par la communauté internationale.
« Il faut compenser financièrement cette contamination environnementale qui n’aura pas lieu car rendre propre c’est aussi ne pas salir à la base » a déclaré le mandataire à l’Université des Nations Unis, organisme qui se consacre à la biodiversité et aux questions environnementales.
« L’Équateur a le droit d’extraire ce pétrole, c’est pourquoi le pays réclame une compensation pour ne pas l’exploiter », a ajouté Correa, tout en indiquant qu’il s’agissait là d’une proposition « altruiste » de son Gouvernement qui réclame la moitié de la somme qui aurait été engrangée au moyen de l’exploitation du sous-sol amazonien.
L’initiative Yasuní-ITT a pour objectif de laisser sous terre indéfiniment les réserves pétrolières des zones de Ishpingo, Tambococha et Tiputini, un projet qui devrait permettre d’éviter l’émission de 400 millions de tonnes de dioxyde de carbone.
L’Équateur propose à la communauté internationale qu’elle contribue à hauteur de 3 600 millions de dollars, soit l’équivalent de la moitié des bénéfices qu’aurait perçue l’État s’il avait opté pour l’exploitation des ressources pétrolières.
Selon Correa il s’agit maintenant de « passer de la rhétorique aux faits » et de plus, il considère que cette proposition est la plus concrète réalisée jusqu’alors dans le cadre de la protection environnementale et du réchauffement global.
Durant son discours qui a duré plus d’une heure devant l’Université de L’UNU, Correa a déclaré que la « Planète ne pâtira pas » de l’actuelle notion occidentale de développement et plaide pour « des changements culturels » parmi les élites latino-américaines.
Tout cela devrait favoriser une société plus juste et une éradication de la pauvreté qui est une conséquence directe d’un « système pervers » et de l’application de recettes néolibérales pour lesquelles l’Amérique Latine « sert de laboratoire expérimental » depuis plusieurs années, a déclaré le président équatorien Rafael Correa.
Le vice-président de l’Équateur, Lenin Moreno a annoncé qu’il participerait ce mois-ci (le 27 septembre) à une assemblée des Nations-Unis, où il s’exprimera sur le projet Yasuní-ITT.
« Je vais m’exprimer au sujet du projet Yasuni devant la XXV assemblée des Nations-Unis ainsi que sur d’autres sujets » à New York, a indiqué Moreno, qui cette semaine doit se réunir avec différents collaborateurs afin de préparer son intervention devant la communauté internationale.
Le Parc National Yasuni abrite des populations indigènes isolées, et il est considéré comme l’un des lieux les plus riches de la planète d’un point de vue de sa biodiversité. Il a été créé en 1979 et déclaré par l’UNESCO comme Réserve Mondiale de la biosphère en 1989. Il s’étend sur 982 000 hectares dans le bassin de l’alto Napo en Amazonie. il offre une variété de 2 274 espèces d’arbres et d’arbustes, sur un seul hectare on peut répertorié jusqu’à 655 espèces différentes.
L’Allemagne, l’Espagne, l’Italie, le Chili, le Japon, et la France se sont engagés à soutenir ce projet, toutefois l’Équateur a souligné que si l’aide financière n’était pas au rendez-vous, le pays exploiterait le ITT, avec les meilleures technologies possibles afin de minimiser l’impact écologique.