Une saison hivernale sans fin, accompagnée de fortes précipitations, est à l’origine de nombreuses inondations, et provoque par conséquent de nombreux dégâts matériels dans de vastes zones de la Colombie et du Venezuela. Décidément les années se suivent et ne se ressemblent pas, l’année dernière, à cette même époque, les autorités vénézuéliennes affrontaient une importante sécheresse causant une crise énergétique sérieuse dans un pays où l’apport hydroélectrique revêt une importance considérable. La Colombie qui bénéficie depuis plusieurs années d’énergies alternatives s’était contentée d’appeler à restreindre au maximum la consommation d’eau. Cette eau tant attendue l’an passé est donc source de désolation en cette année 2010 pour ces pays.
Ces pluies torrentielles qui s’abattent sur le Venezuela et la Colombie préoccupent ces deux nations d’Amérique du Sud. 54 % du territoire colombien est affecté par les pluies, tout particulièrement la zone nord du pays localisée non loin de la côte caribéenne. Au Venezuela, les inondations frappent majoritairement le centre et l’ouest du pays.
Bien que, jusqu’à présent, les autorités n’aient pas qualifié la situation de critique, ces pays n’en restent pas moins en état d’alerte, l’attention se portant principalement vers certaines zones géographiques où le taux de pauvreté reste élevé. Dans ces régions où la population est particulièrement vulnérable, en raison du faible niveau de vie, les constructions sont précaires et s’avèrent donc plus sensibles aux aléas météorologiques.
La Colombie déplore pour le moment 154 victimes mortelles, plus de 150 000 hectares de terres ont été inondés, enfin 2000 foyers ont été totalement rasés et 200 000 autres fortement endommagés.
Les inondations ont frappé des secteurs qui habituellement ne sont pas touchés par ces phénomènes météorologiques comme la Sabana de Bogotá, qui se situe à 2600 mètres au dessus du niveau de la mer, une région qui déplore de grosses pertes dans les domaines de l’horticulture et de l’élevage. Il y a 85 voies nationales et secondaires affectées par les pluies, celles-ci ont été partiellement ou totalement endommagées par des glissements de terrain ou des crues fluviales.
La grande quantité d’eau qui s’est déversé depuis maintenant plusieurs semaines a placé en état d’alerte la région de la cordillère, où des éboulements peuvent survenir tant dans les zones rurales qu’urbaines. Les deux principaux fleuves du pays, le Magdalena et le Cauca, ont débordé dans plusieurs régions.
Au Venezuela, on comptabilise 20 morts, principalement à l’ouest, dans l’État de Zulia, et dans la capitale même, Caracas. L’état adjacent de Miranda, dans la région de Barlovento, plusieurs foyers sont inondés et ce sont 4000 personnes qui sont touchées par ces conditions météorologiques extrêmes, des chiffres révélés par Víctor Lira, directeur de la Protection Civile. A Zulia on recense quelques 10 000 sinistrés et environ 2 500 dans l’ouest du pays.
« Malheureusement, au Venezuela, nous ne possédons pas cette culture de la prévention, il n’y a pas d’étude de terrain avant construction » signale Lira.
« Les normes de construction, a-t-il ajouté, ne sont pas effectives, de fait les gens cherchent à trouver des solutions par leurs propres moyens. Ils envahissent des terrains, ils amenuisent les talus, ce sont des facteurs qui augmentent les risques d’inondation ».
Les pluies intenses ont contraint de fermer temporairement certains aéroports du pays, comme l’aéroport international de Maiquetía, elles ont également causé des coupures, en raison des éboulements, sur les routes principales qui permettent de relier la capitale vers l’intérieur du pays. La ligne de métro qui communique avec la ville de Los Teques et ses alentours a été interrompue.
En Colombie, lundi, Juan Manuel Santos, a annoncé que le gouvernement appellerait à un crédit d’urgence auprès de la Banque Mondiale pour un montant de 150 millions de dollars afin de venir en aide aux sinistrés. Les autorités auront également recours aux 25 millions de dollars saisis lors d’opérations menées contre les cartels de la drogue. Ces pluies torrentielles ont été les plus importantes enregistrées depuis 40 ans en Colombie. Le ministre de l’Intérieur et de la Justice, Germán Vargas Lleras, a décrété « la situation de catastrophe nationale », un décret qui permet de débloquer les fonds d’assistance aux victimes.
Au Venezuela, pour faire face aux inondations qui frappent fortement le sud du lac Maracaibo, dans l’état de Zulia, le gouvernement a distribué 40 000 tonnes d’aliments au moyen de divers organismes.
Dans l’état de Miranda, au nord du pays, on compte un millier de sinistrés. L’Institut National de Météorologie et d’Hydrologie (Inameh) a signalé que les états situés à l’ouest et au centre du pays étaient placés en alerte jaune car des pluies faibles à modérées sont encore attendues dans les prochains jours. Ces fortes précipitations s’expliquent par le phénomène climatique « La Niña » qui s’avère particulièrement actif cette année. La Niña provoque une baisse de la température dans les secteurs central et oriental de l’Océan Pacifique.