Le volcan Puyehue situé à près de 1 000 kilomètres au sud de Santiago, dans la région des lacs chiliens, est entré en éruption samedi 4 juin 2011 pour la première fois depuis plus de 50 ans. La dernière forte éruption du volcan remonte à 1960, peu après qu’un tremblement de terre de magnitude 9,5, le plus puissant jamais enregistré, ait frappé le Chili.
Avant l’éruption, près de 240 secousses par heure ont touché la région localisée dans la cordillère des Andes, à 2 240 mètres d’altitude. En quelques heures, une douzaine de secousses de magnitude 4 ont été enregistrées. L’éruption du volcan Puyehue a poussé les autorités à évacuer, le week-end dernier, près 5 000 personnes de 22 communautés en raison d’un danger croissant de gaz toxiques et d’inondations-éclair. Des centaines d’autres ont fui, lundi, pour trouver refuge ailleurs.
Le préfet de la région de Los Rios, Juan Andres Varas a déclaré dans les médias chiliens, qu’on voyait la bouche du volcan ainsi qu’une colonne de fumée depuis les routes de Rio Bueno et Lago Ranco. « On perçoit une forte odeur de souffre », a-t-il précisé.
Certains habitants ont refusé de partir, voulant protéger leur maison et leur bétail. La région des lacs du Chili est un lieu important de l’industrie laitière, avec plus de 9 000 vaches et brebis. Le ministre adjoint de l’Intérieur, Rodrigo Ubilla, a indiqué qu’environ 50 familles dans la région de Rininahue avaient refusé d’abandonner leurs maisons. Le plus grand danger se situe dans la région juste au nord de la série de volcans, où les communautés de Lago Ranco et de Futrono sont particulièrement vulnérables aux crues soudaines, ont précisé les autorités.
A la frontière argentine, la population, prise de panique à l’arrivée du nuage de cendres, s’est ruée dans les pharmacies pour acheter des masques de protection. « Les gens ont acheté jusqu’à 30 masques à la fois », a raconté le responsable d’une pharmacie de Bariloche. Le nuage de cendres, propulsé à 10 kilomètres d’altitude par le volcan chilien , a contraint à la fermeture de l’aéroport de la ville situé à 100 kilomètres à l’est du Puyehue. Les autorités ont demandé aux habitants de rester confinés chez eux.
Les cendres sont tombées sur les villes et les lacs de Patagonie argentine. Une couche de plusieurs centimètres d’épaisseur s’est accumulée sur le sol. Dans les zones urbaines, ce sont des retombées de 2 à 5 centimètres d’épaisseur qui doivent être désormais déblayées. Le soleil reste invisible, masqué par le nuage noir et épais de cendres.
Plusieurs aéroports de la Patagonie argentine (sud) ont été fermés mardi (7 juin) : Bariloche, haut lieu touristique pour les amateurs de montagne situé à 100 km au sud-est du volcan Puyehue, Chapelco, Esquel, Trelew, Viedma et Bahia Blanca. Les cendres en suspension pouvaient endommager les turbines des avions. Les plus grandes villes touristiques proches de la frontière chilienne, ont été fermées. De nombreux visiteurs sont restés bloqués dans leur chambre d’hôtel.
L’éruption du volcan a cependant diminué en intensité, mercredi, selon des scientifiques, qui ont toutefois prévenu que les cendres continueraient à se répandre pendant plusieurs jours encore. Le directeur du Bureau national des urgences, Vicente Nunez, a fait savoir que les vulcanologues avaient fait état d’une « diminution dans l’activité sismique ». Il a toutefois insisté sur le fait que ce déclin n’était pas irréversible.
En effet, mercredi soir, les cendres, propulsées à de hautes altitudes, ont à nouveau atteint Buenos Aires. Tous les vols de jeudi ont été une nouvelle fois suspendus en raison d’un nuage de cendres à 9 000 mètres au-dessus de la capitale argentine en provenance du volcan chilien Puyehuee. « Tout est suspendu, car le nuage de cendres est au-dessus de Buenos Aires », a déclaré la société qui gère les aéroports.
« Un comité de crise doit se réunir à la mi-journée pour évaluer la situation et les compagnies aériennes se prononceront en conséquence », a déclaré à l’AFP un porte-parole d’Aeropuertos Argentinos 2000.
Autres conséquences, le ministre chilien de l’Agriculture, Antonio Galilea, a rapporté que les cendres avaient provoqué la mort de poissons, alors que des rivières et des lacs au nord du volcan ont été contaminés. Certaines routes et fermes sont recouvertes d’une couche de cendres allant jusqu’à 50 centimètres. D’autres régions ont été épargnées en raison de vents favorables. Les troupeaux de l’une des principales régions laitières du Chili seront sans doute affectés.
De son côté l’Office du Tourisme du Chili se veut rassurant : « Au-delà de la région du volcan Cordon el Caulle, à Puyehue, « la situation est revenue à la normale et l’ensemble des vols internes et internationaux sont assurés en toute sécurité ».
Certains scientifiques pensent que le tremblement de terre de magnitude 8,8 survenu au Chili, l’an dernier, a augmenté le risque d’éruption en raison de changements dans la pression le long des plaques tectoniques terrestres.