Colombie : Le volcan Nevado del Ruiz met la population alentour sur le qui-vive

Dimanche 1er juillet le niveau d’alerte relatif à l’activité du volcan colombien Nevado del Ruiz, situé au centre ouest du pays, est passé de rouge à orange après un samedi sous tension. Une décision prise par les autorités à 7:00 du matin (heure locale) qui ont noté une diminution des émissions de cendres et de gaz, des informations communiquées par le Service géologique de Colombie.

« On a enregistré une diminution considérable de l’amplitude du signal sismique associé au phénomène éruptif, par rapport aux heures précédentes, de fait nous considérons que l’événement éruptif a cessé », a précisé l’organisme dépendant du Système national de prévention des risques. Le passage du niveau d’alerte rouge à orange signifie qu’un nouveau processus éruptif pourrait cependant avoir lieu « dans les prochains jours ou semaines ».

Volcan Nevado del Ruiz

Samedi 30 juin, une colonne de fumée de près de dix mètres s’élevait au-dessus du colosse, l’alerte rouge avait été mis en place à 17:40 heure locale (22:40 GMT) suite à un bulletin d’alerte émis par l’Observatoire de vulcanologie et de sismologie de Manizales (OVSM). Un bulletin avait été émis par le centre scientifique qui est chargé de surveiller en permanence l’activité du volcan, l’alerte rouge indiquant un risque « d’éruption imminente » et prévoyant de fait l’évacuation des populations potentiellement menacées. Hier, le service géologique a précisé que les scientifiques demeuraient extrêmement attentifs devant l’évolution du phénomène volcanique et qu’ils tiendraient informer la population du moindre changement de situation.

Le directeur national attaché à la prévention des risques, Carlos Iván Márquez, a déclaré aux journalistes que la communauté « devait rester attentive aux recommandations émises par les autorités et les comités municipaux de la Gestion des risques exerçant dans la zone d’influence du volcan ». Le président de la République, Juan Manuel Santos, a souligné dimanche l’efficacité des protocoles de sécurité mis en place après le déclenchement samedi de l’alerte rouge, mais a précisé qu’il trouvait préoccupant le fait que seulement 1710 personnes sur les 4000 concernées par l’évacuation avaient obéi aux consignes des autorités. « Qu’est-ce que cela signifie ? Qu’il y a un manque de pédagogie, de collaboration et de civisme et qu’il faut donc poursuivre les efforts, car ce sont 4000 personnes recensées qui auraient dû évacuer la zone ». Les populations de Tolima et Caldas ont été concernées par ce processus d’évacuation (1500 personnes ont quitté provisoirement Tolima et 800 le département de Caldas), beaucoup craignant une crue des fleuves Chinchina et Río Claro.

Depuis le niveau est passé à l’orange ce qui implique un cordon de sécurité de 10 km autour du volcan. Le chef de l’État a réaffirmé que la prévention était indispensable pour éviter tout risque de catastrophe. Dimanche à 11:00 du matin, les services d’observation du volcan notaient une colonne de gaz et de cendres atteignant une altitude de 500 m. L’aéronautique civile a également annoncé dimanche la reprise de certaines liaisons aériennes dans la zone d’influence du volcan. Plusieurs experts en aéronautique déterminent si les aéroports de Ibagué et de Mariquita peuvent fonctionner normalement.

Carlos Ivan Marquez

Les plans d’urgence concernent 18 municipalités de la zone d’influence du volcan (Villamaría, Manizales, Chinchiná et Palestina, à Caldas; Herveo, Casabianca, Murillo, Santa Isabel, Fresno, Palo Cabildo, Falan, Villa Hermosa, Líbano, Mariquita, Honda, Armero Guayabal, Lérida, Venadillo et Ambalema à Tolima). Il y a 27 ans, une vingtaine de populations de Caldas et Tolima avaient été très affectées par l’irruption du Nevado Ruiz. En novembre 1985, l’éruption du cratère Arenas avait provoqué une crue meurtrière tuant sur son passage entre 23 000 et 25 000 individus de la municipalité de Armero. Depuis le XVIe siècle, il existe des registres précis concernant l’activité volcanique du Nevado del Ruiz, bien que celui-ci connaisse une histoire éruptive depuis 1,8 million d’années.

Le volcan, situé à 5321 m d’altitude, entre les départements de Caldas et Tolima possède à sa base un diamètre de 15 km de longueur. Le cratère le plus important sur les trois est l’Arenas, responsable de la tragédie d’Armero. Selon Ingeominas, depuis six siècles, le volcan a présenté au moins trois éruptions majeures causant d’importants dommages matériels et faisant des victimes, une enregistrée en mars 1595, une autre en février 1845 marquée par une coulée de lave et de boue qui fit au moins 1000 victimes, enfin plus récemment la catastrophe de novembre 1985 survenue après une éruption magmatique qui causa la mort de près de 25 000 personnes. Cette catastrophe est la quatrième éruption la plus meurtrière de l’histoire avec son triste bilan humain, mais aussi ses quelque 10 000 personnes qui se sont retrouvées sans-abri. Entre 1986 et 1988 le volcan a émis à plusieurs reprises des émissions de cendres. Durant les années 90 jusqu’au début du XXIe siècle, le Nevado a maintenu son activité. En 1994, entre le mois de mars et avril, il a repris son activité sismique. Depuis octobre 2010 l’observatoire de vulcanologie de Manizales place le volcan en alerte jaune ce qui signifie qu’ils manifestent « des changements dans son comportement ». Depuis le 29 mai 2012, les autorités ont déclenché le niveau orange signifiant « la forte probabilité qu’une éruption dans les prochains jours ou semaines », jusque-là les émissions de cendres ont touché près de 30 municipalités colombiennes. Selon le Système national pour la prévention des risques, il est impossible de prévoir avec exactitude une éruption volcanique cependant à partir de l’activité sismique, les émanations de gaz, et la déformation du cône, l’on peut définir avec certitude les probabilités d’éruption.

L’Unité Nationale pour la Gestion des Risques, ou Unidad Nacional para la Gestión del Riesgo de Desastres, Ungrd, a mis à disposition 1378 refuges temporaires à Caldas, Antioquia, Risaralda et Valle del Cauca, pour accueillir les populations éventuellement contraintes de quitter leur foyer.

Pour rappel, le Nevado del Ruiz est un volcan situé dans la cordillère des Andes, il est l’un un des plus élevés de Colombie et culmine à 5321 mètres d’altitude. Comme son nom l’indique, il est recouvert de glaciers, lesquels entourent le cratère Arenas et sont en phase de régression rapide. Issu d’un volcanisme de subduction, le Nevado del Ruiz a connu de fréquentes éruptions pliniennes au cours de l’Holocène (époque géologique s’étendant sur les 10 000 dernières années).

(Aline Timbert)

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