Colombie : Le site archéologique de San Agustín célèbre le centenaire de sa grande exploration

Depuis le désert de La Tatacoa jusqu’au volcan del Huila, situé dans la cordillère des Andes à une altitude supérieure à 5 000 m (il est le volcan actif le plus haut de Colombie), s’étend le département du Huila qui propose une diversité susceptible de séduire de nombreux touristes, une variété de paysages et de climats sans oublier qu’il est l’unique département colombien à posséder cinq parcs nationaux.

Parmi les autres attraits de la région, le parc archéologique de San Agustín, situé dans la municipalité éponyme, qui présente un important héritage précolombien reflétant la vie sociale et politico-religieuse de la culture augustinienne, société préhispanique du nord des Andes qui connut son apogée du Ier au VIIIe siècle.
Cette civilisation est considérée comme contemporaine aux cultures olmèques, mayas, quimbayas et incas et s’est développée pendant près de 15 siècles (jusqu’à environ 1200 ap. J-C). Selon les recherches, le peuple de San Agustín, a été contraint de quitter ses terres devant des envahisseurs hostiles trouvant refuge vers l’Amazonie et la région de l’Orénoque. Sa disparition est survenue entre 1 300 et 1 400 de notre ère.

colombie10072013-1Le parc archéologique est formé par le musée archéologique de San Agustín, la source de Lavapatas et le Bois aux Statues, lieu en plein air qui abrite 39 statues qui se mêlent à l’imposante végétation de la région. La découverte du parc nécessite 4 heures environ, les visiteurs peuvent contempler d’impressionnantes sculptures funéraires, mais aussi des grandes collections de figures humaines, reptiliennes sans oublier les amphibiens qui sont largement représentés.

Le parc propose quatre parties planes [mesetas] dans lesquelles le public peut découvrir des funérariums (sépultures) monumentaux, des statues en pierre, des tombes et des monticules artificiels.

La source est formée par un dédale impressionnant de canaux et de petits bassins taillés dans le lit de pierre du ruisseau et sur lesquels figurent, en haut-relief, des serpents, des lézards, des salamandres, des iguanes, des caméléons, des grenouilles et des tortues anthropomorphes. Le musée de San Agustín présente un panorama général de l’archéologie augustinienne et offre aux visiteurs un véritable parcours qui leur permet de découvrir des vestiges en rapport avec les différentes sociétés qui ont peuplé la région : objets en pierre et en céramique, des urnes funéraires, des pièces d’orfèvrerie qui faisaient partie de leur vie quotidienne et rituelle.

Pour la société de San Agustín, la source représentait un lieu divin pour les cérémonies religieuses et les bains rituels. Les canaux, les sillons et les puits dans lesquels l’eau s’écoule s’entrecroisent formant ainsi un système complexe qui ne laisse pas s’enfuir la moindre goutte d’eau. La Source de Lavapatas constitue une véritable oeuvre artistique qui témoigne des capacités en technique hydraulique et du haut niveau d’ingénierie des créateurs de cette petite merveille.

2013 est l’occasion de célébrer l’exploration de ce complexe par l’ethnologue allemand Konrad Theodor Preuss en 1913, un scientifique qui a effectué des recherches sur les cultures amérindiennes dans différents pays, il est en fait arrivé dans le sud du département de Huila pour débuter une série de fouilles qui ont permis la mise au jour de pièces figurant dans le parc archéologique.

La célébration de ce centenaire attire toute l’attention de l’Institut colombien d’anthropologie et  d’histoire qui a programmé une série d’événements visant à souligner l’importance que revêtent ces lieux malgré les négligences dont le parc a été longtemps victime faute de moyens financiers « il y a plus de 20 ans aucune fouille n’a été réalisée ni étude par manque de moyens, mais nous savons qu’ici il y a un monde à découvrir concernant notre culture », a déclaré le directeur général de l’ICANH, Fabián Sanabria.

Cet espace archéologique est pourtant considéré comme l’un des plus emblématiques d’Amérique du Sud, il a à ce titre été inscrit en 1995 sur la liste du patrimoine de l’humanité par l’UNESCO, elle constitue la nécropole la plus étendue du pays (pour plus de renseignements http://whc.unesco.org/fr/list/744).

San Agustín se situe dans le bassin du fleuve Magdalena à proximité de la municipalité du même nom, à 520 km de la capitale Bogotá, un lieu qui a pour vocation de devenir l’un des cœurs touristiques les plus importants de ce pays aux multiples visages. Les autorités souhaitent que le parc devienne un lieu de recherche, de restauration et  qu’il puisse proposer un parcours archéologique d’intérêt pour les touristes venus du monde entier.

colombie10072013-3Depuis le XVIIIe siècle, des explorateurs et scientifiques de renom ont mentionné ce complexe archéologique parmi lesquels Francisco José de Caldas et Agustín Codazzi. Durant la première moitié du XXe siècle, plusieurs chercheurs ont réalisé des études dans la zone : l’anthropologue allemand Konrad Theodor Preuss, l’archéologue espagnol José Pérez de Barradas, ainsi que des anthropologues colombiens Gregorio Hernández de Alba, Luis Duque Gómez y Julio Cesar Cubillos. Tous s’accordent à dire que le site a subi différents pillages et destructions, les tombes ont été mises à sac et plusieurs objets dérobés, des faits probablement survenus à la fin du XIXe et début du XXe siècle.

Malgré les programmes et les politiques mis en place pour éviter tout débordement, il semble évident que les pillages se sont poursuivis au XXe siècle, un problème récurrent au sein du complexe. Actuellement le parc s’inscrit dans un contexte social particulier qui se caractérise par la présence de multiples acteurs mobilisés pour sa préservation. Par exemple, des communautés paysannes des environs, les communautés indigènes yanacona, voisines au parc, mais aussi des acteurs du tourisme, s’investissent de façon différente à la protection et à la conservation de ce patrimoine archéologique d’exception en collaboration avec l’ICANH. Des motivations différentes, mais une même envie, protéger ce patrimoine national qui constitue la richesse d’une région et de tout un pays.

« Nous sommes heureux que San Agustín soit une priorité du Ministère de la Culture en ce qui concerne l’investissement en 2013. La ministre a posé ses yeux et son coeur dans le Parc Archéologique et nous sommes heureux de cette victoire… Huila sort victorieux, San Agustín gagne et nous sommes tous gagnants », a déclaré récemment depuis Bogotá la gouverneure de la région Gonzalez Villa.

(Aline Timbert)

2 commentaires

  1. Bravo pour ce jolie article, qui offres une belle image du site archeologique

  2. Pingback : San Agustin en Colombie : l'incroyable site archéologique - Magelia Colombie

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