Les restes fossilisés d’une queue de dinosaure datant de 72 millions d’années ont été mis à jour par une équipe d’archéologues dans le désert de Coahuila, au nord du Mexique (Etat qui partage une longue frontière de 512 km avec l’Etat de Texas aux États-Unis), selon des informations données lundi 22 juillet 2013 par l’institut national d’anthropologie et d’histoire (INAH).
Le squelette mesure 5 m et est extrêmement bien conservé, après 20 jours de travail dans la zone, plus précisément dans la municipalité de General Cepeda, les paléontologues de l’INAH et de l’Université nationale autonome du Mexique ont pu admirer 50 vertèbres en parfait état de conservation reliées les unes aux autres, cette longue queue représente environ la moitié du squelette complet du dinosaure qui devait mesurer une douzaine de mètres.
Les fouilles ont révélé le squelette d’un Hadrosaure ( de la famille des hadrosauridés) c’est-à-dire un dinosaure ornithopode très commun, notamment au Crétacé. À ce jour, près de 70 espèces ont été décrites. Ces dinosaures se caractérisent par un bec large et édenté qui leur a également valu le nom de dinosaures à bec de canard.
Ces dinosaures étaient très répandus en Amérique du Nord et en Amérique du Sud, en Asie (Sibérie occidentale, vallée de l’Amour) et en Europe durant le crétacé supérieur (- 99 à – 65 millions d’années). Les hadrosaures possédaient des membres antérieurs beaucoup plus courts que les postérieurs, très robustes ; pour la marche, ils se servaient de leurs membres antérieurs et postérieurs, mais ils avaient seulement recours à leurs membres postérieurs pour la course, leur longue queue raide servant alors de balancier à leur corps volumineux.
Des études biologiques permettent d’affirmer que ce type de dinosaure herbivore possède entre 50 et 70 vertèbres caudales, par ailleurs d’autres os (de la hanche) ont été retrouvés sur place, la scientifique Felisa Aguilar a tenu à souligner combien cette découverte est importante pour le domaine de la paléontologie mexicaine, car il est très rare de mettre à jour un squelette non démembré. « Pour l’étude biologique du dinosaure, cette découverte est importante, car elle va rendre effective l’étude d’une séquence qui permettra de connaître les caractéristiques des vertèbres. Nous allons pouvoir observer comment elles se différencient en taille en fonction de leur position sur la colonne vertébrale », a affirmé le chercheur Ángel Ramírez Velasco, membre de l’équipe menant à bien ce projet. Il a également souligné que ce squelette permet de voir l’espace où se trouve le cartilage entre les vertèbres, ce qui permettra une meilleure étude de la biomécanique de la queue. Felisa Aguilar a précisé que les paléontologues avaient trouvé à proximité du squelette de la queue d’autres parties osseuses, parmi lesquels les extrémités, il envisage de trouver le reste du squelette sous les fouilles actuelles.
Le squelette a été trouvé par José et Rodolfo López Espinoza au début du mois de mai 2005, en juin 2012 les fouilles ont été soumises à l’institut national d’archéologie d’histoire et après enquête autour de la découverte le procédé d’excavation a été validé par le conseil d’archéologie de l’institut. Les fouilles ont été organisées avec le soutien du gouvernement municipal de General Cepeda, ainsi le maire José Guadalupe Sánchez Rangel, a cédé un local de la mairie afin de dresser un laboratoire d’analyses ou le squelette sera transféré dans les prochaines semaines pour analyse et consolidation.
La paléontologue Felisa Aguilar a précisé à la presse que les fouilles avaient débuté le 2 juillet avec le plus de précautions possible afin de ne pas abîmer les articulations osseuses, pour ce faire les chercheurs doivent ôter la roche sédimentaire des fossiles de façon horizontale, par couches successives.
« À l’origine nous pensions avoir besoin d’une aire de travail d’environ 3 m sur six, mais au fur et à mesure de notre travail nous nous sommes rendu compte pour libérer le squelette il fallait élargir la zone à 4 m sur huit ans suivant l’orientation des restes osseux », a précisé la scientifique.
L’Hadrosaure a été découvert à 15 km de Las Águilas et à 20 km de Rincón Colorado, qui constitue les deux sites paléontologiques les plus importants de Coahuila, ce qui permet de compléter la zone de présence des dinosaures dans la région. La paléontologue est aussi revenue sur l’importance d’analyser le cadre dans lequel évoluait le dinosaure afin de détecter si un événement environnemental pouvait être à l’origine de sa mort, même si tout porte à croire qu’il est mort de causes naturelles.
L’étude approfondie de l’ossature, et surtout la découverte d’autres os dans les semaines à venir, devrait permettre d’identifier la famille à laquelle il appartenait : les lambéosaurinés, qui possédaient des crêtes ou tubes crâniens et étaient en général moins corpulents, et les hadrosaurinés, dénués de crêtes et plus gros.
(Aline Timbert)