La Colombie fait face à une sévère épidémie de dengue, cette maladie tropicale a déjà causé la mort de 129 personnes, un dernier bilan officiel communiqué par le directeur de l’Institut national de santé (INS), Fernando de la Hoz.
Plus de la moitié des habitants de ce pays d’Amérique du Sud vivant à moins de 1 800 m d’altitude au-dessus du niveau de la mer, soit à peu près 26 millions d’individus, se trouvent en situation de risque et peuvent être contaminés par la dengue, une maladie qui a atteint cette année son seuil épidémique. Début novembre, un bilan épidémiologique faisait mention de 110 036 malades pour l’année 2013, dont 3000 patients gravement atteints. Les individus de moins de 15 ans sont souvent les plus sérieusement touchés par ce virus véhiculé par le moustique Aedes aegypti, le principal vecteur de la dengue, « cette catégorie de population a le plus grand risque de mourir dans la dengue », a précisé Fernando de la Hoz.
Ce sont 825 municipalités qui ont été affectées, une centaine plus fortement que les autres « Cali a enregistré le plus grand nombre de malades. Ibagué, Cucutá, Barranquilla, Bucaramanga et Santa Marta sont des zones particulièrement affectées également ».
110 036 malades et 4,7 % de cas mortels
Si l’on compare les chiffres de l’année 2013 à ceux de l’année 2012, on constate une importante augmentation de l’incidence de la dengue dans ce pays, 43 845 cas ont été répertoriés l’année précédente, soit une augmentation de 151 % ! Autre chiffre alarmant, celui de la mortalité liée à cette pathologie, 4,7 % de cas mortels ont été enregistrés, c’est-à-dire le double par rapport à l’année 2010 alors que ce fut pourtant l’épidémie la plus importante depuis 20 ans. En 2010, dans la région des Amériques, 1,6 million de cas ont été signalés, dont 49 000 cas de dengue sévère.
La dengue est une infection virale transmise par les moustiques, ce virus provoque un syndrome de type grippal après un temps d’incubation environ cinq ou dix jours et peut évoluer à l’occasion vers des complications potentiellement mortelles, appelées dengue sévère. La dengue sévère peut-être à l’origine d’une fuite plasmatique, d’une accumulation liquidienne, d’une détresse respiratoire, ou encore d’hémorragies profuses ou d’une insuffisance organique, des complications qui peuvent entrainer une issue fatale en particulier chez les sujets les plus fragiles.
Aujourd’hui aucun traitement spécifique n’existe pour guérir cette maladie, les chercheurs sont toujours en quête d’un vaccin permettant d’éradiquer ce fléau. On estime que, chaque année, 500 000 personnes atteintes de dengue sévère, dont une très forte proportion d’enfants, requièrent une hospitalisation, et qu’environ 2,5% d’entre eux décèdent.
Selon l’Institut national de santé colombienne, cette épidémie qui affecte le pays s’explique par différents facteurs « les deux tiers de l’année ont été marqués par la sécheresse, ajoutez à cela une déficience du système de distribution de l’eau pour la consommation humaine, et cela contraint les familles à stocker de l’eau dans des réserves, ce qui favorise de manière systématique la prolifération du moustique ». Parmi les autres causes évoquées par le spécialiste, une urbanisation constante, le réchauffement climatique global, ou encore les conditions socio-économiques des individus frappés par la maladie.
76% des individus frappés par la dengue sont des habitants du département de Valle, Santander, Tolima, Meta, Norte de Santander, Antioquia et Cundinamarca. La ville de Cali a enregistré à elle seule 17 110 cas. Plusieurs municipalités (environ une centaine) ont été placées en « situation d’alerte ».
Les autorités de santé estiment que les moyens mis en oeuvre pour lutter contre la maladie sont insuffisants, soulignant l’inefficacité du système de surveillance et des guides de sensibilisation censés accroître la vigilance des citoyens.
« C’est une démonstration évidente de l’échec de toutes les politiques de santé publique, et de la mauvaise utilisation des ressources mises à disposition qui, dans certains départements et municipalités, sont administrés de façon clientéliste et politique à l’encontre du bien-être de la population », a expliqué l’épidémiologiste Álvaro Cardona, docteur en santé publique. Il a ajouté qu’il s’agissait « d’une réelle préoccupation qui doit être affrontée avec beaucoup de sérieux ».
La meilleure des préventions consiste en fait à éradiquer les foyers propices à la reproduction des larves de moustiques en évitant de laisser de l’eau stagnante et en fuyant les atmosphères humides au maximum. L’utilisation de répulsifs sur la peau et les vêtements est vivement conseillée de même que l’épandage d’insecticides (fumigations) dans des zones à forte concentration du moustique vecteur de la maladie. Il est également indispensable d’améliorer la participation et la mobilisation des communautés pour une lutte antivectorielle durable.
La dengue sévit sur un mode endémo-épidémique dans les Caraïbes et sur le continent latino-américain, en Océanie, dans les îles du Pacifique Sud et de l’océan Indien, en Asie du Sud et du Sud-est, et, à un moindre degré, dans les pays de l’Afrique intertropicale. On recense plus de 70% de la charge de morbidité en Asie du Sud-Est et dans le Pacifique occidental.
P-S : Communiqué du Ministère des Affaires étrangères français
Dernière mise à jour le: 20 novembre 2013 – Information toujours valide le: 21 novembre 2013
La Colombie connaît actuellement une épidémie de dengue dans l’ensemble des zones chaudes du pays situées en dessous de 1800 m. Cette maladie virale potentiellement grave étant transmise par les piqûres de moustiques, des mesures prophylactiques sont donc fortement recommandées: port de vêtements longs, pulvérisation de produits anti-moustiques sur la peau et sur les vêtements, diffuseurs électriques, utilisation de moustiquaires, et élimination de tout foyer propice au développement de larves (eau stagnante).
(Aline Timbert)