Le vice-président de Bolivie Álvaro García Linera, qui assure actuellement la présidence par intérim (le chef de l’État, Evo Morales, est en déplacement à La Havane pour assister au sommet de la Celac), a déclaré, le 27 janvier, « l’état d’urgence nationale » en raison des fortes pluies qui s’abattent sur le pays.
« En raison des impacts climatologiques, le Conseil national pour la réduction des catastrophes et désastres naturels a émis une recommandation au Cabinet. Nous nous sommes réunis en urgence et avons publié le décret suprême 1878 qui établit et valide l’urgence nationale », a déclaré Álvaro García Linera.
La Bolivie compte à l’heure actuelle 21 000 familles sinistrées et déplore 10 victimes, toutes décédées lors d’un glissement de terrain survenu dans un village amazonien de Rurrenabaque. La mise en place de l’état d’urgence, approuvée par les ministres, doit permettre la levée de fonds d’urgence destinée à venir en aide aux personnes frappées par ces intempéries. Selon le vice-président, 80 municipalités sur 339 affrontent des crues, des inondations, des chutes de grêle, et des éboulements, les conséquences directes des pluies diluviennes qui touchent ce pays d’Amérique du Sud depuis plusieurs semaines, un phénomène malheureusement coutumier en cette période de l’année.
43 morts sont à déplorer et l’on dénombre des milliers de sinistrés
La saison des pluies s’étend généralement de la fin septembre à la fin février, jusqu’à présent les intempéries ont fait 43 morts.
Avec l’état d’urgence nationale, les municipalités et régions vont obtenir une aide financière permettant d’apporter un soutien concret aux sinistrés qui ont vu leurs foyers partiellement ou totalement détruits. Une mesure qui permet au pouvoir exécutif, aux autorités départementales et régionales, mais aussi aux municipalités de disposer de moyens économiques non inclus dans leur budget initial, un moyen de financer la distribution de nourriture et autres aides de première nécessité aux personnes démunies touchées par le phénomène.
La décision est intervenue dans les plus hautes sphères de l’État peu après que des secouristes aient récupéré le corps de six personnes ensevelies sous une coulée de boue, samedi, à Rurrenabaque, un glissement de terrain qui a finalement coûté la vie à 10 personnes.
Le maire de Rurrenabaque (département de Beni), Yerko Nunez, a déclaré que la catastrophe a eu lieu samedi, un glissement de terrain s’est en effet produit après plusieurs heures de pluie ravageant ainsi quatre maisons.
La localité de Rurrenabaque, qui signifie en langue indigène tacana « mare aux canards » est l’une des principales destinations touristiques en Bolivie, les visiteurs apprécient ce lieu d’exception situé à la limite des Andes et de la forêt amazonienne non loin du parc national Madidi englobant un territoire d’environ 18 957 km².
Les secouristes ont d’ores et déjà distribué près de 9 tonnes d’aliments, d’eau potable et de médicaments dans les zones les plus touchées, à savoir les départements de La Paz, Cochabamba, Beni et Chuquisaca.
Par ailleurs, l’Organisation des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) a signalé, il y a quelques jours, que les pluies étaient susceptibles d’affecter la production agricole, ce qui pourrait avoir comme conséquence une hausse des prix des aliments sur le marché interne.
« Nous savons comment fonctionne le marché agricole, et s’il a des problèmes d’offre il pourrait y avoir des altérations dans le prix des aliments, c’est un point que nous connaissons, l’économie agricole est sujette à ce phénomène », a affirmé le représentant de la FAO en Bolivie, Crispim Moreira. Ce sont les habitants à faibles revenus qui risquent d’être frappés par cette hausse des prix. Cependant, le responsable a mentionné que les institutions publiques pouvaient œuvrer pour faire en sorte que cela n’impacte pacte pas les consommateurs en adoptant des politiques agricoles efficaces.
Avant cette mise en garde, le vice-ministre au Développement rural , Víctor Hugo Vásquez, a informé qu’il y avait 3807 familles et 2177 hectares de terres affectées dans le secteur agro-pécuaire en raison des fortes précipitations. Il a tenu à se montrer rassurant en affirmant que ces pertes n’auraient aucune incidence sur l’approvisionnement ni sur les prix sur le marché national, elles représenteraient selon lui seulement 0,04 % des 3,3 millions d’hectares cultivables.
(Aline Timbert)