Les groupes d’autodéfense, qui ont pris les armes dans l’État mexicain de Michoacán pour se protéger du cartel de la drogue « Los Caballeros Templarios », ont fait leur entrée, samedi 8 février, dans la ville d’Apatzingán (environ 100 000 habitants) accompagnés de la police fédérale et de l’armée.
Désormais encadrées par les autorités, ces milices composées de civils appartenant aux communautés locales poursuivent le combat contre le crime organisé, en toute légalité, au sein de « groupes de défense ruraux » (Cuerpos de Defensa Rural), en effet elles jouissent de la reconnaissance de l’État depuis le début du mois. Ces milices ont vu le jour pour répondre à l’incapacité des services de l’ordre et de l’État à répondre aux besoins sécuritaires d’une population aux prises avec les narcotrafiquants qui imposent la terreur dans la région. Depuis quelques jours elles agissent donc dans un cadre légal, les civils qui s’engagent dans les groupes de défense doivent de fait s’inscrire auprès du ministère de la Défense et déclarer leurs armes en toute transparence.
Les milices d’autodéfense, qui réunissent à l’heure actuelle près de 20 000 membres, selon leurs propres chiffres, ont enregistré volontairement des armes comme des AK-47 ou des R-15N, c’est ce qu’a confié Estanislao Beltrán, porte-parole des milices du Michoacán.
Depuis fin janvier les milices agissent légalement dans le cadre des « groupes de défense ruraux »
Apatzingán est une municipalité frappée de plein fouet par la violence, un climat nauséabond imposé par le cartel des « Chevaliers du Temple ». A son arrivée dans la ville, le chef de cette milice communautaire de La Ruana, Hipólito Mora, a d’ailleurs déclaré « il était nécessaire de faire notre entrée à Apatzingán, le coeur de toute la région, et nous savons l’importance de ce lieu pour le crime organisé. Nous ne pouvions plus attendre, car de nombreuses personnes sont en danger ». Il s’agit d’un lieu stratégique pour les groupes d’autodéfense, car lors de leur première tentative de reprise de contrôle, le 11 janvier dernier, ils ont perdu l’un des leurs et enregistré de nombreux blessés, l’une des atteintes à la sécurité les plus importantes jamais enregistrées dans le Michoacán.
Ces groupes communautaires de défense ont pris position dans de nombreuses localités, ce qui a contraint le gouvernement du président Enrique Peña Nieto à déployer les forces fédérales et de nommer un commissaire fédéral de sécurité de Michoacán. L’objectif de ces groupes d’autodéfense est clair, il s’agit d’expulser le cartel des Chevaliers du Temple qui s’est implanté dans la région pour contrôler un important point de passage de la route de la drogue vers les États-Unis, une prise de pouvoir qui a eu des conséquences dramatiques et qui a conduit à de nombreuses exactions.
Depuis la fin 2013 les groupes d’autodéfense se sont multipliés, en particulier dans les zones rurales du Mexique, avec pour seul but d’éradiquer le crime organisé et de pallier les failles du système en vigueur, les forces de l’ordre et les autorités montrant leur incapacité à rétablir la sécurité.
Les groupes d’autodéfense, en coordination avec les corps fédéraux, sont parvenus à arrêter ce week-end Antonio Magaña Pantoja, le supposé cousin du leader du cartel, Enrique Plancarte. Un individu soupçonné d’être « directement associé à la distribution de drogues et au recours à l’extorsion pour un groupe du crime organisé qui opère dans la région ». Dans la localité de El Carrizo, les forces fédérales ont interpellé Noé Camacho Rivera, intégrant présumé du groupe criminel et présumé responsables de divers homicides. Il était armé au moment de son arrestation et portait sur lui de la drogue. 10 autres individus ont été interpellés, ils sont soupçonnés d’être directement liés aux activités clandestines du cartel.
« Los Caballeros Templarios » est un cartel qui a fait son apparition en 2011, il doit son existence à une scission du cartel appelé « la Familia Michoacana » et il est soupçonné d’être l’un des principaux fournisseurs du marché nord-américain en matière de drogues naturelles et synthétiques. Les membres de cette bande criminelle sont également accusés d’extorsion, d’enlèvements et d’homicides.
Ce sont les règlements de comptes entre les groupes d’autodéfense et narcotrafiquants qui ont enfin poussé le gouvernement fédéral mexicain à déployer en masse des forces de police et l’armée dans la région. Ce coup de filet a d’ores et déjà permis de capturer Dionicio Loya Plancarte surnommé « El Tío », l’un des principaux leaders de cette organisation crapuleuse.
Le secrétariat d’État et le gouvernement de Michoacán ont conclu un accord en janvier pour renforcer la sécurité dans la région et désarmer les groupes d’autodéfense. Les civils ont alors signalé qu’ils remettraient les armes lorsque les autorités auront arrêté l’ensemble des leaders du cartel et ils ont ainsi offert leur coopération afin d’y parvenir. C’est à partir de là que sont nés les « groupes de défense ruraux » qui agissent dorénavant de façon encadrée et légitime. L’accord ne comprend que les milices de huit communautés sans que celles qui ont initié le mouvement ne soient intégrées.
En 2013, plus de 60 cadavres ont été découverts dans des fosses clandestines dans la région de Michoacán.
Enrique Peña Nieto investit 2,5 millions pour le développement de la région de Michoacán
Outre la traque menée à l’encontre des trafiquants, le chef de l’État mexicain, Enrique Peña Nieto, a annoncé, mardi 4 février, qu’il consacrerait un budget de 2,5 millions d’euros pour la région de Michoacán en 2014, via un plan spécifique dont l’objectif est de « récupérer de bonnes conditions de sécurité et favoriser le développement » de cet État gangrené par la violence des affrontements entre groupes civils armés et narcotrafiquants.
Pendant sa visite dans la ville de Morelia, le président de la République a rendu hommage aux forces fédérales qui ont été capables de prendre le contrôle de la plus grande partie des municipalités de la région tout en se soulignant que le déploiement de forces de l’ordre durera le temps nécessaire. Il a promis de visiter au moins à 12 occasions l’État de Michoacán pendant l’année 2014 et a mis sur pied un plan de 150 actions divisées en cinq axes principaux : l’économie de la famille et l’emploi, l’éducation et la culture pour la prospérité, les infrastructures modernes et l’habitat, la santé et la sécurité sociale, et enfin le développement social et développement durable.
Il s’agira donc d’améliorer les conditions de vie de la population de cette région à tous les niveaux parallèlement à l’instauration d’un climat de paix.
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