Tabaré Vázquez, un médecin oncologue de 74 ans, a remporté le second tour des élections présidentielles, hier dimanche 30 novembre 2014, en Uruguay. Il sera le nouveau président de ce pays sud-américain pour une durée de cinq ans à partir du 1er mars et succède au très populaire et charismatique président en place, José Mujica. Le candidat, successeur du président sortant du parti Frente Amplio, a déjà occupé les fonctions présidentielles entre 2000 et 2005, il a obtenu 52,8 % des suffrages face à son rival de droite du Partido Nacional, Lacalle Pou, qui a remporté 40,5 % des votes.
Lors de son premier mandat, Tabaré Vázquez avait renforcé les politiques sociales en faveur des plus défavorisés, mais n’était pas parvenu à de grands changements politiques ni même économiques, lorsqu’il a quitté le pouvoir, il bénéficiait alors d’un taux de popularité de 70 %. Lors du premier tour qui s’est tenu le 26 octobre dernier, Vázquez avait récolté 48 % des bulletins de votes, ce qui laissait peu de suspense quant à l’issue du second tour. Le candidat du parti au pouvoir a promis de poursuivre les programmes sociaux développés lors des deux précédents mandats du Frente Amplio.
De son côté, l’opposant au candidat réélu, Lacalle Pou a reconnu sa défaite lors d’une conférence de presse organisée quelques minutes seulement après la divulgation des premiers sondages « il y a quelques minutes, j’ai appelé le docteur Tabaré Vázquez pour le féliciter et reconnaître sa victoire légitime lors de ce processus électoral ».
Le triomphe du parti au pouvoir est total puisqu’il obtient la majorité au Sénat lors de ces élections générales, et c’est le colistier de Tabaré Vázquez, Raúl Sendic, qui accède à la vice-présidence.
Ce sont 2,6 millions uruguayens qui ont été appelés aux urnes, une nouvelle élection qui permet de conforter la gauche au pouvoir, le candidat élu entre dans l’histoire puisqu’il est seulement le troisième à occuper pour la deuxième fois les fonctions présidentielles, sans compter qu’il a été le candidat le plus plébiscité depuis 70 ans en nombre de votants.
Depuis que le second tour électoral a été instauré en Uruguay en 1996, c’est la première fois qu’il y à une aussi grosse différence de points (12,5) entre les candidats, jusqu’à dimanche, l’organisation d’un second tour a été nécessaire à deux reprises.
Tabaré Vázquez, après l’annonce de sa victoire, a remercié les électeurs pour leur confiance en déclarant « ceci est le fruit de la crédibilité du nouveau Frente Amplio, de ses propositions et de ses convictions. Une proposition de programme que nous avons élaboré et diffusé via un dialogue enrichissant avec la société uruguayenne ». Il a ajouté que lors de son discours « au-delà des clivages et des candidatures partisanes, aujourd’hui c’est l’Uruguay qui a gagné et c’est ce qui nous unit et nous identifie ».
Avec cette nouvelle victoire, le parti Frente Amplio fondé en 1971 par le général Líber Seregni, occupera pour la troisième fois consécutive le pouvoir. Le futur mandataire s’est engagé à ne pas décevoir et à faire son maximum pour travailler « chaque jour » afin que « les Uruguayens puissent mieux vivre chaque jour ».
Raúl Sendic, 52 ans, a de son côté affirmé que le gouvernement aurait « deux défis énormes » à relever durant le à savoir les thèmes de l’éducation et des infrastructures. Le président sortant José Mujica, 79 ans, qui quitte le pouvoir avec un indice de confiance de 65 % a affirmé sa volonté d’être la pièce maîtresse des accords internes au sein de la coalition au pouvoir qui regroupe une douzaine de partis parmi lesquels les socialistes, les communistes et les marxistes.
« Aujourd’hui les Urugayens ont de nouveau dit oui à plus de libertés, plus de droits, plus de démocratie et de citoyenneté, en progressant comme société de nouvelles attentes et de nouveau défis nous guettent, je ne peux et je ne veux pas travailler tout seul, je veux compter sur tout les Uruguayens afin qu’ils m’accompagnent… » a affirmé Tabaré Vázquez devant des milliers d’Uruguayens venus célébrer la victoire à Montevideo et brandissant des drapeaux rouges, bleus et blancs, les couleurs du parti victorieux.
Lorsque Tabaré a rempli son premier mandat présidentiel, le taux de pauvreté en Uruguay était de 40 %, aujourd’hui celui-ci est tombé à 10 %, quant au chômage il est passé de 22 % en 2002 à 6,9 % en 2013.
L’inflation n’a pas excédé les 10 % et les exportations ont augmenté de 350 %, la mortalité infantile a baissé de 12,2 % à 8,6 %. La production d’énergie renouvelable non conventionnelle (à l’exception de l’énergie hydraulique ) est passée de zéro en 2004 à 30 % en 2014, ce qui va permettre d’alléger les factures d’électricité, le pays aspire par ailleurs être le leader de l’énergie éolienne au monde.
Ces élections ferment un cercle électoral en Amérique du Sud où la gauche est sortie triomphante, tout d’abord avec la réélection du président bolivien, Evo Morales puis avec celle de la présidente brésilienne Dilma Rousseff récemment confortée à la tête du pays.
(Aline Timbert)