Ce sont les vestiges d’une cité perdue au Honduras qui ont été identifiés pour la toute première fois au mois de mai 2012 lors d’une reconnaissance aérienne sur cette zone très vaste de La Mosquitia.
« Pendant 100 ans, des explorateurs et des chercheurs d’or ont parlé des murs blancs d’une cité perdue qui pouvaient être vus au-dessus du feuillage de la selva. Des mythes indigènes évoquent une maison blanche ou encore un lieu en cacao où les natifs se sont réfugiés à l’arrivée des conquistadors espagnols, une sorte d’Éden spirituel, le paradis dont on ne revient pas » déclarait au printemps dernier Virgilio Paredes, le mythe de la Cité blanche était alors relancé avec la révélation d’un site archéologique d’exception dissimulé par une végétation abondante au grand public.
Le directeur de l’Institut hondurien d’anthropologie et d’histoire, Virgilio Paredes, précisait il y a quelques mois : « Nous sommes en train de parler d’un lieu qui, nous avons pu le constater, n’a pas été visité par un être humain depuis 600 ans. C’est un lieu où les spécialistes de cet environnement luxuriant ignoraient qu’un site aussi préservé pouvait exister. On a pu constater la réaction des singes lorsqu’ils nous ont aperçus, ils n’avaient jamais vu un être humain auparavant ».
Après l’annonce de cette découverte exceptionnelle au mois de mars dernier, un groupe d’archéologues vient de se rendre sur place, dans le secteur de la Mosquitia dénommé T1, à l’est du pays, en compagnie de président de la République et d’officiels, pour extraire les premières pièces de cette zone afin de procéder à des recherches scientifiques. Il s’agit de 52 vestiges ancestraux qui vont faire l’objet de toutes les attentions, une étude minutieuse qui devrait permettre de valider ou non leur appartenance à la légendaire « Cité Blanche » actuellement baptisée « Ville du jaguar ». Un laboratoire a été installé à l’aérodrome de El Aguacate dans la municipalité de Catacamas, dans le département d’Olancho.
Le Chef de l’État a affirmé « le mythe commence à prendre forme, l’histoire de la Cité Blanche qui, durant de nombreuses années, a alimenté les récits des habitants de cette zone commence à devenir réelle ». D’après les recherches préliminaires effectuées par des images laser en trois dimensions, la zone de découverte comprend les vestiges d’au moins trois centres urbains ayant appartenu à une civilisation jusque-là inconnue.
El presidente Hernández, encabezará este martes la primera expedición de exploración a Ciudad Blanca del año 2016 pic.twitter.com/rEFEh9bAXC
— IHAH (@ihah_hn) January 11, 2016
Alors qu’il a dévoilé un vase rituel, le président hondurien a ajouté devant près de 200 personnes « Dieu nous a bénis en nous faisant vivre ce moment si spécial dans l’histoire du Honduras, mais aussi pour de nombreux amoureux de l’archéologie. Nous vivons un moment de grande attente pour le Honduras, mais aussi pour le monde ».
Dans un communiqué, le gouvernement a déclaré que le projet Jaguar « ne consiste pas seulement à déterrer des villes anciennes dans la forêt tropicale, mais aussi de comprendre et de préserver l’environnement écologique et percer les mystères de cette civilisation, ce qui implique l’étude anthropologique des peuples qui ont vécu là ».
Archaeologists have begun their excavation of a lost civilization in the remote Mosquitia region of Honduras: https://t.co/CoIURlzluv
— National Geographic (@NatGeo) January 12, 2016
Le représentant du prestigieux National Geographic, l’archéologue Chris Fisher, a précisé durant l’acte que le vase en question devait dater de 1000 à 1500 après Jésus-Christ, il a par ailleurs remercié Juan Orlando Hernández d’avoir donné l’opportunité au National Geographic de faire des recherches sur cette zone, ce qui a permis d’informer un très large public sur le caractère majeur de cette mise au jour.
Honduran officials—including the president—are exploring this mysterious "lost" city in their country: https://t.co/XabAbHJsZ1
— National Geographic (@NatGeo) January 12, 2016
Le ministre Reinaldo Sánchez a affirmé « quelque chose de nouveau a été découvert et a attiré l’attention de l’Amérique Centrale et du monde entier », ce dernier a également lancé un appel pour que cesse la déforestation dans la zone.
Cette nouvelle cité se situe à environ 600 kilomètres du département Copán, dans l’extrême occident du pays où s’est développée la civilisation maya qui s’étendait jusqu’au sud du Mexique et sur les actuels territoires du Belice, Guatemala et du Salvador entre les années 200 avant Jesus-Christ et 950 de notre ère. Des forces de l’armée sont déployées pour protéger ces lieux de toute forme de destruction ou de pillage sachant que de nombreux narcotrafiquants opèrent dans la région.
Le directeur de l’INAH, Virgilio Paredes a déclaré que la Cité Blanche pourrait être quatre fois plus grande que la zone archéologique de Copan, un site du patrimoine mondial qui détient la sculpture la plus spectaculaire de la civilisation maya dans l’ouest du Honduras.
Virgilio Paredes avait confié en interview au mois de mars que la localisation du site au coeur d’une nature quasiment impénétrable le protégeait de toute intrusion « Il est impossible d’arriver sur ce site. Vous pouvez pénétrer la région et ne pas le trouver. Les forces armées du Honduras contrôlent l’espace aérien, si quelqu’un essaie de pénétrer avec un hélicoptère, c’est impossible, il sera détecté. La nature même protège la zone et les forces aériennes feront également ».
Selon le National Geographic, cette découverte pourrait être la plus importante du début du XXIe siècle. Depuis le début du XXe siècle, différentes expéditions ont eu pour but de mettre à jour la Ciudad Blanca (Caha Kamasa en idome misquito). L’explorateur Theodore Morde fut l’un d’eux en 1940 avec l’aval du National Museum of the American Indian).