Décidément le moustique Aedes aegypti est à l’origine de bien des turbulences en Amérique du Sud, vecteur de différentes maladies, son éradication est devenue une priorité et le contrôle de la propagation du virus Zika est devenue « une urgence sanitaire mondiale » depuis le début du mois de février comme l’a annoncé l’OMS.
Si le virus Zika fraîchement débarqué en Amérique (en 2014, un premier cas de maladie a été relevé sur l’île de Pâques, et le virus a fini par atteindre le continent ) constitue une source de préoccupation majeure pour les femmes enceintes en raison de l’impact qu’il peut causer sur les fœtus (une augmentation troublante des cas de microcéphalies à la naissance semble liée à la contraction de la maladie pendant la grossesse), des maladies comme la dengue et le chikungunya également transmises par le moustique Aedes aegypti, restent tout aussi préoccupantes, si ce n’est plus, en raison de symptômes plus violents et parfois mortels qu’ils engendrent. Rappelons qu’à ce jour, aucun cas de décès par virus Zika dans le monde n’a été répertorié par l’organisme américain de surveillance et prévention des maladies (CDC).
L’OMS a recommandé dans son dernier bulletin d’alerte épidémiologique sur le virus Zika d’établir des mécanismes de détection et de confirmation des cas avant « l’augmentation des anomalies congénitales, le syndrome de Guillain-Barré et d’autres manifestations auto-immunes dans des zones où circule le virus ».
Cependant, seulement un adulte sur cinq infecté par le virus Zika développe des symptômes, et quand ils se manifestent, ils sont généralement bénins : fièvre modérée, apathie, des maux de tête, des douleurs musculaires et articulaires. Le virus peut également donner une conjonctivite, un gonflement des mains et des pieds, ou encore des jambes, une éruption cutanée.
¿Qué cuidados deben tener quienes viajen a zonas con circulación de #zika? Más info: https://t.co/FV9i94e6r4 pic.twitter.com/1ADLorla7G
— Ministerio de Salud de la Nación (@msalnacion) February 9, 2016
Alors que Zika est devenue la terreur des femmes en âge de procréer, en Argentine, le nombre de personnes contaminées par la dengue ne fait qu’augmenter, depuis fin janvier les autorités argentines parlent « d’épidémie » en ce qui concerne la dengue sur le territoire. Le ministre de la Santé, Jorge Lemus, a parlé fin janvier d’une situation « préoccupante » avec des cas de dengue dans quasi toutes les provinces du nord et du centre du pays, mais aussi des malades enregistrés à Buenos Aires : « Nous sommes face à une situation préoccupante, parce qu’il y a une épidémie majeure dans les pays voisins, dans une zone couvrant l’est du Paraguay et les États brésiliens du Parana et du Mato Grosso, le tout avec une dengue de sérotype 1 », a affirmé le ministre à la presse.
¿Cuáles son las medidas para evitar la proliferación de mosquitos? #zika #dengue #chikungunya pic.twitter.com/Z55T9QqQ0H
— Ministerio de Salud de la Nación (@msalnacion) February 9, 2016
Les fortes pluies qui accablent certaines régions d’Argentine en raison d’El Niño ne font qu’accroître l’inquiétude, l’humidité et la chaleur favorisant la reproduction des moustiques, toute accumulation d’eau s’avère risquée, c’est le cas des points d’eau stagnante qui doivent être éliminés pour éviter toute infestation ou bien être traités par fumigation. Mais la fumigation devient inefficace sous la pluie, sans compter que le moustique présente des résistances à certains produits chimiques.
¿Sabías que el bebedero de tu mascota puede ser un criadero de mosquitos? #dengue #zika #chikungunya pic.twitter.com/hS5UUNyNUt
— Ministerio de Salud de la Nación (@msalnacion) February 5, 2016
Le directeur national d’épidémiologie du ministère de la Santé, Jorge San Juan a dit que dans le nord, il y a eu d’importantes intempéries au cours des dernières semaines, et que l’accumulation d’eau constitue un problème, car cela pourrait engendrer une plus forte reproduction du moustique incriminé.
Lors d’une interview accordée à Radio 10, San Juan a expliqué que le ministre de la Santé s’est entretenu avec ses homologues durant une réunion du Mercosur qui a eu lieu en Uruguay la semaine dernière en affirmant que les niveaux d’alerte seraient élevés si l’épidémie venait à augmenter. « Il pourrait y avoir une sorte de résistance aux insecticides du fait que le moustique, comme tous les êtres vivants, essaie de résister et de survivre », a affirmé lundi le membre du gouvernement du chef de l’état Mauricio Macri.
Jorge Lemus a rappelé que la fumigation est un procédé complémentaire permettant d’attaquer le moustique adulte, mais cela ne tue pas les oeufs ni même les larves. Certains envisagent donc de nouvelles méthodes plus naturelles pour venir à bout de l’indésirable en question et ont recours à des grenouilles et des crapauds pour effectuer un nettoyage digne de ce nom, une alternative aux insecticides !
Le ministre de la Santé argentin a aussi lancé la campagne de sensibilisation « vivons libérés des moustiques », des conseils sont prodigués pour éviter la propagation de la maladie infectieuse.
Tarik Jasarevic, porte-parole de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a affirmé à la BBC depuis Genève il y a peu, « Le Zika n’est pas plus dangereux que la dengue. La dengue est beaucoup plus dangereuse pour l’homme que le virus Zika ».
La dengue produit des symptômes pseudo-grippaux tels qu’une fièvre élevée, des maux de tête graves, des douleurs musculaires, des nausées et des vomissements, et si elle évolue mal, elle peut devenir mortelle. Après un temps d’incubation environ cinq à dix jours, les premiers symptômes se manifestent et peuvent évoluer dans certains cas vers des complications potentiellement mortelles, appelées dengue sévère. La dengue sévère peut-être à l’origine d’une fuite plasmatique, d’une accumulation liquidienne, d’une détresse respiratoire, ou encore d’hémorragies profuses ou d’une insuffisance organique, des complications qui peuvent être à l’origine d’une issue fatale en particulier chez les sujets les plus fragiles.