Après le déversement de pétrole en pleine forêt amazonienne, suite à deux accidents survenus sur l’oléoduc Norperuano visiblement mal entretenu, le premier le 25 janvier et le second le 3 février, le gouvernement a décrété dimanche 28 février l’état d’urgence pour 60 jours, elle concerne 16 communautés impactées par ce désastre écologique.
Au début du mois de février, le président de la République, Ollanta Humala, avait déclaré l’urgence sanitaire en rapport avec la qualité des cours d’eau touchés par la fuite qui alimentent les populations locales dans le district d’Imaza (23 000 habitants) et dans le district de Morona (9 000 habitants). Selon les premières investigations, les installations de pipeline n’étaient pas assez entretenues ce qui a conduit à cette catastrophe, le déversement causé par Petroperu a été sanctionné par une amende de 3,6 millions de dollars imposée par l’Agence de surveillance pour l’investissement dans l’énergie et des mines (Osinergmin), il sont accusés d’avoir enfreint le programme de maintenance appelé pipeline Norperuano, qui transporte le brut jusqu’à la région côtière de Piura.
La municipalité provinciale de datem Maranon et la municipalité de district de Morona, en coordination avec d’autres organismes gouvernementaux, mettront en œuvre des actions de réhabilitation dans la zone touchée. Ces opérations de nettoyage seront financées par le budget institutionnel des entités impliquées, précise le décret.
Le ministre de l’Environnement péruvien Manuel Pulgar-Vidal, a récemment averti que la société d’État pourrait également être condamnée à une amende de 60 millions de soles (environ 17,2 millions de dollars) pour les dommages environnementaux causés dans cette région du Pérou.
Bathing in Crude: Villages Sick After Oil Spill – excellent field report by @Barbara_Fraser https://t.co/gx6VKXGw6r pic.twitter.com/JY4x0LriqU
— Andrew E. Miller (@AmazonMiller) February 25, 2016
L’Association interethnique pour le développement de la forêt péruvienne a rapporté la semaine dernière que depuis 2010, 11 déversements de pétrole se sont produits en Amazonie. En guise de protestation, des dizaines de manifestants se sont rassemblés devant les installations de PetroPeru à Lima.
Il y a 5 jours, le président de l’Organisation centrale des Communautés Aguarunas de Marañón Alto, Luciana Dekentai, a averti que les autorités centrales tardaient trop dans l’envoi de vivres aux communautés touchées, qui souffrent également du manque d’eau potable.
Awajún communities in northern #Peru suffer effects of oil pipeline spill. https://t.co/8LlfdKBu02 @indiancountry pic.twitter.com/lzWjQPbDy1
— Barbara Fraser (@Barbara_Fraser) February 25, 2016
À Madariaga, dans la région du Loreto, la plus grande incertitude règne. Depuis le 3 février, date à laquelle l’équivalent d’un millier de barils de pétrole s’est déversé au niveau du kilomètre 206 de la branche nord de l’oléoduc Norperuano, la centaine de familles de cette communauté autochtone ignore l’impact réel de l’accident et leurs conséquences sur leur la santé, l’eau et la terre (leurs principaux moyens de subsistance).
Elias Wasum Huachapa, « apu » de la communauté Madariaga, a révélé au quotidien péruvien El Comercio qu’une cinquantaine de personnes de sa communauté ont procédé à des tâches de nettoyage sans précaution particulière malgré les risques, des actions menées par la force des choses. « Nous savons que ce travail peut affecter notre santé, mais avec l’argent qu’ils nous paient [150 soles par jour] nous pouvons soutenir nos familles », a-t-il ajouté.
Le président de l’Organisation régionale des peuples autochtones de la région nord-amazonienne du Pérou (ORPIAN-P), Edwin Monténégro, a déclaré que les déversements ont tragiquement été dispersés par des pluies qui se sont abattues le 10 février, ce qui a aggravé la situation des habitants de Chiriaco, Saramiriza et Condorcanqui, outre Umukai, Puerto Pakui, Curve, Inayo, Pakun, Nazareth et Wachapea.
« Nous sommes allés sur place et tout est horrible, comment une telle chose a-t-elle pu se produire, à Puerto Pakui les gens sont paniqués, ne savent pas où nager, où prendre l’eau à Nazareth, le pétrole a détruit les petites exploitations. Aujourd’hui, ces cultures ne servent à rien, et ces terres ne pourront être plus cultivées pendant des années. Qui va répondre de cela ? », a déploré le responsable de ORPIAN.
L’état d’urgence décrété a pour but d’apporter une aide concrète aux communautés du district Morona pour faire face à la catastrophe qui a pollué les eaux de la rivière Chiriaco et ses plantations de cacao, cela induit une aide humanitaire et le nettoyage de la zone contaminée. 376 assistances médicales ont été dépêchées pour soutenir les communautés touchées par les déversements de pétrole dans les régions d’Amazonas et de Loreto.
Le gouverneur régional de Loreto, Fernando Meléndez, a affirmé que la fuite de pétrole à Dátem del Marañón est à l’origine « d’une hécatombe environnementale » et a directement accusé Petroperú de ne pas avoir fait son travail sérieusement en dépit de l’impact que des négligences de la sorte peuvent avoir sur la faune, la flore, et bien sûr les individus résidant dans les zones de sinistre.
Comunidades awajún sufren impactos de derrame de petróleo en #Peru. https://t.co/8LlfdKBu02 @indiancountry pic.twitter.com/EBT7sIZqAn
— Barbara Fraser (@Barbara_Fraser) February 25, 2016
Quelle vision d’horreur, comment peut t’on polluer de la sorte ?