Près d’un million de Cubains est impacté par la sécheresse prolongée qui s’abat sur l’île des Caraïbes depuis la fin 2014, un chiffre donné par les autorités lundi. Le manque de pluie a conduit à la sécheresse la plus marquée depuis 115 ans, et fait qu’actuellement « environ 70 000 personnes » sont alimentées au quotidien en eau par des camions-citernes à Santiago de Cuba, des déclarations faites par Abel Salas, vice-président de l’Institut national des ressources hydrauliques (INRH).
Santiago de Cuba, à l’extrémité orientale, est la province la plus touchée par la sécheresse. Le nombre de personnes concernées par cette forme d’alimentation en eau est de l’ordre de 9 % de la population (qui compte 11,2 millions d’habitants).
L’île fait face à des températures élevées toute l’année et est marquée par deux saisons : la saison des pluies de mai à octobre, et la saison sèche de novembre à avril. Le manque de pluie pendant près de deux ans a conduit à l’assèchement des réserves d’eau souterraines, comme la principale source d’approvisionnement dans la province de Ciego de Avila, situé à environ 430 kilomètres à l’est de La Havane.
Especialistas advierten sobre considerable aumento de la sequía en #Cuba | https://t.co/XNKu7EDDv6 pic.twitter.com/WSqnWrIyCo
— teleSUR TV (@teleSURtv) April 22, 2016
Bien que les prévisions concernant les précipitations pour le mois à venir soient plutôt optimistes, Salas a déclaré au quotidien officiel Granma qu’il fallait plus que jamais « promouvoir l’utilisation rationnelle et économique de l’eau ». Le manque de précipitations affecte la plupart des 260 réservoirs repartis sur l’île, principalement à Santiago de Cuba, et a des conséquences négatives sur l’agriculture et l’industrie, ainsi que sur l’approvisionnement en eau des ménages.
Parmi les normes appliquées pour réduire les effets de la pénurie d’eau, le fonctionnaire a cité la lutte contre la déperdition d’eau, 58 % de l’eau pompée a longtemps été perdue en raison de fuites, il s’agit donc de renforcer et de réhabiliter le réseau d’approvisionnement.
Sigue la sequía en Cuba pese a aumento de las lluvias https://t.co/gyZbGJz4pZ #Cuba | Agencias
A pesar de las llu… pic.twitter.com/PJcNvfhism
— Ripple News (@InfoXrpevent) January 22, 2016
Salas a mentionné que, parmi les provinces les plus touchées, on retrouve Santiago de Cuba, Holguin, Guantanamo, Granma et Tunas toute la région Orientale.
Le premier vice-Premier INRH a exhorté à prendre conscience de ces pertes, d’abord au sein des organismes d’État afin que leurs systèmes et processus de production soient plus efficaces dans l’utilisation rationnelle de l’eau.
Le réseau endommagé et obsolète a fait que ces dernières années, 58 % de l’eau pompée s’est échappée, aujourd’hui ce chiffre a été réduit à 45 % selon l’agence qui contrôle le service d’approvisionnement. Parmi les mesures visant à réduire l’impact du phénomène, en particulier dans les provinces les plus durement touchées, les cycles d’approvisionnement ont été allongés, cette mesure est associée à la construction de nouveaux ouvrages et la mise en œuvre du programme pour la suppression des fuites.
La sécheresse de l’an dernier, considéré par les experts comme « grave et extrême », est la plus importante de ces dernières années et affecte 75 % du territoire cubain, selon une étude du Centro del Clima del Instituto de Meteorología de Cuba. Tomas Gutierrez, spécialiste de l’Institut de météorologie, a informé l’automne dernier que Cuba est déjà affectée de manière significative par le phénomène du changement climatique, la fréquence des événements extrêmes est à ce titre en augmentation.
Il a évoqué une augmentation de la température moyenne de 0,9 degré Celsius (1,6 degré Fahrenheit) depuis la fin du siècle dernier, et la température moyenne pourrait encore augmenter d’un degré d’ici 2030-2040 et jusqu’à 4 degrés en 2100.
« Il y a aussi une élévation du niveau de la mer, mais le plus grand impact est la disponibilité réduite de l’eau », a déclaré l’expert.
Comme Cuba ne possède pas sur son territoire de fleuves importants ou encore de lacs, elle dépend uniquement de la pluviométrie. Le gouvernement communiste a construit de nombreux réservoirs au cours du dernier demi-siècle, mais tous sont maintenant bien en deçà de leur capacité de stockage.
2015 a été l’année la plus chaude sur Terre au cours des dernières 136 années, 0,9 degré au-dessus de la température moyenne du XXe siècle. Par ailleurs, El Niño a également contribué à ce que l’année 2015 soit la plus chaude à Cuba depuis 1951.
Pour rappel, comme l’ensemble de la région des Caraïbes, Cuba connaît une saison cyclonique, qui s’étend de mai à novembre, alors après la sécheresse d’autres obstacles météorologiques risquent de frapper l’île et d’apporter son lot d’épreuves et de complications…