Samedi dernier, au Pérou, ce sont des milliers de Péruviens qui sont descendus dans les rues pour réclamer la fin des violences commises contre les femmes, y compris le président récemment élu de la nation sud-américaine, Pedro Pablo Kuczynski, qui a affirmé : « Le problème avec la violence c’est que le silence absorbe les chocs et qu’il n’est pas facile de la dénoncer ».
Environ 50 000 personnes, selon des chiffres officiels, ont fait savoir haut et fort qu’elles ne toléraient plus aucune forme de violence (verbale ou physique) à l’encontre des femmes dans un pays où sept femmes sur dix ont déjà subi une sorte d’abus de la part de leurs partenaires. Des chiffres communiqués par l’agence Reuters, précisant que, durant le premier semestre 2016, 54 femmes ont été tuées par leurs compagnons ou ex-compagnons, tandis que 118 autres ont été victimes d’une tentative de féminicide (le féminicide est le meurtre d’une femme, lorsque le mobile est le fait que cette personne est de sexe féminin).
La manifestation a été menée par des organisations de la société civile, des militants des droits de l’Homme et des associations de défense de femmes battues et elle a duré plus de quatre heures, avec un parcours qui a pris fin devant un lieu symbolique, à savoir le Palais de Justice de la capitale, Lima.
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« On ne veut pas de violence dans le pays , en particulier contre les femmes et les enfants. Nous allons promouvoir la culture de la paix, de la tolérance », a poursuivi le président de la République, cité par les médias locaux dans le centre de Lima.
Selon le Ministère des femmes et des populations vulnérables, sept femmes sur dix ont subi des sévices physiques ou psychologiques de la part leurs partenaires. Une enquête récente a révélé que 78 pour cent des Péruviens prétendaient vivre dans une société machiste.
L’initiative #Niunamenos (« pasuneenmoins »), qui a également eu lieu en Argentine, au Chili et en Uruguay, a pour le but de faire en sorte qu’aucune victime de féminicide de plus ne soit à déplorer et d’attirer l’attention sur le grave problème de la violence contre les femmes, un fléau toujours très présent en Amérique latine.
#UnEstadoNoViola#UnEstadoGarantizaJusticiaParaLasVíctimas#NiUnaMenos pic.twitter.com/NSYSTko2GK
— DEMUS (@DemusPeru) August 8, 2016
Selon un rapport de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) publié en 2013, le Pérou est classé troisième dans le monde pour la violence sexuelle contre les femmes âgées de 15 à 49 ans, derrière l’Éthiopie et le Bangladesh. Selon deux sondages récents, 74 pour cent des résidents de Lima croient que le Pérou est une société machiste, tandis que 53 pour cent estiment qu’une femme avec une mini-jupe est considérée comme « responsable » en cas de harcèlement.
La manifestation a également eu lieu dans d’autres villes du pays sud-américain, des femmes, des enfants, des familles entières, des dirigeants et des représentants des partis de gauche et de droite ont battu le pavé de façon pacifique « Quand on s’en prend à une femme, on s’en prend à toutes les femmes », tel était le slogan défendu par les participants, pour s’opposer à ce fléau qui afflige le pays.
Il faut savoir qu’au Pérou seulement 33 pour cent des victimes de violence de genre osent dénoncer leurs agresseurs.
Selon l’Observatoire du crime du Ministère public du Pérou, entre 2009 et 2015, 10 décès mensuels ont été enregistrés, il s’agissait de femmes tuées par leurs maris ou partenaires. Durant cette période, 795 femmes ont été victimes de féminicide, 60 pour cent avaient entre 18 et 34 ans, et 57 pour cent sont mortes à leur domicile.
Au Pérou, le féminicide peut être puni d’au moins 15 ans de prison, mais les tribunaux n’appliquent que rarement cette peine, le ministère de la Justice reconnaît par ailleurs la nécessité d’une réforme.
#NiUnaMenos Defensoría del Pueblo presente en todas las regiones. #TocanAUnaTocanATodas ►https://t.co/LZvYFeBHgH pic.twitter.com/usasoGwylV
— Defensoría Perú (@Defensoria_Peru) August 14, 2016