L’Université de Valence dans une étude menée par des chercheurs de l’Unité de changement global a abordé l’impact qu’a eu le phénomène météorologique El Niño en 2015-2016 dans le cadre de l’actuel changement climatique global qui pèse sur les forêts amazoniennes avec des zones confrontées « à une sécheresse extrême ».
Pour rappel, comme Actu Latino l’a maintes fois évoqué, El Niño est un phénomène météorologique qui se traduit par un réchauffement anormal de l’océan Pacifique équatorial, il se manifeste de manière cyclique tous les trois à cinq ans environ à des intensités variables. Bien que ses conséquences se reflètent presque à l’échelle mondiale, son impact sur les forêts tropicales et surtout sur la région amazonienne acquiert un « intérêt spécial », étant donné que cet écrin verdoyant naturel possède un écosystème considéré par les scientifiques « comme l’un des principaux puits de carbone de la planète ».
Des manifestations majeures du Niño avaient été enregistrés lors de deux épisodes marquants, le premier en 1982/83 et le second en 1997/98, avec des répercussions extraordinairement intenses.
En 2015, les conditions du Niño ont été réactivées et l’étude montre comment, dans ce dernier cas, le phénomène est associé à un réchauffement « sans précédent » de la forêt amazonienne, qui a enregistré les températures les plus élevées au cours des quatre dernières décennies et probablement depuis le siècle dernier avec une plus grande propension à la sécheresse extrême dans cette région du monde.
Desarreglo climático continental: mayor sequia Andes Amazonas en últimos 50 años – https://t.co/hmd9HdpcII pic.twitter.com/aYwFYhAZoo
— Eduardo Gudynas (@EGudynas) September 17, 2016
Le travail souligne également les changements dans la répartition géographique des zones impactées par la sécheresse, avec des conditions plus humides que la normale dans la région sud-ouest de l’Amazonie et des conditions extrêmement sèches dans le nord-ouest, quelque chose qui a déjà eu lieu en 2009/2010 mais avec moins d’intensité .
Selon les experts ce fait n’a pas été observé durant les épisodes sévères d’El Niño en 1982/83 et 1997/98, de sorte qu’il explique aussi le scénario actuel par les effets du changement climatique global et pas seulement par la présence de ce phénomène cyclique bien qu’il n’y ait pas encore un « consensus clair » parmi les scientifiques.
Le plus grand impact de ces conditions de sécheresse extrême sur les forêts tropicales se produit en raison d’une diminution de l’assimilation du CO2 dans l’atmosphère, ainsi que d’une plus grande probabilité d’incendies (ce qui a été le cas en 2016) et la perte conséquente de la biomasse. Actuellement, les conditions de température du Pacifique montrent des conditions neutres, avec un peu plus de 50 pour cent de probabilité d’entrer dans une phase Niña (la phase froide de ce cycle naturel mondial), mais il est toutefois prévu que la sécheresse se prolonge au cours des mois à venir.
Par exemple, en Bolivie 67 % des municipalités ont été touchées par la sécheresse au cours de la dernière décennie, une grande partie de ceux-ci sont situés dans l’ouest et le sud du pays sud-américain, et actuellement un état d’urgence nationale a été décrété par le président Evo Morales pour affronter la pénurie d’eau. Des données ont été recueillies lors d’une étude menée par le Ministère de la Planification et du Développement, l’Unité d’analyse sociale et politique économique (UDAPE) et le Fonds des Nations Unies pour la population (FNUAP, pour son sigle en anglais) et indique que les zones les plus touchées par la réduction des précipitations sont principalement situées dans les départements de La Paz, Oruro, Potosi, Cochabamba, Chuquisaca, Tarija et le sud de Santa Cruz.
Bolivia declara emergencia nacional por sequía que arrastra desde hace meses debido a fenómeno climático de #ElNiño: https://t.co/elWGQKe5u5 pic.twitter.com/FwwKhsOs2z
— Programa ONU Medio Ambiente (@unep_espanol) November 21, 2016
Au Pérou, le ministre de l’Agriculture et de l’Irrigation, Jose Manuel Hernandez a annoncé que le gouvernement a étendu à 17 le nombre de régions placées en urgence sécheresse (déficit hydrique) dans diverses régions des hauts plateaux, de la côte sud et au nord du pays.
Sequía en Perú podría acelerar la inflación en primer trimestre de 2017 https://t.co/Qjlx37fiGl
— AmericaEconomia (@americaeconomia) December 2, 2016
« Les saisons de sécheresse que nous avons connues au cours des dernières années ont été plus intenses et ont concerné des zones où auparavant les effets du manque de pluie ne se voyaient pas comme en Amazonie, » a affirmé un responsable.
Le bassin de l’Amazone connait des changements climatiques sévères qui auront un impact sans aucun doute les grandes étendues de terres forestières tropicales. En 2010, le niveau du fleuve Amazone a connu un déclin historique résultant dans l’une des sécheresses les plus extrêmes signalées au cours des dernières années.
Une étude menée par Naomi Levine, biologiste à l’Université américaine de Harvard confirme que l’Amazonie est en passe de devenir une savane.
Pour les chercheurs de différents centres d’étude spatiale et d’études sur le climat au Brésil : « Il existe un grand risque que les régions du sud et de l’est de l’Amazonie se transforment en savane si le niveau de la déforestation amazonienne atteint 40 % et la température de la région augmente de 4° C », selon l’étude « Risques liés à l’utilisation des terres et le changement climatique en Amazonie et la nécessité d’un nouveau paradigme de développement durable ».
« L’Amazonie régule plus de 90 % du cycle hydrologique en Amérique du Sud, y compris dans les zones andines. Et ce qui se passe sur notre continent affecte toute la planète. Un éternuement amazonien pourrait signifier une grosse grippe en Europe… », a expliqué Antonio Nobre, expert brésilien sur les questions environnementales.
Pour les experts de la Banque mondiale, il est clair que l’Amérique latine sera l’une des régions les plus touchées par le changement climatique, en particulier si le monde ne parvient pas à maintenir le réchauffement climatique en dessous de 2 °C en moyenne.
Dans l’ensemble, 2,2 % de la population latino-américaine – quelque 14 millions de personnes – vivent dans des zones à moins de 5 mètres au-dessus du niveau de la mer, fortement exposée à l’impact du changement climatique selon les nouvelles données.
Si des mesures ne sont pas prises pour l’empêcher, on estime que la planète sera de 4 °C plus chaud en 2100. Un tel événement provoquera une chaîne de catastrophes, y compris des vagues extrêmes de chaleur, de fortes réductions des récoltes, des pertes irréversibles des écosystèmes et une augmentation au niveau de la mer qui portera atteinte à la vie sur tous les continents.
¡Preservar la #Amazonía nos da vida! Es el mayor #bosquetropical del planeta y hogar de 1/3 de todas las especies. #COP13 pic.twitter.com/53408QP5ND
— Programa ONU Medio Ambiente (@unep_espanol) December 6, 2016