Le candidat du parti au pouvoir (Alianza Pais), Lenin Moreno, est arrivé en tête du premier tour des élections présidentielles du dimanche 19 février, en réunissant 38,96 % des voix, une victoire qui ne lui permettait pas toutefois de s’imposer dès le 1er tour après le dépouillement de 83,1 % des votes (un résultat qui peut encore évoluer). S’il ne parvient pas à s’imposer, il affrontera lors du second tour le candidat Guillermo Lasso qui a obtenu 28,38 % des voix après un dépouillement partiel.
La candidate sociale-chrétienne, Cynthia Viteri obtient 15,71 % des suffrages, elle est suivie par Paco Moncayo (7,27 %), Abdala Bucaram (4,32 %), Ivan Espinel (3,24 %), Washington Pesántez (0,80 %) et Patricio Zuquilanda (0,75 %).
La législation équatorienne prévoit qu’un candidat puisse gagner la présidence en un seul tour de scrutin, si elle obtient la majorité absolue (la moitié plus une voix) ou si elle atteint un minimum de 40 % des suffrages et maintient une avance de dix points de pourcentage sur son principal rival, des conditions qui, si elles n’ont pas été remplies au moment du résultat final, rendront nécessaires la tenue le 2 avril prochain du second tour qui permettra de connaitre le nom du successeur de Rafael Correa qui se trouve depuis 10 ans à la tête du pays sud-américain.
Plus de douze millions d’Équatoriens avaient le droit, et surtout le devoir (sous peine d’écoper une amende pour ne pas remplir leur devoir civique) de se rendre aux urnes pour élire un nouveau président, 137 membres de l’Assemblée nationale, cinq représentants au Parlement andin et se prononcer par référendum sur une initiative du gouvernement d’interdire tout détenteur d’une charge publique de détenir des avoirs dans un paradis fiscal.
Le candidat du gouvernement représente la continuité du « socialisme du XXIe siècle » de Rafael Correa, Lenin Moreno propose de poursuivre la « révolution citoyenne », qui vise à éradiquer la pauvreté et promouvoir le bien-être social, une valeur jugée supérieure au « capitalisme ».
Le candidat Lasso, conservateur, qui a perdu contre Correa aux élections de 2013, propose l’élimination de certains impôts et la création d’un million d’emplois alors que le chômage augmente. Le Conseil national électoral a livré les premiers résultats vers vingt heures, heure locale.
Marquées par la situation économique délicate de ce pays producteur de pétrole (dont le prix a chuté) qui a affronté de grosses pertes avec le séisme meurtrier qui a frappé en avril dernier, et une campagne électorale particulièrement insipide entachée d’allégations de corruption, ces élections sont les plus disputées de ces dernières années dans le pays andin. Lors des élections générales de 2009 et 2013, Correa avait remporté confortablement les élections dès le premier tour.
Pendant la journée électorale, 50 000 soldats et 30 000 policiers ont été déployés pour garantir l’ordre, et les mesures entrées en vigueur depuis vendredi qui comprennent l’interdiction de consommer de l’alcool jusqu’au lundi midi ou encore toute forme de prosélytisme politique.
Le nouveau président, qui sera investi à partir du 24 mai pour une période de quatre ans, aura la lourde tâche de créer des emplois, de faire face à une dette lourde et de soutenir les multiples plans sociaux accumulés au cours d’une décennie de gouvernement socialiste. Le candidat du gouvernement, ancien vice-président entre 2007 et 2013, a convaincu ses partisans avec une promesse de poursuivre le projet politique Correa basée sur la participation active de l’État dans l’économie et une meilleure répartition des richesses.
La victoire finale de Moreno placerait l’Équateur comme l’un des rares pays d’Amérique latine à poursuivre sur la voie du socialisme après que le mouvement ait subi de sérieux revers l’année dernière au Brésil, en Argentine et au Pérou. Le candidat Moreno, est en fauteuil roulant, paraplégique, suite à une agression par balle en 1998, il pourrait devenir le premier Équatorien handicapé à assumer la présidence.
« Le pouvoir est un exercice d’humilité, de service, pas de la vanité », a déclaré le candidat, qui est connu pour apprécier les traits d’humour.
Marié et père de trois filles, originaire de la province amazonienne de Orellana (Est), il a été nominé pour le Prix Nobel de la Paix en 2012 et en 2013 et nommé secrétaire général adjoint de l’ONU sur la question du handicap.
Guillermo Lasso du mouvement Créons des opportunités, est un ex-banquier de 61 ans, représentant de la droite conservatrice, il aspire pour la deuxième fois à la présidence de l’Équateur, après avoir perdu en 2013 au premier tour.
Il est né à Guayaquil (sud-ouest) dans une famille de « classe moyenne ». Marié avec cinq enfants, il est défini comme un « entrepreneur ». Il a travaillé à partir de 15 ans et est devenu président de la Banque de Guayaquil.
L’Équateur est le premier pays en Amérique du Sud à réaliser des élections présidentielles depuis que le scandale Odebrecht a entaché l’Amérique latine (grande multinationale brésilienne du BTP qui a concédé avoir distribué des centaines de millions en pots de vin à plusieurs pays d’Amérique du Sud pour l’obtention de méga-chantiers). Jusqu’à présent, aucune arrestation n’a été réalisée en Équateur bien que les enquêtes aient débuté.