Le Venezuela a annoncé le mercredi qu’il souhaitait déclencher le processus visant à quitter l’Organisation des États Américains, connue sous son sigle OEA, en réponse à la décision prise par 19 pays (Argentine, Barbade, Bahamas, Brésil, Canada, Chili, Colombie, Costa Rica, États-Unis, le Honduras, le Guyana, la Jamaïque, le Guatemala, le Mexique, le Panama, le Paraguay, le Pérou, Sainte-Lucie et de l’Uruguay ont voté en faveur) de l’organisation de convoquer une réunion des ministres des Affaires étrangères pour évoquer la profonde crise économique, sociale, et politique qui secoue la nation sud-américaine.
« En convoquant une réunion de ministres des Affaires étrangères de l’OEA sans l’aval ou le consentement du gouvernement du Venezuela, j’ai reçu l’instruction du chef de l’État Nicolás Maduro pour commencer une procédure de retrait du Venezuela de cette organisation« , a affirmé mardi Rodriguez.
« C’est la pire décision que le gouvernement puisse prendre, je constate que c’est un gouvernement en déroute« , a déclaré de son côté le président du Parlement, Julio Borges, en réaction à l’annonce du Venezuela.
Maduro, que le Secrétaire général de l’OEA, Luis Almagro, qualifie de « dictateur », affirme de son côté que la « droite vénézuélienne » se livre au « terrorisme » pour provoquer le chaos, dans le cadre d’un plan fomenté avec les États-Unis pour le renverser et encourager une intervention étrangère, la présumée ingérence étrangère étant la justification de Maduro à tous les problèmes confrontés dans le pays.
C’est depuis le Palais présidentiel que le ministre vénézuélien des Affaires étrangères, Delcy Rodriguez, a déclaré que Caracas présentait une lettre de doléance à l’OEA, le but étant de lancer un processus pour quitter l’organisation, une procédure qui doit s’échelonner sur 24 mois. Un délai également rappelé par le porte-parole de l’organisation, Mark Toner, qui a livré sa réaction à l’annonce du gouvernement du Venezuela de Maduro en proie à une profonde impopularité et à un mécontentement sans précédent.
#Venezuela necesita: calendario electoral, liberación presos políticos, separación de poderes, regresar autonomía a AN y canal humanitario pic.twitter.com/4wlTvBIYwc
— Luis Almagro (@Almagro_OEA2015) April 27, 2017
Lors d’une conférence de presse du Département, Toner a déclaré jeudi que « du point de vue de la procédure, » la déclaration de Delcy Rodriguez, la veille, n’a pas d’effet pratique immédiat.
(Vidéo du 27/04/2017)
« Pour se retirer de l’OEA, il faut jusqu’à deux ans en termes de procédure. Dans cette optique, je pense que ce sera la fin du mandat du président (Nicolas) Maduro », a déclaré le porte-parole des États-Unis.
Toner a ajouté que, par conséquent, la décision ne pourra pas être ratifiée par le successeur du socialiste chaviste Maduro, ajoutant : « Pendant ce temps, le Venezuela restera membre de la plénitude de la (Organisation des États américains) et continuera à se conformer à ses obligations en tant qu’État membre, et cela commence par le respect des normes et des pratiques démocratiques ».
La décision du Venezuela de quitter l’OEA, organisation que le pays a rejointe en 1948 en tant que membre fondateur, a eu lieu lors d’une nouvelle journée de manifestation qui a secoué Caracas et dans un contexte de tensions politiques croissantes, alors que les mouvements protestataires ont déjà laissé 29 morts et plus 437 blessés. Maduro a rejeté la faute de cette escalade meurtrière sur ses adversaires qu’il a accusés de promouvoir des actions violentes visant à un coup d’État.
Consejo #OEA aprueba convocar a Consulta a Ministros de Relaciones Exteriores sobre situación en #Venezuelahttps://t.co/Wojk7mP3lW pic.twitter.com/P3uP2xATmK
— OEA (@OEA_oficial) April 26, 2017
Plus tôt, mercredi, des milliers de manifestants sont descendus dans rues de Caracas pour s’opposer à Maduro dans un contexte de sévères pénuries alimentaires et médicamenteuses, et d’inflation galopante, des manifestants en liesse ont pris d’assaut la route principale, la population est excédée par les privations dans un pays fragilisé économiquement par la chute du prix du pétrole.
Des centaines de policiers et de gardes nationaux ont commencé à lancer des gaz lacrymogènes et des balles en caoutchouc pour bloquer leur passage. La tension politique a déclenché une spirale de violence qui a fait plus de 1000 arrestations, 65 individus sont encore en détention et 217 auront doivent être présentés devant les tribunaux.
Caracas a demandé cette semaine que, le 2 mai, les ministres des Affaires étrangères de la Communauté des États des Caraïbes et d’Amérique latine (CELAC) composée de tous les pays d’Amérique, à l’exception des États-Unis et du Canada, se réunissent pour discuter du « dirigisme » à l’encontre de son gouvernement.
Le Venezuela connaît une vague de manifestations depuis le 1er avril, des milliers de personnes réunis pour protester contre la décision avortée de la Cour suprême de justice de s’arroger les pouvoirs du Parlement, dominé par l’opposition, des affrontements avec les forces de sécurité ont éclaté, des scènes d’émeute et de pillage ont secoué plusieurs villes.
Dans ce contexte, le Parlement européen a condamné « avec force la répression brutale menée par les forces de sécurité vénézuéliennes, ainsi que des groupes armés irréguliers contre des manifestants pacifiques ».
Les manifestants réclament des élections anticipées, la libération des 150 prisonniers politiques, le respect de la séparation des pouvoirs et donc des compétences de l’Assemblée nationale et l’indépendance de la justice. Autre point qui n’a fait qu’attiser les flammes dans ce pays au bord de l’implosion, la décision de rendre inéligible le principal dirigeant politique de l’opposition pour les prochaines 15 années, r Henrique Capriles Radonski, est le principal opposant du président en place pour la prochaine élection présidentielle prévue en 2018.
(Vidéo du 27/04/2017)