Il y aura bien un second tour au Chili pour départager les deux candidats arrivés en tête du scrutin présidentiel du 19 novembre (ils étaient 8 en lice au premier tour), ils s’affronteront dans les urnes pour succéder à la présidente Michelle Bachelet, le sort sera scellé le 17 décembre prochain alors qu’aucun d’entre eux n’a obtenu la majorité des voix dimanche dernier.
L’ex-président chilien Sebastián Piñera et le candidat progouvernemental Alejandro Guillier s’affronteront donc lors d’un second tour, le premier qui a déjà gouverné le pays entre 2010 et 2014 a récolté 36,64 % des suffrages, tandis que l’outsider Guillier a obtenu 22,70 % des bulletins de vote.
La grande surprise de la journée reste néanmoins le résultat de la candidate du parti de la gauche radicale Frente Amplio, Beatriz Sánchez, qui s’est placée à la troisième place (20,27 %) et dont les partisans, pour la plupart des jeunes, ont un rôle majeur pour faire basculer l’élection de décembre. Sánchez incarne une coalition de gauche lancée avec le soutien des leaders étudiants en janvier 2017, cette dernière a bien l’intention de renouveler la politique et d’aller au-delà de la dichotomie historique entre les deux principales forces du pays.
Par ailleurs, les candidats Sánchez et Guillier sont également sortis gagnants du vote organisé à l’étranger, c’était la première fois que les Chiliens résidant à l’étranger pouvaient s’exprimer dans les urnes concernant l’avenir du pays sud-américain.
Les élections de ce dimanche se sont déroulées dans la normalité, sans incident notable comme l’ont souligné les autorités.
(Vidéo du 20/11/2017)
Ce premier tour présidentiel a également été marqué par une forte abstention, 14 308 151 électeurs étaient attendus dans les bureaux de vote sur le territoire et 39 137 à l’étranger, parmi eux, seuls 6 686 000 votants et 22 990 étrangers ont exprimé leur choix politique.
Lors des élections de 2013, lorsque le vote au Chili n’était déjà plus obligatoire, une participation de 49,3 % avait été enregistrée au premier tour, elle était passée à 58,21 % au second tour. Michelle Bachelet, qui a été la première femme à la tête du Chili, ne pouvait pas se représenter aux élections, la Constitution lui interdisant de briguer un nouveau mandat.
Le candidat sorti vainqueur de ce premier round électoral, Sebastián Piñera, (Chile Vamos) a déclaré : « Nous recevons ces résultats avec gratitude, avec humilité et espoir ».
Pour Piñera, le résultat de ce dimanche « est très similaire à celui que nous avons obtenu en 2009 et en 2009 nous avons gagné l’élection et nous avons réussi à mettre notre pays en marche ».
« Nous avons gagné dans toutes les régions du Chili, nous avons gagné dans 300 communes sur 365 et peut-être ce qui nous touche le plus, c’est que nous avons gagné dans toutes les communes les plus pauvres et les plus vulnérables du Chili », a ajouté l’ancien chef d’Etat.
L’homme d’affaires multimillionnaire a remercié « d’une manière très spéciale » son rival de droite Juan Antonio Kast, qui a obtenu 7,9 %, et tous les candidats pour qui, le premier tour, a sonné la défaite.
Parmi les promesses électorales de Piñera, on retrouve la réduction du chômage, un meilleur accès à la santé pour les malades et une éducation de qualité pour les enfants, les adolescents et les jeunes. Il a également fait part de son engagement contre le terrorisme et le trafic de drogue afin que les Chiliens puissent vivre en paix.
Le candidat Alejandro Guillier Álvarez a déclaré que le Chili avait manifesté avec son vote une envie d’expérimenter une nouvelle voie en politique : « Nous parlions d’un changement d’ère, c’est ce qui a été exprimé ce jour, parce que nos jeunes et des femmes arrivent au Congrès national avec des compétences légitimes dont je suis fier », a-t-il dit.
Il a soutenu que « la reconstruction d’une unité profonde pour « un vrai changement » est nécessaire précisant « nous devons aller au second tour avec des propositions claires qui nous rassemblent (…) c’est ainsi que sera notre gouvernement (…) Ce soir commence un nouveau Chili plus divers, les portes sont ouvertes à tous », a-t-il déclaré.
Après une rencontre de deux heures avec la présidente Michelle Bachelet, le candidat à la présidence de la Fuerza de la Mayoría (Force majoritaire), Alejandro Guillier, a déclaré qu’il était prêt à écouter tous les secteurs susceptibles d’apporter leur soutien au second tour de l’élection présidentielle. « Nous sommes dans les meilleures dispositions pour écouter tous les secteurs », a-t-il dit, se référant à un éventuel dialogue qui pourrait survenir avec le Frente Amplio.
Lors de son rendez-vous avec la présidente, Guillier a déclaré qu’ils ont parlé des « changements qui se produisent au Chili, de ce formidable renouvellement de la politique que nous voyons favorablement, d’un grand nombre de jeunes venant au Congrès ».
(Vidéo du 19/11/2017)