La situation va de mal en pis au Venezuela, alors que le pays fait face à une situation politique qui semble inextricable entre un président qui refuse de quitter le pouvoir malgré une crise sans précédent et un président par intérim autoproclamé, largement soutenu par la communauté internationale; la population, déjà acculée, subit depuis plusieurs jours maintenant une coupure électrique généralisée qui place le pays sud-américain un peu plus dans le chaos.
La panne d’électricité, qui a débuté jeudi, a touché le complexe hydroélectrique de Simón Bolívar de Guri ( le 4e plus grand barrage du monde ), qui génère plus de 60% de l’électricité consommée dans le pays.
Nicolás Maduro, sous pression internationale depuis des mois, a dénoncé une nouvelle fois une « agression impériale » des États-Unis pour justifier la panne d’électricité géante que le gouvernement attribue à l’opposition nationale et aux agents américains.
« L’Empire américain, encore une fois, sous-estime la conscience et la détermination du peuple vénézuélien. Je vous assure que toute tentative d’agression impériale suscitera une forte réaction des patriotes qui aimons et défendons avec courage notre Patrie », a écrit Maduro dans un message publié le 9 mars sur son compte Twitter officiel.
Dans le même temps, le ministre des Affaires étrangères, Jorge Arreaza, a également déclaré sur Twitter que « ceux qui aiment demander des sanctions et des invasions militaires contre leur propre pays, planifient et célèbrent les attaques contre le système électrique » pointant du doigt l’opposition.
Le président cubain, Miguel Díaz-Canel, fidèle allié de N.Maduro a fait preuve de solidarité avec le gouvernement vénézuélien et son peuple utilisant les termes de « sabotage électrique » et « d’acte terroriste sale » évoquant « la perversité impériale pour interférer » dans les affaires vénézuéliennes.
Depuis plusieurs années, le Venezuela enregistre des défaillances dans le service électrique que le gouvernement attribue généralement à des actions de sabotage et à l’impérialisme des Etats-Unis, mais les analystes soutiennent qu’elles sont le fruit de déficiences en matière d’entretien des installations, ils évoquent une mauvaise gestion sur fond de corruption.
La panne électrique, qui a débuté jeudi dernier au Venezuela et qui n’a pas encore été totalement résolue, aurait fait au moins 17 victimes dans les hôpitaux faute d’assistance vitale, a déclaré le président par intérim, Juan Guaidó, lors d’une conférence de presse.
« Il y a 17 décès confirmés, dont 15 à Maturín, mais faute de communication, nous n’avons pas été en mesure de surveiller 17 des 40 hôpitaux normalement surveillés », a déclaré le président du Parlement vénézuélien. Ce chiffre serait passé à 21 morts quelques heures après la conférence de presse de Guaidó, de son côté le ministre vénézuélien de la Santé, Carlos Alvarado, a réfuté ces informations en niant les décès. Il a ajouté que le gouvernement avait mis en place un plan d’urgence pour desservir tous les hôpitaux du pays et que 90% des installations des centres de santé fonctionnaient.
Les déclarations du ministre en place contrastent également avec les milliers de messages circulant sur les réseaux sociaux où sont évoqués les décès de plusieurs patients insuffisants rénaux ayant besoin d’un traitement par dialyse.
Le chef de l’opposition, Juan Guaidó, a fait mention de sa volonté de déclarer face à la situation « l’état d’urgence nationale » lors d’une session extraordinaire de l’Assemblée nationale.
Guaidó a déclaré qu’il agirait conformément à l’article 338 de la Constitution en vigueur. Par ailleurs, Guaidó a de nouveau incité les forces armées à « cesser de cacher le dictateur », faisant référence à Maduro.
Le conseiller à la sécurité nationale du président nord-américain Donald Trump, John Bolton, a déclaré hier dimanche que l’armée vénézuélienne était en pourparler avec des membres de l’Assemblée nationale pour réfléchir aux moyens d’agir pour soutenir l’opposition.
Bolton n’a pas prédit la démission du président Nicolás Maduro, mais a estimé que la dynamique du moment était favorable à Juan Guaidó, le chef du parlement reconnu à la tête du pays par plus de 50 pays en tant que président par intérim du Venezuela. « Il y a d’innombrables discussions en cours entre les membres de l’Assemblée nationale et les militaires au Venezuela sur ce qui pourrait se passer et comment ils pourraient agir pour soutenir l’opposition », a déclaré Bolton dans une interview accordée à l’émission This Week.
En ce lundi 11 mars, cinquième jour de coupure, le courant n’a pas pu être rétabli intégralement dans le pays, l’électricité se manifeste seulement par intermittence dans certains endroits, une situation qui accentue des problèmes déjà majeurs pour les habitants concernant l’approvisionnement en eau et en nourriture, des aliments qui se font rares et qui se perdent faute de réfrigérateur opérationnel.
Les cours dans les établissements scolaires sont encore suspendus aujourd’hui au Venezuela, c’est en fait tout un pays qui est paralysé depuis quatre jours. Selon l’Assemblée nationale vénézuélienne, les pertes économiques dépasseraient 400 millions de dollars, sans compter l’impact sur l’industrie pétrolière.