Créé en 2017 et composé de 11 pays d’Amérique latine et du Canada, le Groupe de Lima s’est réuni la semaine dernière, 6 juin, au Guatemala, pour évoquer la situation au Venezuela et trouver des solutions pour sortir le pays d’une crise politique, économique et sociale sans précédent qui a conduit à la mise en place d’une présidence par intérim incarnée par Juan Guaidó (soutenue par de nombreux pays internationaux) alors que la chef d’État Nicolás Maduro persiste à conserver le pouvoir au milieu d’un chaos incessant.
Au cours de cette 14e réunion, les dirigeants ont à nouveau ratifié leur soutien à Juan Guaidó, dans la déclaration commune lue par la ministre guatémaltèque, Sandra Jovel, les ministres des Affaires étrangères ont qualifié le gouvernement de Maduro de « seul responsable de la situation humanitaire de plus en plus grave que traverse la nation sud-américaine« . En outre, ils ont indiqué que le maintien au pouvoir de Nicolás Maduro constituait non seulement un obstacle à la « restauration de la démocratie au Venezuela », mais également une menace pour « la paix et la sécurité », principalement dans la région.
Vladimir Poutine s’interroge, les partisans de Juan Guaido, président par intérim du Vénézuela, sont-ils « fous » ?
À ce titre, ils ont rejeté la proposition de Maduro concernant la tenue de nouvelles élections législatives et prônent l’organisation « d’élections présidentielles libres, équitables et transparentes ». Les membres du Groupe de Lima ont de nouveau demandé aux pays qui soutiennent le gouvernement de Maduro, comme la Russie, la Chine, Cuba et la Turquie, de s’associer à la résolution pacifique de la crise.
Au milieu de ces prises de position sans concession, le président russe Vladimir Poutine a réitéré jeudi dernier son soutien inconditionnel à Maduro et s’est tout simplement demandé si les partisans de Guaido étaient « fous » tout en affirmant qu’il l’envisageait comme un « homme bien » et qu’il était « neutre » à son égard.
« Je veux dire à ceux qui le soutiennent: mais vous êtes fous ou quoi, vous comprenez où cela vous mènera? », des propos que Poutine a tenus en marge d’un forum économique organisé à Saint-Saint-Pétersbourg (nord-ouest).
Poutine, principal allié de Maduro avec la Chine et Cuba, a mis fin à sa tirade contre l’opposition vénézuélienne, l’accusant tout simplement d’être illégitime: « Un homme se rend sur une place publique, lève les yeux vers le ciel et se présente devant Dieu comme chef du gouvernement. Normal ou pas? Mais alors ce sera un chaos sur toute la planète« , a-t-il dit, ajoutant pour légitimer sa position « Choisissons le président des États-Unis de cette façon, n’importe où. En Grande-Bretagne, on élira le Premier ministre, en France le président sera choisi de cette façon. Que va-t-il arriver ? ».
Maduro « usurpe le pouvoir » pour la ministre guatémaltèque des Affaires étrangères, Sandra Jovel
Pour sa part, la ministre guatémaltèque des Affaires étrangères, Sandra Jovel, hôte de cette réunion, a déclaré que l’objectif est de préserver « les valeurs démocratiques« , et la liberté de l’« hémisphère sud-américain en luttant contre l’usurpation de pouvoir » de Maduro.
L’une des conséquences de cette crise humanitaire, à laquelle les participants font allusion, est l’exode massif des Vénézuéliens, qui, selon eux, s’est intensifié, trois millions de Vénézuéliens ont quitté leur pays depuis 2015, des chiffres donnés par l’ONU, déplorant « l’une des crises humanitaires les plus graves au monde ».
Une sortie de crise pacifique avec le soutien de la communauté internationale, tel est l’objectif du Groupe de Lima
Dans le cadre des efforts internationaux, le président de l’Uruguay, Tabaré Vázquez, a rencontré la semaine dernière à Montevideo des représentants de l’Union européenne.
Le président a déclaré que l’Europe et l’Uruguay œuvrent afin de trouver « une solution pacifique, démocratique et consensuelle pour le Venezuela ».
« La préoccupation existe, mais il y a aussi l’espoir que nous puissions aller de l’avant », a-t-il déclaré.
Des élections présidentielles libres et transparentes, le but à atteindre pour restituer la démocratie au Venezuela
Le groupe de Lima, à l’issue de cette rencontre, reconnaît que « la solution » pour cette sortie de crise doit être vénézuélienne, mais affirme que « l’impact régional de la crise nécessite que la région et la communauté internationale jouent un rôle plus actif afin de permettre un retour rapide à la démocratie au Venezuela ». Le ministre péruvien des Affaires étrangères, Néstor Popolizio, a appelé à un soutien de la communauté internationale pour « contribuer plus activement à la recherche de solutions efficaces à la crise par le biais d’élections libres et équitables ».
Popolizio a également demandé à l’ONU de réagir de manière coordonnée face à la crise humanitaire provoquée par l’exode des Vénézuéliens vers les pays voisins, ces derniers se retrouvant dépassés par cette affluence incontrôlée à la frontière.
Le Venezuela connait depuis janvier de très fortes tensions politiques alors que Maduro a renouvelé son mandat présidentiel de six ans après avoir remporté une élection qualifiée de frauduleuse par l’opposition. En conséquence, Guaidó a été proclamé président par intérim.
Le Groupe de Lima a décidé de poursuivre ses travaux en session permanente et a décidé que sa prochaine réunion se tiendrait en Argentine, à une date qui reste à définir.
Les pays membres ont par ailleurs prié la communauté internationale « d’agir face à l’implication croissante du régime illégitime de Nicolás Maduro dans différentes formes de corruption, de trafic de drogue et de criminalité transnationale organisée impliquant proches et hommes de main, ainsi qu’à la protection accordée à la présence d’organisations terroristes et de groupes armés illégaux sur le territoire vénézuélien », des propos qui apparaissent dans la déclaration finale du groupe de Lima.
De son côté, le président plus que jamais controversé Maduro assure que le Groupe de Lima a l’intention de « diviser l’Amérique latine » afin de la livrer sous forme de « butin » aux États-Unis, son ennemi juré, jugé à l’origine de tous les malheurs endurés par le pays.