Lorsque l’on pense à l’Amazonie et à ses communautés indigènes, beaucoup s’imaginent encore des populations isolées vivant au cœur d’une forêt dense et impénétrable, et par conséquent des communautés à l’abri de la pandémie de Covid-19. Pourtant, la réalité est bien différente, et la plus grande forêt tropicale du monde n’offre plus un refuge pérenne à ses habitants.
Le poumon vert n’est plus une région préservée depuis longtemps maintenant et subit de multiples périls :
- Déforestation illégale;
- Orpaillage clandestin;
- Activités minières menées par des multinationales;
- Expansion des zones agricoles et d’élevage;
- Constructions routières…
Vous l’aurez compris, les peuples natifs ne sont plus coupés du monde extérieur et subissent de plein fouet la pandémie dans leur habitat naturel.
En effet, le coronavirus s’avère dévastateur en terres indigènes, et plus particulièrement en Amazonie, à la frontière entre trois pays, à savoir le Brésil, le Pérou et la Colombie.
Plus de 400 communautés autochtones évoluent dans cette zone, soit près de 6 millions de personnes. Et elles sont particulièrement vulnérables face à ce virus en raison du manque d’infrastructures sanitaires qui les éloignent des soins urgents, mais aussi en raison de la faiblesse de leur système immunitaire.
Des peuples natifs éloignés de l’accès aux soins médicaux en pleine pandémie
Face à ce terrible constat, les Nations unies ont mis au point un plan d’action pour freiner la propagation de la maladie qui a déjà fait de nombreuses victimes.
En Colombie, la capitale du département de l’Amazonas, enregistrait début septembre 234 décès pour 100 000 habitants. Une situation similaire est à déplorer dans la capitale amazonienne du Pérou, Loreto, avec un taux d’incidence de 143.
Conscients de la menace qui pèse sur leurs communautés, les natifs ont exprimé leur préoccupation face à la propagation du virus. Ces derniers sont confrontés à un manque quasi total d’assistance médicale et se savent particulièrement vulnérables face à ce nouveau virus du fait de leur système immunitaire peu à même de lutter contre des maladies « extérieures ».
Par ailleurs, les natifs amazoniens sont souvent affaiblis par d’autres maladies tropicales comme celles liées aux piqûres de moustiques en zone humide (le paludisme, la dengue et le chikungunya) ou au manque d’accès à l’eau potable (à hauteur de 80%) :
«L’incidence de la diarrhée aqueuse est de 19,1 pour 100 000 habitants en Amazonie colombienne, contre 3,0 à l’échelle nationale. Le taux de mortalité infantile est de 46,9 pour 1000 naissances dans la région », précise l’étude de l’ONU.
Des habitants déjà fragilisés par les maladies tropicales et par un manque de nourriture
Les populations natives sont également confrontées à une autre menace, le manque d’accès à la nourriture. Les cas de malnutrition sont nombreux et fragilisent un peu plus les organismes. L’insécurité alimentaire atteint 60 % de la population en Amazonie colombienne, et 49% en Amazonie péruvienne, des chiffres qui augmentent encore avec la pandémie.
Début septembre, la région amazonienne enregistrait les taux de mortalité les plus élevés au monde de COVID-19 pour 100 000 habitants.
Par conséquent, l’ONU a lancé un plan de 10,4 millions de dollars pour faire face aux impacts de la pandémie de COVID-19 sur les communautés autochtones et les autres habitants de la triple frontière amazonienne entre le Brésil, la Colombie et le Pérou.
Le plan de réponse de l’OCHA, qui doit s’étendre sur un an, a pour but de venir en aide dans un premier temps à 209 000 personnes vulnérables dans les secteurs de la santé, de l’alimentation, de l’hébergement d’urgence et de l’accès à l’eau potable pour favoriser les mesures d’hygiène essentielles.
Les anciens succombent, leur disparition menace l’équilibre au sein des communautés
Si la préoccupation sanitaire est majeure, d’autres inquiétudes font surface face à la pandémie, à savoir la disparition des plus anciens ou « caciques » au sein des communautés indigènes.
Ces derniers sont les principaux gardiens des savoirs ancestraux et des traditions et sont souvent de grands leaders mobilisés pour défendre la forêt et les droits autochtones.
Les personnes les plus âgées, particulièrement vulnérables face à ce virus respiratoire, s’éteignent brutalement en emportant avec elles des connaissances intrinsèques et en bouleversant l’ordre établi au sein de communautés où la transmission des connaissances est vitale.