Avec la circulation du variant brésilien du coronavirus, la Colombie réfléchit à sa stratégie vaccinale. En effet, le gouvernement envisage l’opportunité de livrer les doses de vaccins en priorité à la population amazonienne, à la frontière avec le Brésil (1644 km de frontière commune).
Ainsi, le ministère de la Santé a signalé hier que l’organe consultatif pour les vaccins, qui regroupe des experts et des représentants de différentes institutions, avait proposé que l’ensemble de la population d’Amazonie soit vaccinée contre le Covid-19.
Un mur vaccinal en Amazonie pour freiner la progression du variant brésilien ?
De fait, les autorités colombiennes évoquent leur intention de créer un «mur épidémiologique complet» en immunisant la population de cette région. Cette dernière connait un rebond épidémique inquiétant avec une augmentation du nombre de malades et de décès.
En fait, cette situation sanitaire sous tension est liée à la circulation du variant P.1 du Sars-CoV- 2 identifié pour la première fois au Brésil et qui se révèle plus contagieux.
Par conséquent, le ministère de la Santé colombien, qui a confirmé l’envoi de 192 000 doses de vaccin du laboratoire Sinovac pour le 20 février, est en train d’analyser si, une partie importante de ce lot, pourrait être livrée à Leticia.
En effet, au vu de sa conservation qui ne nécessite pas une logistique compliquée (contrairement aux vaccins nécessitant d’être conservés dans des super-congélateurs), le vaccin Sinovac pourrait être privilégié dans cette région où la selva domine.
Le vaccin chinois pour freiner la circulation du coronavirus dans le département d’Amazonas
Pour rappel, la ville de Leticia, qui compte 50 811 habitants, capitale du département d’Amazonas, et toute la région (environ 81 000 personnes), restent isolées depuis la décision survenue à la mi-janvier de suspendre le trafic aérien. L’objectif des autorités est d’éviter la propagation dans le pays du variant brésilien.
Dans ce contexte, le ministre Fernando Ruiz a annoncé la réflexion du gouvernement autour de l’opportunité de dédier les doses à cette région. Il a également souligné que cette décision pourrait bénéficier au reste du pays en permettant d’enrayer la circulation du variant.
Effectivement, la région amazonienne de Colombie subit un deuxième pic de pandémie. En janvier 2021, le département a signalé 445 cas de Covid-19, soit près de cinq fois plus que ceux enregistrés en décembre (96). Début février, le nombre de cas s’est élevé à 975. Au total, 149 décès officiels dus au Covid-19 ont été confirmés dans cette région.
C’est pourquoi, face à la situation en Amazonie et à la campagne de vaccination imminente, la maire de Bogotá, Claudia López, a déclaré, à travers son compte Twitter, que Bogotá était prêt à :
« Céder volontiers une partie de ses vaccins pour que davantage de personnel de santé soit protégé là-bas. Je suis sûr que d’autres villes feront de même ».
Depuis le début de la pandémie de coronavirus, 2 202 598 Colombiens ont été infectés par le virus respiratoire, 57 949 personnes ont perdu la vie.
La campagne de vaccination de masse doit débuter samedi 20 février en Colombie. Et aujourd’hui, 17 février, la première dose a été administrée à une infirmière, un acte relayé par le ministère de la Santé.
La campagne vaccinale colombienne a pour but de protéger 35,2 millions de personnes en 2021
Le Plan national de vaccination colombien a pour objectif de vacciner 35,2 millions de personnes cette année, soit 70% de la population nationale, un pourcentage nécessaire pour obtenir l’immunité collective.
« Nous espérons atteindre l’objectif de vacciner plus d’un million de Colombiens au cours du premier mois », a déclaré le ministre de la Santé colombien.
Outre le personnel de santé qui lutte chaque jour contre le Covid-19, la première phase de vaccination inclura aussi les plus de 80 ans. En effet, ces derniers sont les plus vulnérables face à la pandémie et paient le plus lourd tribut en termes de mortalité.
Selon le président I.Duque, les vaccins seront progressivement distribués «sur tout le territoire afin que nous puissions protéger les talents humains de première ligne» et ainsi «des progrès seront réalisés dans la vaccination de masse» pour parvenir à la «réactivation sûre» de l’économie sévèrement impactée par les restrictions sanitaires.
En fait, sur les 61,5 millions de vaccins achetés par le gouvernement, 10 millions proviennent de Pfizer, le même chiffre pour AstraZeneca et Moderna.
Ajoutons que 9 millions de vaccins à dose unique ont été achetés à Janssen et 2,5 millions de plus à Sinovac.
Par ailleurs, grâce au dispositif Covax, promu par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), le pays recevra plusieurs millions de doses vaccinales supplémentaires.
De plus, le gouvernement a un accord préliminaire avec la Russie pour un éventuel achat dans ce pays du vaccin Spoutnik V.
Une stratégie vaccinale qui s’appuie sur la livraison de différents laboratoires
En résumé, la politique vaccinale anti-covid -19 de la Colombie doit donc s’organiser comme suit au niveau logistique avec différentes livraisons :
- 2,5 millions de la société pharmaceutique chinoise Sinovac;
- 10 millions de Pfizer / BioNTech;
- 10 millions du vaccin Oxford / AstraZeneca;
- 9 millions de celui développé par Janssen, filiale de Johnson & Johnson;
- 10 millions via la stratégie Covax;
- 10 millions de doses de Moderna (qui profiteront à 5 millions de Colombiens, avec deux doses par personne).