L’Amazonie est un territoire qui s’étend sur 9 pays d’Amérique du Sud, le Brésil qui abrite les deux tiers de la forêt, mais aussi la Bolivie, l’Équateur, le Pérou, la Colombie, la Guyane française, le Guyana, le Suriname et le Venezuela.
En Amazonie, la sécheresse extrême qui pourrait gagner la forêt tropicale dans les prochaines décennies, préoccupe fortement les scientifiques.
Une récente étude internationale, menée par l’université de Leeds au Royaume-Uni, révèle que d’importantes zones situées dans la partie orientale de la selva auront à subir des sécheresses très sévères d’ici la fin du siècle si rien n’est entrepris pour freiner le réchauffement climatique.
Le rôle régulateur de l’Amazonie de plus en plus menacé, une inquiétude pour les scientifiques
L’émission en grande quantité de dioxyde de carbone dans l’atmosphère induit un réchauffement. Or, la forêt sud-américaine emmagasine 90 à 140 milliards de tonnes de CO2, d’après des chiffres émis par le Fonds mondial pour la nature (WWF). Cependant, la capacité d’absorption du CO2 de la selva a été réduite à cause de la déforestation grandissante et des incendies récurrents. En effet, ces dix dernières années, l’Amazonie brésilienne a même rejeté plus de CO2 qu’elle n’en a absorbé.
Le Dr Jessica Baker, de la School of Earth and Environment de l’Université de Leeds, a dirigé l’étude, et a donné ses conclusions en affirmant : « les peuples du Brésil et du monde entier sont préoccupés, à juste titre, par l’avenir de l’Amazonie […], qui est menacée par la déforestation et le changement climatique« .
Le bassin amazonien abrite la plus grande forêt tropicale du monde et joue un rôle essentiel. Ainsi, 1/4 des espèces mondiales évoluent dans la région, une biodiversité inégalable ! De plus, grâce au fleuve Amazone et à ses affluents, 15 % des réserves d’eau douce se trouvent en Amazonie.
« Cette étude montre que la réduction des précipitations en saison sèche dans certaines parties de l’Amazonie pourrait être similaire aux grandes sécheresses amazoniennes de 2005 et 2010 qui ont engendré une mortalité généralisée des arbres avec également des répercussions importantes pour les communautés amazoniennes« , peut-on lire dans le rapport “Robust Amazon precipitation projections in climate models that capture realistic land–atmosphère interactions”.
Une sécheresse historique touche le Brésil : la déforestation en cause ?
Et ce n’est pas la situation actuelle au Brésil qui ouvre des perspectives rassurantes. En effet, le pays sud-américain connait une sécheresse historique imputée, entres autres, à la dégradation environnementale enregistrée en Amazonie au cours des dernières années par des activités humaines incontrôlées.
Ainsi, des conditions météorologiques exceptionnelles sont à l’origine de la pire crise hydrographique enregistrée depuis 90 ans dans le centre et le sud du Brésil, selon diverses agences gouvernementales du pays. Cette crise hydrique se caractérise par des pertes agricoles, par une pénurie d’eau mettant à mal la production énergétique (barrages hydroélectriques) et une augmentation des incendies dans la forêt amazonienne et les zones humides du Pantanal.
Le secteur agricole est fortement impacté par le manque d’eau, c’est en particulier le cas pour les cultures de café, de maïs, de canne à sucre et d’oranges.
Bento Albuquerque, ministre des Mines et de l’Énergie du Brésil, a souligné le caractère exceptionnel de la situation hydrique au Brésil « le Brésil est confronté à l’une des pires sécheresses de son histoire », en évoquant de possibles restrictions pour y faire face. Par ailleurs, le gouvernement brésilien a interdit l’agriculture sur brûlis pour 120 jours afin de maitriser le risque d’incendie.
La saison des pluies, qui a lieu entre novembre et avril, a été en cette année 2021 peu marquante dans les parties les plus menacées de l’Amazonie appelées « Arc de déforestation », selon les données de l’INPE.
Une situation dans le Pantanal encore plus préoccupante qu’en 2020
La sécheresse de cette année dans le Pantanal est aussi plus accentuée que celle de 2020.
« La saison des pluies est terminée et c’était mauvais », a déclaré Marcelo Seluchi, météorologue au centre de surveillance des catastrophes du ministère des Sciences ajoutant « la saison des incendies sera probablement mauvaise ».
L’Amazonie est la plus grande forêt tropicale du monde et le Pantanal est la plus grande zone humide. Les scientifiques affirment que leur conservation est vitale pour freiner le changement climatique catastrophique en raison des énormes quantités de gaz à effet de serre que ces régions absorbent lorsqu’elles sont en bonne santé. En fait, ces écosystèmes précieux sont de véritables régulateurs thermiques !
Actuellement, face à la sécheresse sans précédent dans le sud du Brésil, les scientifiques s’intéressent aux conséquences de la déforestation à une échelle plus locale. Antonio Nobre, chercheur à l’Institut brésilien de recherche spatiale, a publié un rapport intitulé « Le futur climat de l’Amazonie », qui relie la sécheresse actuelle à la déforestation dans le bassin amazonien.
Les données préliminaires de l’INPE montrent que la déforestation a augmenté de 25 % au cours des cinq premiers mois de 2021 par rapport à l’année précédente.
Les scientifiques avertissent que le risque d’incendie est plus élevé cette année en raison d’une sécheresse extrême, un véritable cercle vicieux qui se met en place.
Ainsi, de nombreuses régions de l’Amazonie connaissent un temps plus sec que l’année dernière. Une année 2020 qui fut déjà catastrophique d’un point de vue environnemental. La période des incendies s’étale plutôt entre août et septembre durant l’hiver austral. Toutefois, 23 incendies majeurs ont d’ores et déjà été enregistrés, tous dans l’État du Mato Grosso, à la limite sud-est de l’Amazonie.
Ci-dessous des images de la NASA révèlent l’ampleur de la sécheresse qui frappe une grande partie du Brésil.