Pérou : Noël dans les Andes, l’incontournable foire de Santurantikuy

À Cusco, ancien berceau de la civilisation inca, se perpétue chaque année une grande tradition à l’occasion des fêtes de Noël. En effet, tous les 24 décembre se tient la célèbre foire artisanale de Santurantikuy.

La foire de Santurantikuy se tient à Cusco chaque 24 décembre (photo libre de droits Pixabay)

En fait, Santurantikuy, à la veille de Noël, c’est une déferlante d’objets artisanaux qui représentent la foi de façon populaire.

Santurantikuy, la foire de Noël qui anime Cusco le 24 décembre

Cette manifestation majeure du mois de décembre au Pérou a lieu sur l’incontournable Plaza Mayor de la ville, autrefois nommée « nombril du monde » par le peuple du soleil. Ainsi, de nombreux artisans locaux prennent place et dévoilent leurs créations sur des couvertures aux couleurs chatoyantes dans le pur esprit andin.

Il s’agit d’une foire traditionnelle qui témoigne du profond syncrétisme culturel et religieux qui anime la population dans ce pays marqué par la colonisation espagnole et par l’imposition de la religion catholique.

Santurantikuy signifie en quechua, la langue ancestrale des natifs de la Sierra, « achète-moi des petits santons ». L’occasion pour les artisans de manifester leur foi syncrétique entre croyances populaires andines et christianisme. Cet événement traditionnel témoigne de l’héritage indigène et de l’adoption de la foi chrétienne.

Le syncrétisme religieux s’exprime à Noël dans l’ancienne capitale inca, Cusco, avec : le « Niño Manuelito »

Cette célébration trouverait ses origines il y a plusieurs siècles maintenant à l’époque de la vice-royauté. La plus ancienne référence date de 1834 et l’événement ne porte pas encore son nom actuel. Une chose est certaine, cette manifestation est née de la colonisation, l’objectif des Espagnols était alors d’évangéliser les populations natives par tous les moyens.

Aujourd’hui, en déambulant dans les allées de la foire on peut acquérir des santons de Noël afin de garnir la crèche et autres objets artisanaux permettant de célébrer la naissance de l’Enfant Jésus.

Ce festival, l’un des plus importants du calendrier religieux catholique au Pérou, a inspiré des artistes qui offrent de sublimes représentations de l’Enfant Jésus, de la Vierge Marie, de Joseph.

L’une des images les plus représentées dans cette foire qui réunit plus de 1 000 artisans est celle du « Niño Manuelito », qui fait justement référence à l’Enfant Jésus, connu dans la tradition catholique comme Emmanuel, ce qui a conduit à son surnom espagnol empreint de tendresse « Niño Manuelito » (Petit Emmanuel »).

En fait, le nom Emmanuel provient de la prophétie du Livre d’Isaïe1, interprétée par le christianisme comme une annonce de la venue du Sauveur et reprise dans l’évangile selon Matthieu : « Aussi le Seigneur lui-même vous donnera un signe : la Vierge concevra un fils, elle enfantera et l’appellera : Emmanuel » (Mt 1:23).

La féria de Santurantikuy à Cusco, la célébration andine

« Niño Manuelito »: représentation de l’Enfant Jésus pour les populations andines du Pérou

Les habitants dans Andes représentent « Niño Manuelito » dans des vêtements traditionnels indigènes, une appropriation qui a suscité dans le passé les foudres de l’Église catholique.

Chaque année, il est même courant d’acheter de nouveaux vêtements pour l’enfant à la chevelure brune et bouclée.

L’image de l’enfant Manuelito est née de la fusion entre croyances hispaniques et andines. Certains artisans le sculptent avec le visage d’un enfant au teint blanc, mais avec des « joues » rouges faisant allusion au climat des montagnes andines. D’autres le représentent sous les traits d’un petit enfant indigène.

Contrairement à l’Enfant Jésus que l’on voit généralement représenté dans les bras de la Vierge Marie, le Manuelito andin peut aussi être joueur, souriant et les artisans l’ont même sculpté en train de courir, dormir. Ces pièces artisanales accompagnent les fameuses crèches de Cusco. Dans certaines représentations, le garçon Manuelito a le pied blessé par une épine. L’un des plus reconnus est celui conçu par l’artisan Antonio Olave Palomino, il y a 40 ans, et connu sous le nom de « Niño Manuelito de la Espina », basé sur une tradition orale de Vilcabamba.

En fait, la plus grande attraction de Santurantikuy réside précisément dans le large éventail de « Niños Manuelitos » (différentes tailles, matériaux et mises en scène).

Au XXe siècle, la foire fut sur le point de disparaître, mais elle a été remise au goût du jour dans les années 1940 par l’American Institute of Art avec une série d’actions dont la création d’un concours pour récompenser les meilleures œuvres. En octobre 2009, Santurantikuy a même été déclaré Patrimoine Culturel de la Nation.

Santurantikuy, un patrimoine national qui rend hommage aux racines indigènes

À l’heure actuelle, la foire de Santurantikuy, autorisée par la Société municipale des célébrations de Cusco, a diversifié l’offre liée aux images religieuses pour inclure des pièces d’argenterie, de céramiques, et d’autres formes d’arts, entre autres, réalisées avec divers matériaux.

Ainsi, cette tradition de Noël s’est consolidée comme un événement attendu chaque année par les habitants de Cusco et les touristes nationaux et internationaux.

Cette année, la foire se tient sur 4 jours, du 21 au 24 décembre, ce sont 600 artisans qui sont présents pour dévoiler leurs créations.

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