Dans la province de Jujuy, à l’extrême nord de l’Argentine, c’est un bras de fer féroce qui s’amorce entre les populations autochtones et les partisans de l’exploitation minière du lithium.
D’ores et déjà, les amendements de la Constitution provinciale, qui favorisent l’expansion des activités minières, ont engendré des protestations massives.
Résister pour préserver : Les indigènes en conflit avec l’industrie du lithium
La région de Jujuy en Argentine, où se situe le salar de Cauchari-Olaroz, abrite actuellement la seule mine de lithium active de la province.
Exploitée depuis 2015 par l’entreprise australienne Allkem, en partenariat avec des acteurs financiers internationaux tels que JP Morgan et HSBC, cette mine représente une source de richesse économique pour certains, mais un danger imminent pour d’autres. .
Alors, encore une fois sur le sol sud-américain, cette opposition à l’exploitation des terres indigènes met en lumière les préoccupations autour du respect des droits des communautés natives.
Ces modifications constitutionnelles ont été apportées pour créer de nouvelles zones à l’exploitation minière, notamment dans les salines des hauts plateaux, riches en lithium.
Ce changement de la loi a déclenché une réaction violente de la part des peuples autochtones qui voient leur mode de vie traditionnel menacé par ces projets d’exploitation de grande ampleur.
Aujourd’hui, plus que jamais, le lithium fait l’objet de toutes les convoitises dans nos sociétés modernes. En effet, il est largement utilisé dans la fabrication de batteries pour les véhicules électriques, les appareils électroniques et les systèmes de stockage d’énergie.
Or, la demande croissante de lithium a conduit à une expansion rapide de l’industrie minière, souvent aux dépens de la protection de l’environnement et du respect des communautés locales. Dès lors, on ressent toute la contradiction de développer une économie plus verte !
Entre lithium et terres ancestrales : conflits contemporains des peuples indigènes
En effet, on sait clairement que les conséquences environnementales de l’exploitation du lithium sont souvent profondes et durables.
Par exemple, les méthodes d’exploitation telles que l’extraction à ciel ouvert et l’évaporation de saumure, peuvent entraîner une pollution de l’air, et une contamination de l’eau et des sols.
De plus, l’utilisation intensive de l’eau dans le processus d’extraction peut avoir des effets dévastateurs sur les écosystèmes fragiles des salines et des glaciers de montagne. En effet, l’assèchement met en péril la biodiversité et la disponibilité des ressources en eau.
En toute logique, les communautés rurales de Jujuy, qui dépendent étroitement de cette nature nourricière pour leur subsistance, sont particulièrement vulnérables aux impacts de l’exploitation minière du lithium.
Argentine, à Jujuy, les natifs craignent pour les rares ressources en eau
En plus d’être préjudiciable à la santé écologique de leur environnement naturel, ces projets miniers remettent en question leur droit ancestral à la terre et compromettent leur sécurité alimentaire et leur bien-être.
La réaction des indigènes et de leurs soutiens (notamment des enseignants, des agriculteurs et des opposants politiques) a été marquée par des manifestations massives et des affrontements violents avec les forces de sécurité.
Les opposants à ce développement minier accusent le gouvernement local de favoriser les intérêts des sociétés extractivistes au détriment de la population et de l’environnement.
Les communautés indigènes, qui comptent plus de 300 groupes dans la région, sont les premières à ressentir les effets de cette réforme.
Dans leur culture, les natifs, considèrent la terre comme sacrée. La Mère-Terre constitue le fondement de leur identité et de leur mode de vie. De fait, l’exploitation minière menace non seulement leurs moyens de subsistance traditionnels, mais aussi leur accès à l’eau, élément plus que précieux dans ces régions arides.
Un document publié par la Fondation pour l’environnement et les ressources naturelles (FARN) affirme que la nouvelle constitution « viole les droits essentiels des peuples autochtones ».
Pía Marchegiani, de la FARN, avertit que l’assèchement des ressources en eau dans les zones d’extraction est déjà une réalité alarmante.
Concilier les nouvelles perspectives économiques et la préservation écologique, un défi !
Dans un contexte où la transition vers une économie plus durable et respectueuse de l’environnement est devenue une priorité mondiale, il est essentiel d‘évaluer attentivement les coûts et les bénéfices de l’exploitation du lithium.
Par conséquent, les défis environnementaux et sociaux posés par cette industrie nécessitent une approche équilibrée et inclusive. En effet, elle se doit de garantir la protection des droits des communautés locales et la préservation des écosystèmes fragiles.
Les exemples de régions comme le salar du Hombre Muerto en Argentine et San Pedro de Atacama au Chili, où l’extraction du lithium a entraîné la sécheresse des plaines fluviales, révèlent déjà les risques associés à cette industrie.
Une économie plus verte est-elle compatible avec l’exploitation du lithium ?
De leur côté, les défenseurs de l’exploitation minière affirment que le lithium est crucial pour la transition vers une économie plus verte. Effectivement, le lihium en alimente les véhicules électriques et les systèmes de stockage d’énergie renouvelable.
Cependant, les opposants soulignent que cette transition ne doit pas se faire au détriment des droits des peuples autochtones et de la préservation de l’environnement.
Globalement, des enjeux environnementaux, économiques et sociaux sont intimement liés aux politiques extractivistes sud-américaines défendues par les Etats.
Par ailleurs, une dépendance excessive à l’égard de cette ressource peut rendre ces économies vulnérables aux fluctuations des prix mondiaux du lithium et aux demandes du marché. La crise au Venezuela et son économie fondée sur une redistribution de la rente pétrolière en est un exemple cruel !
Par conséquent, il est essentiel de mettre en œuvre des pratiques d’extraction responsables, telles que la régénération des zones minières, la réduction de la consommation d’eau et d’énergie, et la mise en place de mesures de protection de la nature.
Des réserves de lithium convoitées en Argentine, Chili et Bolivie
A titre informatif, les principales réserves de lithium en Amérique du Sud se trouvent principalement dans trois pays : l’Argentine, le Chili et la Bolivie.
Ainsi, le Chili possède les plus grandes réserves de lithium au monde, principalement dans le Salar d’Atacama, situé dans le nord du pays. Par ailleurs, la Bolivie détient des réserves importantes de lithium au sein du Salar d’Uyuni qui constitue un écrin naturel d’exception !
En Argentine, le conflit entre les peuples autochtones et les exploitants de lithium à Jujuy témoigne des défis qui résultent du besoin grandissant de cette ressource précieuse abritée dans des régions qui le sont tout autant.
En conclusion, cette opposition frontale souligne également l’importance de favoriser des pratiques industrielles durables et respectueuses des droits humains pour assurer un avenir viable à tous.