L’Argentine, troisième économie d’Amérique latine, traverse une période économique orageuse marquée par des défis tenaces. En effet, le pays sud-américain rencontre un épisode particulièrement ardu avec une inflation galopante, une instabilité politique et des défis macroéconomiques persistants.
L‘inflation en Argentine demeure l’un des enjeux les plus urgents. En 2024, l’inflation devrait atteindre un taux vertigineux de 175 % (OECD).
Ce phénomène est en grande partie attribué aux ajustements des prix relatifs engagés par le gouvernement conservateur de Javier Milei, qui a pris des mesures audacieuses pour corriger les prix et stabiliser l’économie.
Depuis son arrivée au pouvoir, le taux de change a augmenté de 120 % en décembre 2023 et continue de croître à un rythme mensuel de 2 % (BBVA Research).
Contexte économique en Argentine en 2024
L’Argentine, l’une des plus grandes économies d’Amérique latine avec un PIB d’environ 640 milliards USD, compte de nombreux atouts. En effet, le pays est riche en ressources naturelles, particulièrement dans les secteurs de l’agriculture, du gaz, et des réserves de lithium.
Malgré cela, l’économie argentine a été gravement secouée par des déséquilibres macroéconomiques persistants et des conditions climatiques défavorables, telles que la sécheresse, qui ont conduit à une réduction de 26 % de la production agricole en 2023 (World Bank) (BBVA Research).
Or, le secteur agricole représente 10% du PIB du pays (selon des données de 2022 ).
Par ailleurs, l’Argentine se caractérise par une histoire économique marquée par des cycles de croissance rapide suivis de crises financières.
En fait, depuis le début du XXIe siècle, l’économie argentine a connu des périodes de croissance significative, mais aussi des crises sévères, notamment la crise financière de 2001-2002 et la récession actuelle, exacerbée par la crise sanitaire mondiale de la COVID-19.
L’industrie manufacturière argentine a connu une reprise vigoureuse avec une croissance de 10,6% en 2023, mais cette croissance est inégale entre les différents secteurs.
Par exemple, l’industrie de production de métaux de base a un taux d’utilisation des capacités de 86,9%, tandis que la transformation des métaux hors automobiles n’atteint que 54,1% (Tresor Economie). De fait, cette disparité témoigne d’une reprise inégale au sein du secteur industriel.
Une économie argentine marquée par une inflation galopante
L’un des problèmes les plus pressants de l’économie argentine reste l’inflation. Selon l’Institut national de statistique et de recensement (INDEC), le taux d’inflation annuel en 2023 a atteint 95%, un niveau parmi les plus élevés au monde.
Pour comprendre l’impact sur le pouvoir d’achat des Argentins, cela signifie que les prix à la consommation ont plus que doublé en 2023 par rapport à 2022 (Statista) !
Cette hyperinflation a miné le pouvoir d’achat des Argentins et a suscité une instabilité économique majeure.
En effet, les prix des biens de consommation courante, tels que les aliments et les médicaments, ont flambé rendant la vie quotidienne de nombreux Argentins extrêmement rude.
Taux de change et réserves de devises en Argentine
Le peso argentin a enduré une dévaluation significative face au dollar américain. En mai 2024, le taux de change était d’environ 230 pesos pour un dollar, contre 170 pesos pour un dollar en mai 2023, selon les données de la Banque Centrale d’Argentine. Cette dévaluation a participé à l’inflation en augmentant le coût des importations.
De plus, les réserves de devises étrangères de l’Argentine sont également en baisse. En avril 2024, les réserves internationales se chiffraient à environ 33 milliards de dollars, contre 45 milliards de dollars l’année précédente.
Cette diminution réduit la capacité de l’État à opérer sur les marchés des changes pour stabiliser le peso.
Dette publique de l’Argentine
La dette publique reste un sujet de préoccupation prépondérant de l’économie argentine. D’après les informations du ministère de l’Économie, la dette publique atteignait 361 milliards de dollars en décembre 2023, soit environ 85% du PIB.
Toujours selon les renseignements du ministère de l’Économie, la dette publique atteignait 361 milliards de dollars en décembre 2023, soit environ 85% du PIB. La restructuration de la dette en 2020 a octroyé un certain répit, mais les échéances de remboursement demeurent un enjeu pour le gouvernement.
Mesures d’austérité prises par le gouvernement Milei
Le gouvernement de Milei a instauré des dispositifs d’austérité draconiens, notamment des compressions importantes des subventions, la privatisation de nombreuses entreprises publiques et des coupes dans les dépenses sociales, y compris les pensions et les salaires des fonctionnaires.
Ces dispositions tendent à atteindre un équilibre budgétaire en amoindrissant les dépenses publiques et en éliminant l’émission monétaire pour financer le déficit.
Taux de chômage et pauvreté, conséquences de la crise
Le marché du travail affiche des signaux de tension. Parallèlement, le taux de pauvreté urbaine a progressé à 40,6 % au premier semestre 2021, avec une indigence frappant 10,7 % de la population.
Par ailleurs, les indicateurs sociaux continuent de se dégrader, attisant les inégalités et les tensions sociales (Tresor Economie).
Le taux de chômage en Argentine était de 10,4% au premier trimestre de 2024 (contre 7,35% sur l’année 2023), selon l’INDEC. La pauvreté accable près de 40% de la population, un chiffre qui a augmenté en raison de la crise économique et de la pandémie de COVID-19.
Évidemment, ces chiffres dénotent des défis sociaux considérables, avec une partie substantielle de la population luttant pour subvenir à ses besoins basiques.
Politiques gouvernementales et réformes économiques
Le gouvernement argentin a tenté de mettre en place diverses réformes économiques pour équilibrer la situation. Parmi celles-ci, on compte la mise en œuvre de contrôles des prix et des changes, ainsi que des programmes sociaux pour aider les plus vulnérables.
Toutefois, ces mesures ont souvent été critiquées pour leur inefficacité à long terme et leur impact limité.
En janvier 2024, le gouvernement a annoncé un nouvel accord avec le Fonds Monétaire international (FMI) visant à obtenir une ligne de crédit de 45 milliards de dollars sur trois ans. Cet accord inclut des conditions strictes, telles que la réduction des subventions énergétiques et la mise en œuvre de réformes fiscales.
Perspectives pour l’économie argentine
Les perspectives pour le reste de 2024 restent indécises. Les réformes structurelles et les politiques de désinflation pourraient potentiellement stabiliser l’économie à long terme, mais elles exigent un soutien politique et social pour aboutir.
Le gouvernement Milei mise sur une simplification de l’économie et une stratégie axée sur le marché pour redynamiser la croissance économique.
Que retenir ?
Pour soutenir l’économie, il est crucial de réduire l’inflation et de conforter la confiance des investisseurs.
En fait, la réduction des subventions énergétiques et la modération des dépenses publiques sont des mesures nécessaires pour atteindre les objectifs budgétaires.
Cependant, la réalisation de ces objectifs dépendra en grande partie de la faculté du gouvernement à fureter dans un contexte politique et économique extrêmement volatil.
En somme, l’Argentine se trouve à un carrefour critique où des réformes économiques audacieuses et une gestion prudente des politiques publiques seront indispensables pour surmonter les défis actuels et mettre le pays sur la voie de la stabilité et de la croissance durable.