Les Andes, qui s’étendent sur plus de 7 000 kilomètres le long de la côte ouest de l’Amérique du Sud, sont un haut lieu de glaciers tropicaux. Cependant, la région est confrontée à une fonte rapide des glaciers. En effet, ces étendues glacées, situées près de l’équateur, sont des témoins silencieux, mais hautement révélateurs du changement climatique.
En fait, contrairement à leurs homologues des régions polaires, ces glaciers se trouvent à des altitudes élevées et sont, à ce titre, sensibles aux moindres variations de température.
Un glacier tropical est un glacier situé dans les régions tropicales de la planète (Andes, Afrique de l'est, Nouvelle-Guinée), c'est-à-dire entre les tropiques du Cancer et du Capricorne. Contrairement aux glaciers polaires, qui se trouvent aux pôles de la Terre, les glaciers tropicaux sont situés près de l'équateur, mais à des altitudes très élevées.
Ainsi, en Amérique du Sud, l’imposante Cordillère abrite certains des glaciers tropicaux les plus importants au monde. Ils jouent un rôle majeur dans la régulation du flux des rivières, soutiennent la biodiversité locale et fournissent de l’eau douce aux communautés locales.
Les pays tels que la Colombie, l’Équateur, le Pérou et la Bolivie dépendent de ces glaciers pour l’irrigation, l’eau potable et la production hydroélectrique.
Or, le récent évènement marquant, à savoir l’annonce de la disparition du dernier glacier du Venezuela, symbolise un tournant critique dans la lutte contre le réchauffement climatique.
La disparition du dernier glacier tropical des Andes au Venezuela
Le Venezuela, autrefois doté de cinq glaciers dans la Sierra Nevada de Mérida, a récemment perdu officiellemen son dernier glacier, le glacier Humboldt. Cette surface gelée était également connue sous le nom de « La Corona », et s’élevait à environ 4 900 mètres d’altitude sur le pic Humboldt, le deuxième plus haut sommet du pays.
La fonte du glacier Humboldt est attribuée à une combinaison de facteurs climatiques, notamment l’augmentation des températures et la diminution des précipitations neigeuses.
Selon les scientifiques, cette perte est une conséquence directe du réchauffement climatique, qui affecte de manière disproportionnée les régions tropicales élevées.
Ainsi, début mai, l’Initiative internationale pour le climat cryosphérique (ICCI), une organisation qui surveille les zones gelées et enneigées de la planète, révélait sur le réseau social X que le dernier glacier vénézuélien, connu sous le nom de Humboldt était devenu « trop petit pour être classée comme glacier ».
Le glacier Humboldt au Venezuela a rendu les armes
Le glacier Humboldt était le dernier glacier du Venezuela. Depuis le début du 20e siècle, il avait perdu 99 % de sa superficie, passant de 0,6 km² en 1910 à moins de 0,1 km² en 2015 !
Cette disparition rapide est attribuée principalement à l‘augmentation des températures de l’air et aux changements climatiques globaux, qui affectent particulièrement les régions à haute altitude des tropiques (NASA Earth Observatory).
Réchauffement climatique et fonte des glaciers tropicaux des Andes
Le réchauffement climatique accélère la fonte des glaciers à un rythme alarmant, c’est un fait scientifique. Selon le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), la température moyenne mondiale a augmenté d’environ 1,1°C depuis l’ère préindustrielle, avec des impacts flagrants sur les zones tropicales.
Les glaciers tropicaux des Andes ont cruellement souffert. Entre 1986 et 2018, environ 30 % des glaciers andins ont disparu. En toute logique, cette fonte rapide a des conséquences dramatiques pour les écosystèmes locaux et les populations humaines.
La fonte des glaciers des Andes
En fait, les glaciers andins, s’étendant de la Colombie à la Patagonie, montrent des signes alarmants de recul.
Une étude récente a révélé que les glaciers des Andes perdent en moyenne près de 3 pieds d’épaisseur chaque année. Cette fonte affecte de manière notable les glaciers à basse altitude en Patagonie, qui sont les plus vulnérables aux hausses de température.
Les glaciers de cette région comptent pour 83 % de toute la perte de glace en Amérique du Sud (Yale E360).
En Colombie, des ONG travaillent à restaurer les paramos en plantant des frailejones, des plantes qui retiennent naturellement l’eau et aident à réguler le climat local.
Les glaciers ont perdu 90 % de leur couverture depuis le milieu du 19e siècle. La fonte des glaciers perturbe l’approvisionnement en eau des villes et des écosystèmes locaux.
À Bogotá, 70 % de l’eau provient des paramos, des écosystèmes de haute montagne situés sous les glaciers.
La fonte des glaciers menace donc directement la disponibilité en eau douce pour des millions de personnes en Amérique du Sud.
Cependant, ces efforts peuvent seulement réduire partiellement les effets du changement climatique, et il est urgent de réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter les dommages futurs.
Exemple du Pérou
Le Pérou abrite plus de 70 % des glaciers tropicaux du monde. La fonte de ces glaciers a des conséquences désastreuses pour le pays, où l’agriculture de subsistance et les communautés rurales dépendent fortement de l’eau de fonte des glaciers.
La réduction des ressources en eau menace la production alimentaire et la stabilité économique des régions rurales.
Par exemple, en 1970, le Pérou comptait environ 2 000 km² de glaciers. Aujourd’hui, cette superficie a diminué de plus de 40 %. Evidemment, cette réduction a des conséquences directes sur la disponibilité de l’eau dans la région, mettant en danger les écosystèmes locaux et les moyens de subsistance des communautés locales.
Exemple de la Bolivie
En Bolivie, les glaciers tropicaux jouent un rôle crucial dans l’approvisionnement en eau des grandes villes comme La Paz et El Alto.
Le glacier Chacaltaya, en Bolivie, est souvent cité comme un exemple emblématique de cette disparition. Situé à environ 5 300 mètres d’altitude, ce glacier était autrefois la plus haute station de ski du monde.
Cependant, en 2009, le glacier avait presque entièrement disparu, victime de l’augmentation des températures moyennes et de la variabilité climatique accrue.
La fonte du glacier Chacaltaya a exacerbé les problèmes de pénurie d’eau. Les autorités locales doivent depuis chercher des solutions alternatives pour approvisionner les populations urbaines en eau potable.
Les conséquences écologiques et sociales de la fonte des glaciers
La fonte des glaciers tropicaux des Andes a des répercussions écologiques profondes. Bien sûr, les écosystèmes de haute montagne, qui dépendent des glaciers pour l’eau, sont particulièrement vulnérables.
En fait, la disparition des glaciers entraîne des changements dans la végétation, avec l’apparition de nouvelles espèces végétales sur les terrains autrefois recouverts de glace.
Cependant, cela peut également entraîner la perte d’espèces endémiques adaptées aux environnements glaciaires (PhysOrg).
Sur le plan social, la disparition des glaciers affecte les communautés locales qui dépendent de l’eau de fonte pour l’irrigation et l’eau potable.
En outre, le tourisme, une source de revenus importante pour les régions andines, souffre également de cette perte, car les paysages glaciaires attirent traditionnellement de nombreux touristes amateurs de trek et de sensations fortes.
Certes, ces glaciers sont essentiels non seulement pour leur beauté naturelle, mais aussi pour les services écologiques qu’ils fournissent.
Ils agissent comme des réservoirs d’eau douce, régulant les cycles hydrologiques et fournissant de l’eau pour l’irrigation, la consommation humaine et l’énergie hydroélectrique.
Perspectives de préservation des glaciers tropicaux andins
Face à ces défis, il est crucial de renforcer les efforts de conservation et d’adaptation. Les gouvernements et les communautés doivent travailler ensemble pour développer des stratégies durables de gestion des ressources en eau et pour atténuer les impacts du changement climatique.
La sensibilisation et l’éducation sur l’importance des glaciers tropicaux sont également essentielles pour mobiliser le soutien nécessaire à leur protection.
Par ailleurs, outre le réchauffement global, des facteurs locaux tels que la déforestation, les changements dans les régimes de précipitations et l’augmentation de la pollution atmosphérique contribuent également à la dégradation des glaciers.
Par exemple, la suie et les particules de poussière peuvent se déposer sur les glaciers, réduisant leur albédo (leur capacité à réfléchir la lumière solaire) et accélérant ainsi leur fonte.
Comment agir ?
Mesures de mitigation
Pour ralentir la fonte des glaciers, il est essentiel de réduire les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle mondiale. De fait, des politiques énergétiques plus propres, la promotion des énergies renouvelables et la réduction de la déforestation sont des étapes cruciales.
Adaptation et résilience
Les communautés locales doivent être préparées à s’adapter aux changements inévitables. Cela inclut la gestion durable des ressources en eau, la diversification des sources d’eau et l’amélioration des infrastructures pour faire face aux catastrophes naturelles.
Sensibilisation et recherche
Par conséquent, il est crucial de continuer à sensibiliser le public et les décideurs aux impacts du changement climatique. La recherche scientifique doit être soutenue pour mieux comprendre les dynamiques des glaciers tropicaux et développer des stratégies d’adaptation efficaces.
En résumé
La disparition des glaciers tropicaux en Amérique du Sud, et en particulier au Venezuela, est un indicateur alarmant du réchauffement climatique.
Définitivement, la perte du glacier Humboldt symbolise une étape critique dans la crise climatique, soulignant l’urgence d’actions globales pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et protéger les écosystèmes vulnérables.
La communauté scientifique continue de documenter ces changements, offrant ainsi des informations précieuses pour les futures stratégies de conservation et d’adaptation.