Venezuela 2024 : Analyse de la situation économique et politique en crise

Autrefois, le Venezuela était l’un des pays les plus riches d’Amérique latine grâce à ses immenses réserves de pétrole. Mais depuis plusieurs années, le pays sud-américain traverse une crise économique et sociale profonde sur fond de délitement politique.

En fait, cette crise dramatique pour la population est exacerbée par une série de politiques économiques inadéquates et un contexte politique instable et autoritaire.

Malgré un potentiel économique considérable, le pays est confronté à des défis majeurs tels que l’hyperinflation, une dette publique élevée, et une gestion économique souvent critiquée pour son manque d’efficacité et de transparence.

Légère reprise économique et inflation au Venezuela

Le PIB réel du Venezuela a connu une croissance de 5,6 % en 2023 et devrait croître de 5 % en 2024, soutenue par une augmentation de la production pétrolière et un assouplissement des sanctions américaines.

En effet, ce développement positif est en partie le résultat d’un accord conclu entre le gouvernement vénézuélien et les partis d’opposition fin 2022, qui a permis une reprise limitée des opérations énergétiques par Chevron Corp et d’autres entreprises européennes.

Cette reprise est renforcée par une demande élevée de pétrole, en particulier en raison des sanctions imposées au pétrole russe.


Production de Pétrole (2021, 2023)

Toutefois, le pays continue de lutter contre une hyperinflation dévastatrice, avec un taux d’inflation annuel qui reste l’un des plus élevés au monde, atteignant 155,8 % en octobre 2022​.

En 2023, le taux d’inflation vénézuélien avait augmenté d’environ 360 % par rapport à l’année précédente !

Le Venezuela, avec un taux d’inflation de 360 %, est en tête, suivi du Zimbabwe, du Soudan et de l’Argentine en 2023

Dette publique et déficit fiscal

La dette publique reste un problème majeur, avec un taux qui était de 240,5 % du PIB en 2021, bien que cela représente une baisse par rapport à l’année précédente.

Le déficit fiscal se maintient également à des niveaux élevés, soulignant les défis persistants en matière de gestion fiscale et budgétaire​​.

Secteur pétrolier et commerce international

Le secteur pétrolier demeure un pilier central de l’économie vénézuélienne, stimulé récemment par des accords de coopération comme celui signé avec l’Iran, et la reprise des exportations vers certains pays européens malgré les sanctions.

Cette dynamique pourrait améliorer la situation financière du gouvernement à court terme​ (GlobalData)​.

Défis sociaux et migration

Sur le plan social, le Venezuela est aux prises avec une crise humanitaire. On estime que 12,3 millions de Vénézuéliens sont en insécurité alimentaire, et il y a un effondrement significatif des services de santé, entraînant la résurgence de maladies évitables et des obstacles dans la fourniture des soins de santé​ (HRW)​.

Le Venezuela fait également face à une crise migratoire critique, avec plus de 7,1 millions de Vénézuéliens ayant fui depuis 2014, principalement vers d’autres pays d’Amérique latine​.

Nombre de Vénézuéliens (en millions) par pays

Il s’agit de l’une des plus grandes crises migratoires au monde, avec des millions de Vénézuéliens ayant fui le pays​ (United States Institute of Peace)​.

Par ailleurs, la fuite des cerveaux et l’émigration massive continuent de priver le pays de talents et de ressources humaines essentielles​ (GlobalData)​.

Répartition des réfugiés et migrants vénézuéliens en 2023 :
Total Migrants et Réfugiés : plus de 7,7 millions ;
Demandeurs d’Asile : plus de 1 million ;
Réfugiés Reconnus : plus de 230 000.

Éducation et inégalités au Venezuela

Les disparités en matière d’accès à l’éducation restent un problème, avec des taux d’accès significativement plus bas pour les populations pauvres, en particulier dans l’enseignement supérieur. De plus, cette situation limite les opportunités de développement personnel et économique pour une grande partie de la population​ (BTI 2024)​.

Développement durable et environnemental

Le pays fait également face à des défis environnementaux, notamment en raison de l‘exploitation minière dans l’Arc minier de l’Orénoque, qui a causé des dommages écologiques et sociaux importants.

Cette exploitation est souvent réalisée sans les évaluations d’impact environnemental requises et avec peu de consultations avec les communautés indigènes.

En outre, la dégradation de l’équipement dans le secteur pétrolier a conduit à des déversements d’hydrocarbures et d’autres formes de pollution​ (BTI 2024)​.

Une politique vénézuélienne répressive, une économie exsangue

La situation politique actuelle au Venezuela reste tendue et complexe, marquée par une répression gouvernementale croissante et des défis significatifs pour la tenue d’élections libres et équitables prévues dans quelques semaines (le 1er tour se tiendra le 28 juillet 2024).

Le gouvernement de Nicolás Maduro continue de consolider son pouvoir à travers des mesures répressives contre les opposants politiques et les défenseurs des droits humains.

Plusieurs incidents récents ont illustré cette tendance, comme l’arrestation arbitraire de la défenseure des droits humains Rocio San Miguel et l’expulsion annoncée des membres du Bureau du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme (OHCHR) en février 2024, signe d’une volonté d’éviter la surveillance internationale !

En outre, les restrictions sur l’espace civique se sont accrues, avec des attaques ciblées contre les médias, les ONG et les syndicats. Plusieurs syndicalistes affrontent des intimidations, certains finissent en prison sous des accusations de conspiration et d’association criminelle, ce qui montre une utilisation abusive des mesures antiterroristes contre ceux qui défendent les droits des travailleurs​ (HRW)​.

Les efforts de l’opposition pour organiser des primaires et présenter une candidature unifiée rencontrent également des obstacles significatifs, notamment en raison du manque de confiance dans le Conseil national électoral, contrôlé par le gouvernement, et des défis logistiques pour inclure la diaspora vénézuélienne dans le processus électoral (CSIS).

Le paysage politique avant le scrutin de juillet 2024 au Venezuela

Les élections présidentielles au Venezuela opposeront principalement le président actuel, Nicolás Maduro, du Partido Socialista Unido de Venezuela (PSUV), à l’opposant Edmundo González Urrutia.

En fait, le président Maduro, au pouvoir depuis 2013, cherche à obtenir un troisième mandat, malgré des accusations récurrentes d’élections manipulées et de répression politique.

En fait, sa gestion est synonyme d’une spectaculaire dégradation économique et d’une érosion des institutions démocratiques​ !

Edmundo González Urrutia, un diplomate à la retraite et universitaire, représente la coalition d’opposition, Plataforma Unitaria. En fait, il a été choisi après que plusieurs candidats principaux, dont María Corina Machado, aient été disqualifiés par des décisions judiciaires.

González Urrutia promet de travailler pour une transition démocratique, la reprise économique, et la stabilisation du pays. Par ailleurs, il bénéficie de l’appui de divers secteurs politiques, y compris de certains secteurs traditionnellement chavistes, ainsi que de la diaspora vénézuélienne​ (Americas Quarterly)​.

Cependant, le processus électoral est entaché de préoccupations sur sa légitimité. En effet, la campagne se caractérise par des restrictions imposées aux candidats de l’opposition et par des craintes de manque de transparence et d’équité dans le déroulement du scrutin).

En résumé, les critiques, tant locales qu’internationales, mettent en doute la possibilité d’une élection libre et juste sous le régime actuel.

La communauté internationale, y compris des organisations comme le Groupe de Lima et l’Union européenne, ainsi que de nombreux pays, surveille de près ces élections, espérant des avancées vers une plus grande stabilité et démocratie dans le pays

Politique de N. Maduro et répercussions économiques au Venezuela

L’hyperinflation est une conséquence directe de la gestion économique du gouvernement, notamment de la surimpression monétaire pour financer les déficits publics.

Ceci a entraîné une dévaluation massive du bolívar, la monnaie nationale, réduisant ainsi le pouvoir d’achat des ménages et augmentant les coûts de vie. Cette instabilité monétaire a eu des effets dévastateurs sur l’économie domestique, contribuant à une pauvreté et une insécurité alimentaire accrues​ (FocusEconomics)​.

Les politiques gouvernementales ont également influé sur le fonctionnement des services publics et des infrastructures. Les investissements insuffisants et la gestion inefficace ont conduit à une détérioration des infrastructures essentielles, comme l’électricité, l’eau, et les soins de santé, aggravant ainsi la crise humanitaire et économique.

La situation politique instable, combinée à un environnement réglementaire imprévisible, a eu un impact dissuasif sur les investissements étrangers. Les entreprises internationales font preuve de réticence au moment d’investir dans un pays où les règles peuvent changer abruptement et où les actifs peuvent être nationalisés sans compensation adéquate. Cela limite les opportunités économiques et la création d’emplois, exacerbant le chômage et la stagnation économique​ (FocusEconomics)​.

Les tensions politiques ont également affecté les relations internationales du Venezuela, particulièrement avec ses voisins et les grandes puissances mondiales. Cela a eu des répercussions sur l’aide humanitaire et les accords commerciaux, limitant ainsi les ressources disponibles pour répondre aux besoins urgents de la population​ (Crisis Group)​​ (HRW)​.

Enfin, les sanctions imposées par les États-Unis et d’autres pays ont eu un impact significatif sur l’économie vénézuélienne, notamment en limitant l’accès aux marchés internationaux et en réduisant les exportations de pétrole, une source majeure de revenus pour le pays.

Quelles sont les perspectives de sortie de crise pour le Venezuela ?

La relance économique reste fragile et dépendante des fluctuations du marché pétrolier mondial et des dynamiques politiques internes et externes. La capacité du Venezuela à maintenir sa trajectoire de croissance économique dépendra de la stabilité politique future et de la gestion des ressources naturelles, notamment dans le contexte des relations internationales et des accords commerciaux​

Pour une amélioration durable de l’économie vénézuélienne, il est essentiel d’adopter des réformes économiques cohérentes et de rétablir la confiance des investisseurs. Cela inclut la stabilisation du cadre macroéconomique, la garantie des droits de propriété, et une gestion plus transparente et efficace des ressources du pays.

Le dialogue politique, soutenu par des acteurs internationaux, reste crucial pour atteindre une stabilité politique qui est précondition nécessaire pour la reprise économique durable​ (United States Institute of Peace)​.

Le climat de répression et l’absence d’un terrain de jeu électoral équitable posent des défis majeurs pour le futur politique du Venezuela, avec des implications potentielles non seulement pour la stabilité intérieure du pays mais aussi pour la région dans son ensemble.

Les organisations internationales et les gouvernements étrangers continuent de surveiller la situation de près, appelant à une reprise des négociations et à une amélioration des conditions démocratiques dans le pays.

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