Au Guatemala, les personnes affectées par l’inquiétante éruption du volcan de Fuego ont pu regagner, vendredi dans la soirée, leur domicile après qu’ils aient été contraints, pour raisons de sécurité, d’évacuer jeudi 13 septembre la zone située à proximité du colosse décidément bien agité ces derniers mois.
Ce sont plus de 10 000 personnes résidant dans les localités de Sangre de Cristo, Panimaché, Morelia et la Rochela, dans les départements de Yepocapa, Chimaltenango San Juan Alotenango, et Sacatepéquezqui, qui ont dû quitter préventivement, jeudi, leurs foyers assistées par les équipes de la Protection civile et l’armée. Une décision prise après que les autorités aient enregistré une forte activité volcanique qui s’est caractérisée par l’émission de cendres à plus de 3000 m au-dessus du cratère, par des coulées pyroclastiques modérées qui ont dévalé les pentes du géant sur pas moins de 600 mètres, mais aussi par des phénomènes explosifs réguliers.
« Ce type d’éruption est d’une intensité au-dessus de la normale, cela n’avait pas été vu depuis quelques années, alors l’alerte orange institutionnelle a été décrétée (danger) dans les alentours du volcan », avait rapporté l’expert de l’Institut de volcanologie, Gustavo Chigná aux médias locaux.
Alejandro Maldonado, directeur de la Conred ou Centre de prévention des désastres (Coordinadora Nacional para la Reducción de Desastres), avait informé les médias locaux de « l’évacuation massive de milliers de personnes » précisant qu’elles allaient être accueillies dans des hébergements provisoires où les attendaient des rations de nourriture, de l’eau potable et des couvertures.
De grandes fumerolles avaient été enregistrées depuis la capitale et sur la route du Pacifique, à 20 km du cratère, des automobilistes avaient également fait mention d’ un immense nuage de cendres qui émanait d’un flanc du volcan, situé entre les départements de Chimaltenango, Escuintla et Sacatepequez, au sud-ouest de la ville de Guatemala.
Les nuages de cendres réduisaient la visibilité à moins de 3 m à proximité du volcan de Feu qui culmine à 3763 m d’altitude au-dessus du niveau de la mer. Les individus évacués étaient pour la plupart de paysans d’origine kakchikel, il s’agit majoritairement d’indigènes pauvres vivant de façon isolée. Le vulcanologue Gustavo Chicna a déclaré que des nuages toxiques avaient parcouru 80 km de distance à la ronde. Dans la région frontalière du Chiapas au Mexique, les conditions météorologiques (et plus particulièrement la direction des vents) avaient été observées de près afin d’anticiper l’arrivée éventuelle d’un nuage de cendres. Les personnes touchées par cette nouvelle éruption ont été hébergées durant 24 heures dans des abris avant de regagner leur domicile avec la consigne de rester extrêmement attentives à l’évolution du phénomène éruptif. L’alerte jaune niveau 2 reste maintenue impliquant un cordon de sécurité de 12 km autour du volcan et le contrôle du trafic sur l’axe Santiago Xalitzintla et San Pedro Nexapa, via Paso de Cortés.
Pour rappel, les cendres volcaniques sont source de danger pour la santé, elles peuvent causer de sérieux dommages sur la peau, mais aussi sur les yeux en provoquant des irritations et des lésions ». Les gaz et les cendres exhalées par le volcan peuvent provoquer des symptômes similaires à des allergies avec des conjonctivites, des éternuements, et même des manifestations nauséeuses.
Cette année le volcan de Fuego a connu pas moins de six épisodes éruptifs, celui-ci fut le plus fort enregistré depuis 1999 comme l’a précisé le vulcanologue de l’Insivumeh, Eddy Sánchez, également directeur de l’Institution, qui a déclaré aux journalistes que la lave expulsée par le volcan dépassait les 700°C et que les cendres avaient atteint une altitude de 3000 m.
C’est la plus forte éruption de ces dix dernières années au Guatemala. Le volcan Fuego, dont le nom en langue indigène kakchikel est ‘Chi Cag’ (« là où se trouve le feu »), est l’un des volcans les plus actifs de la région.
Le 3 septembre, les autorités avaient mis en place une alerte jaune sur la zone, après que ce volcan avait enregistré sa troisième et plus importante éruption de l’année.
Le volcan de Fuego situé à 60 km au sud de la ville de Guatemala, entre les départements de Sacatepéquez, Escuintla et Chimaltenango, dans le centre-sud du Guatemala a augmenté en activité depuis la fin mai, le volcan de Feu est considéré comme l’un des plus impressionnants d’Amérique centrale en raison de son activité constante et de la violence de cette dernière qui génère de grandes émissions de vapeur et de gaz à haute température.
Il s’agit de l’un des volcans (de la catégorie des stratovolcans) les plus actifs d’Amérique centrale. Il entre irrégulièrement en éruption depuis 1524 et connaît une phase éruptive depuis 2002. Pour information, le stratovolcan est un édifice volcanique important qui s’est constitué par l’accumulation, au fil des éruptions (en plusieurs centaines de milliers d’années au moins), de coulées de lave et de niveaux de cendres. Le stratovolcan est un volcan aux manifestations explosives, qui se caractérise par des versants très pentus, et la présence d’un dôme à son sommet, composé de lave très visqueuse et empli de gaz.
En 2010, une éruption du volcan Pacaya, un des quatre volcans encore actifs du pays, situé à quelques dizaines de kilomètres de la capitale guatémaltèque, avait recouvert Guatemala City d’un nuage de cendres, forçant l’évacuation de centaines de familles et la fermeture de l’aéroport. Le sinistre avait fait au moins deux morts et trois disparus.
(Aline Timbert)