La confusion règne au Salvador depuis dimanche dernier, une journée marquée par le second tour des élections présidentielles qui devaient, en toute logique, permettre d’élire le président de la République de ce pays d’Amérique centrale. En effet, les résultats extrêmement serrés entre les deux candidats n’ont pas permis pour le moment d’annoncer officiellement le nom du nouveau chef de l’État qui succédera à Mauricio Funes.
Après le dépouillement de 100 % des bulletins, les résultats donnaient vainqueur le candidat Sánchez Cerén avec seulement 50,11% des votes tandis que Norman Quijano réunissait 49,89 % des suffrages. Ce sont en fait environ 6000 bulletins qui séparent les deux prétendants aux plus hautes fonctions de l’État. Le Tribunal suprême électoral du Salvador a souligné qu’aucun parti ne pouvait se déclarer vainqueur, un état de fait réitéré lundi à la mi-journée, malgré cela chaque candidat n’a pas hésité à se déclarer en tête des suffrages dès dimanche, une situation abracadabrante qui n’a toujours pas été réglée alors que les esprits s’échauffent au fil des jours.
Une vérification a donc été décidé pour départager le représentant du parti opposant au pouvoir en place, Alianza Republicana Nacionalista (ARENA), incarné par Norman Quijano et le représentant du parti en place Frente Farabundo Martí para la Liberación Nacional (FMLN), Salvador Sánchez Cerén.
Mais nouveau rebondissement mardi 11 mars avec la demande émise par le candidat du parti de droite ARENA qui a réclamé tout simplement l’annulation du processus électoral qui s’est tenu le 9 mars. Norman Quijano a annoncé aux journalistes que son parti a « présenté un recours en annulation » devant le Tribunal suprême électoral soulignant que ce dernier a refusé sa demande de recomptage des voix « vote par vote ». Cette réclamation a été rejetée par le TSE qui juge la requête illégitime du fait que le nombre de bulletins contestés est inférieur à l’écart de voix entre les deux prétendants à la victoire finale.
Le parti opposant, qui accuse le Tribunal suprême électoral de partialité, a également annoncé le retrait de ses représentants sollicités pour les opérations de recomptage, « Si le tribunal [électoral] rejette le recours en nullité que nous avons présenté, nous irons jusqu’à la Cour suprême de justice », a informé le candidat Quijano. Norman Quijano dénonce une fraude électorale menée à son encontre et pointe du doigt plus de 100 irrégularités, ce qui l’incite à réclamer un recomptage des voix « vote par vote », or la vérification telle qu’elle a été décidée ne concerne que les procès-verbaux de 10 445 urnes.
De son côté, l’ONU a affirmé dans un communiqué de presse « avoir confiance dans le fonctionnement du Tribunal suprême électoral et dans les autres entités chargées d’administrer le processus, de vérifier la validité de son bon fonctionnement et de résoudre n’importe quelle divergence afin de déterminer la formule présidentielle choisie par la population salvadorienne ». Après quelques heures de confusion, le processus de vérification a finalement repris mercredi au Salvador comme l’a souligné le président du TSE, Eugenio Chicas. L’opposition de droite s’est engagée à reprendre les opérations de comptage, un geste qualifié de positif par Eugenio Chicas, le candidat du parti Arena a néanmoins confié « nous n’allons pas permettre les fraudes du style chaviste ou encore à la façon de Maduro, comme au Venezuela ».
L’OEA (Organisation des états américains), via la mission d’observation électorale, a exhorté tous les acteurs politiques du Salvador à conserver leur calme et à faire en sorte que la révision des bulletins de vote et le comptage des suffrages se déroulent dans la sérénité.
« Maintenir un climat tranquille est la meilleure chose que l’on puisse faire dans ces circonstances », a souligné l’organisme au moyen d’un communiqué de presse. L’OEA a également précisé qu’elle continuerait de surveiller l’opération de recomptage des voix afin de garantir que tout se déroule conformément à la loi sans qu’aucune irrégularité ne puisse être commise et, par conséquent, sans compromettre la volonté citoyenne.
Lors du premier tour des élections, le 2 février, le candidat de gauche appartenant au parti Frente Farabundo Martí para la Liberación Nacional (Fmln), Salvador Sánchez Cerén, est arrivé en tête du scrutin en réunissant 48,95 % des votes après le dépouillement de 79,41 % des suffrages électoraux. C’était la première fois depuis 1994 qu’un second tour présidentiel était organisé au Salvador, le président qui sera élu officiellement dans les prochains jours prendra ses fonctions le 1er juin.
Le résultat serré du vote a été une surprise, car les sondages préélectoraux prédisaient une victoire confortable au candidat du FMLN, l’ancien commandant de la guérilla Salvador Sánchez. Le résultat final des élections devrait être connu dans les prochaines heures, en attendant les tensions se multiplient au Salvador, les partisans du parti ARENA manifestent pour dénoncer les fraudes. Quijano a affirmé qu’on « lui a volé une victoire légitime » et a appelé « ses sympathisants à augmenter la pression sociale, mais de façon pacifique, sans violence, sans pierres, ni bâtons ».
Dernière minute (13/03/2014) : Le TSE a donné dans la nuit de mercredi les résultats définitifs des élections après vérification des procès-verbaux. Le candidat du FMLN, Salvador Sánchez Cerén, a remporté les élections présidentielles (50,11 % des voix) avec 6364 voix d’avance sur son rival de l’ARENA (49,89 % des voix). Il faudra encore trois jours pour que le TSE proclame officiellement le vainqueur dans l’attente d’éventuels recours.
(Aline Timbert)