Au Pérou, le volcan Ubinas fait toujours des siennes, les autorités, qui ont déclaré l’alerte orange pour une durée de 60 jours, sont confrontées à son regain d’activité depuis la mi-avril.
Confrontées aux émanations de cendres et de gaz, les populations les plus proches du volcan vivant dans les districts de Ubinas et San Juan de Tarucani ont été, par mesure de précaution, évacuées, ainsi que leur bétail (environ 30 000 têtes). Les habitants de ces communautés rurales, qui craignaient pour la santé de leurs bêtes, avaient accepté de quitter leurs foyers à condition que leurs animaux soient eux aussi à l’abri, l’élevage et l’agriculture constituent en effet les principales sources de revenus.
Toutefois, l’activité du volcan a des répercussions bien au-delà du périmètre de sécurité établi par les forces de l’ordre, en effet sous l’impulsion du vent, des cendres et une forte odeur de soufre ont atteint la ville de Puno en fin de semaine, plus précisément les districts de Tolapalca, Charamaya, Pichacani, Laraqueri et Huacochullo. L’air est suffocant, or cette incommodante odeur de soufre n’est pas sans incidence sur la qualité de vie des habitants, ce sont près de 2500 personnes qui sont impactées physiquement. Nombreux sont ceux qui souffrent de conjonctivites, de troubles respiratoires et d’irritations de la gorge, en particulier les plus fragiles comme les enfants.
Les autorités se montrent toutefois rassurantes en précisant que la contamination est jusqu’alors très faible, des médecins ont néanmoins été envoyés sur place pour coordonner la distribution de masques et apporter une réponse adaptée aux personnes malades. Le responsable de la Défense civile de la région de Puno, Percy Quispe, a signalé que la surveillance dans la région était renforcée et que la Diresa (Direction régionale de santé) contrôlait une éventuelle pollution des cours d’eau par les retombées de cendres.
Le volcan Ubinas est considéré comme le plus dangereux du pays, il est localisé dans la zone andine de Moquegua, à 1 200 km au sud de la capitale Lima, il couvre une superficie de 45 km². Selon l’Institut Géophysique du Pérou (IGP), 23 épisodes de grande activité (fumerolles et émissions de cendres) ont été enregistrés depuis le XVIe siècle, ce qui fait de ce volcan le plus actif du Pérou.
La ville andine de Puno, située dans le département du même nom, est voisin avec celui de Moquegua, là même où s’élève à 5 672 mètres d’altitude le volcan Ubinas.
Les spécialistes du bureau général de Défense nationale (OGDN) du Minsa recommandent aux résidents exposés aux émanations de matériels volcaniques de protéger leurs yeux avec des lunettes et de procéder à des lavements oculaires sans les frotter sous peine de causer des lésions à la cornée. Pour protéger les voies respiratoires, il est conseillé d’utiliser des masques ou de se couvrir le nez et la bouche avec un tissu humide, le port de vêtements longs est également recommandé pour protéger la peau. L’usage d’un chapeau, d’une casquette, ou autre, peut également permettre d’éviter le contact avec les cendres.
Pour parer toute éventualité, les autorités ont décidé d’établir un plan d’évacuation au cas où le Ubinas deviendrait trop menaçant y compris dans les localités de Puno situées à moins de 40 kilomètres du stratovolcan. Il faut rappeler que le volcan est situé à 100 kilomètres à l’est de la ville d’Arequipa, la deuxième ville la plus peuplée du pays.
Dans son dernier rapport en date du 28 avril, l’Institut de géophysique péruvien a mentionné que l’activité du volcan enregistrait une légère diminution. Selon le rapport, les secousses ressenties dans la zone ont diminué, ce qui laisse supposer que l’apport de magma en profondeur diminue également. Cependant, les experts estiment que les émissions de cendres, de même que l’expulsion de fragments de lave incandescente, vont encore se produire dans les prochains jours.
Franck T