En raison de l’épidémie de rage sylvestre liée aux morsures de chauves-souris, le Ministère de la Santé péruvien a étendu pour une période de 90 jours, à compter du 12 mai, la situation d’urgence sanitaire dans les provinces du DATEM, la région Marañón (Loreto); et la région Oxapampa (Pasco). Plusieurs pays du bassin amazonien comme le Brésil, le Pérou, ou encore l’Équateur sont confrontés par période à des cas de rage sylvestre humaine transmise par ces mammifères hématophages.
Il faut savoir que de nombreux natifs mordus par les chauves-souris appartenant à l’espèce Desmodus Rotundus pensent que l’épidémie a des origines surnaturelles et ne s’en remettent pas à la médecine traditionnelle préférant consulter des chamanes ou autres guérisseurs, une croyance qui menace sérieusement leurs chances de survie. Or, la rage est une maladie dont l’issue est fatale en l’absence d’un traitement adapté, administré rapidement, elle cause environ 50 000 décès par an dans le monde, le plus souvent suite à une infection transmise par un chien enragé. Différents animaux domestiques ou sauvages peuvent transmettre les lyssavirus responsables de la maladie, dont les chauves-souris.
Selon le décret suprême publié hier dans le journal officiel El Peruano, le ministère de la Santé, la Direction Régionale de la Santé de Pasco, le Gouvernement régional de Pasco, la Direction régionale de la santé Loreto et le gouvernement régional de Loreto, pourront effectuer des actions immédiates pour protéger la population contre le virus de la rage dans les départements de Loreto et Pasco. La mesure est en vigueur depuis le 11 février, lorsque les autorités ont reconnu qu’une épidémie de rage sylvestre mettait en danger la santé de la population.
#Rabiasilvestre: 150 nativos son atendidos en pueblo de #Loreto https://t.co/ZwgZoRNIBU pic.twitter.com/ETdGqadAgd
— Lima_El Comercio (@Lima_ECpe) February 14, 2016
Cette mesure a été adoptée en vertu des dispositions du Règlement du décret-loi n° 1156, qui dicte des mesures visant à assurer un service de santé publique là où il y a un risque élevé de dommages sur la santé et la vie des populations (décret suprême n ° 007-2014-SA).
Les morsures de chauve-souris infectées par le virus ont causé la mort d’au moins 12 natifs au mois de février dernier. 242 communautés autochtones doivent à ce jour recevoir la visite de personnel médical pour recevoir une vaccination contre la rage. Les chauves-souris de la sous-famille Desmodontinae sont appelées communément vampires, car elles se nourrissent de sang (hématophages). Il existe seulement trois espèces de chauves-souris vampires : le vampire commun (Desmodus rotundus), le vampire à pattes velues (Diphylla ecaudata) et le vampire à ailes blanches (Diaemus youngi). Ces chauves-souris présentes en Amérique du Sud se nourrissent de petits insectes comme les moustiques et peuvent dans certaines circonstances s’attaquer à l’homme.
Le Service national de santé agraire (SENASA) de la région de San Martin, à travers le secteur de la santé animale, a prévu au mois d’avril de vacciner 50 000 bovins contre la rage, cela vise à protéger le bétail, principalement les bovins, et ce au moyen d’une campagne menée dans toute la région, en mettant l’accent sur les zones considérées à risque élevé et où il y a plusieurs cas enregistrés.
SENASA vacunará a más de 50 mil cabezas de ganado contra la #RabiaSilvestre ►https://t.co/OoAVzIZw4t
Vía @exitosape pic.twitter.com/eTCKMHaDGN— Senasa Perú (@Senasa_Peru) April 22, 2016
La rage sylvestre est transmise aux bovins par des morsures de chauves-souris vampires et la maladie peut être à son tour transmise à l’homme par la consommation de viande infectée et la manipulation des animaux, il est également recommandé aux producteurs touchés dans les zones d’élevage de se protéger de la salive des animaux infectés. La chauve-souris vampire a le pelage ras et brillant et brun foncé sur le dessus. Ses ailes sont noirâtres avec un dessous gris ou blanc et brun. Elle possède deux excroissances sur le museau et a des oreilles triangulaires. Elle n’a pas de queue. Elle est équipée de grandes incisives supérieures triangulaires très coupantes. Le vampire vit dans les forêts tropicales humides (là où il y a des élevages), les forêts-galeries, les prairies, les broussailles et les jardins.
L’Institut Pasteur décrit les symptômes de la rage sur son site officiel comme suit : « Le virus rabique est neurotrope : il modifie le fonctionnement du système nerveux. Il ne provoque pas de lésions physiquement visibles dans le cerveau, mais perturbe les neurones, notamment ceux qui régulent des fonctionnements rythmiques comme l’activité cardiaque ou la respiration. Après quelques jours à quelques mois d’incubation, l’individu atteint développe un tableau d’encéphalite. La phase symptomatique débute souvent par une dysphagie (difficulté à avaler) et des troubles neuropsychiatriques variés, notamment l’anxiété et l’agitation. L’hydrophobie est parfois présente. L’évolution se fait vers le coma et la mort (souvent par arrêt respiratoire) en quelques jours à quelques semaines. L’issue est toujours fatale en l’absence de traitement après exposition ou lorsque la maladie est déclarée ».
Prouesse médicale néanmoins à souligner, puisqu’une femme âgée de 42 ans appartenant à la communauté Yankuntich de Loreto a survécu à la rage au mois de mars dernier après avoir été placée dans le coma artificiel pendant 17 jours à l’hôpital régional Felipe Arriola de Loreto. Elle ne comprend pas très bien pourquoi elle est restée endormie pendant 17 jours, mais c’est grâce à cette procédure que les médecins ont sauvé sa vie. Selon les experts de l’hôpital régional, cette patiente est devenue l’une des rares personnes à survivre sans séquelles après avoir contracté la rage suite à une morsure d’une chauve-souris.
« Il n’y a aucune trace d’une affaire similaire. Elle a non seulement survécu à la rage, mais elle n’a pas de séquelles, physiques ou neurologiques », ont-ils précisé.
Proeza
Médicos salvan a mujer loretana con #rabia silvestre, tras inducirla al coma 17 días https://t.co/t9l7yLuG10 pic.twitter.com/bjqAAjo5VU— Ministerio de Salud (@Minsa_Peru) March 20, 2016