Le Pérou espère que l’ancien président Alejandro Toledo, qui est recherché pour avoir reçu de supposés pots-de-vin de la compagnie de construction brésilienne Odebrecht, soit arrêté aux États-Unis (où apparemment il a élu domicile selon différentes sources) et qu’il ne puisse pas fuir vers d’autres pays. Israël, où il était soupçonné de vouloir se rendre a d’ores et déjà fait savoir, dimanche, qu’il ne sera pas autorisé à s’y réfugier. Le président en place du pays sud-américain, Pedro Pablo Kuczynski, a demandé à son homologue américain, Donald Trump, d’évaluer une procédure d’extradition.
Les autorités péruviennes estiment que Toledo se trouve actuellement à San Francisco et le ministre de l’Intérieur, Carlos Basombríon, avait émis l’hypothèse qu’il puisse se rendre en Israël, sa femme Eliane Karp, possédant cette citoyenneté et aucune procédure d’extradition n’existant entre les deux pays.
Mais le gouvernement israélien, par la voix de son porte-parole, Emmanuel Nahshon, ministère des Affaires étrangères, a fait savoir que M.Toledo sera autorisé à entrer en Israël uniquement quand les questions judiciaires en suspens sont résolues au Pérou.
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La justice péruvienne a émis un mandat d’arrêt international et une détention préventive de 18 mois pour l’ex-président qui est accusé d’avoir reçu 20 millions de dollars d’Odebrecht pour favoriser la construction de la route interocéanique qui relie le Pérou avec le Brésil. Il est accusé de trafic d’influence et de blanchiment d’argent.
Pour l’instant, M.Toledo peut quitter les États-Unis sans problème parce que les autorités n’ont pas encore approuvé le mandat d’arrêt dans l’attente de documents. Interpol a lancé une notice rouge dans 190 pays, mais, comme le précise Basombrío, chaque pays l’applique selon ses propres modalités.
« Les autorités américaines ont demandé au Procureur (Pérou) la justification des raisons pour lesquelles un juge américain devrait donner l’ordre d’arrêter le président. Cette requête est en stand-bye dans l’attente d’informations qui la complètent », a déclaré le ministre à la presse. Le juge Richard Concepcion, qui a ordonné le mandat d’arrêt contre Alejandro Toledo, doit résoudre cette nouvelle exigence, selon la même source. Le ministre Basombrío estime que les nouveaux documents devraient être prêts à partir aujourd’hui lundi, néanmoins il a reconnu qu’il y a un risque de fuite pendant ce laps de temps de l’ancien chef de l’État.
Âgé de 70 ans, M.Toledo pourrait devenir le deuxième président péruvien à purger une peine de prison au cours des trois dernières décennies par une affaire de corruption après Alberto Fujimori, dont il était un fervent adversaire fin 2000.
La société Odebrecht est impliquée dans un réseau de corruption qui a touché plusieurs pays d’Amérique latine, et a affirmé avoir payé 29 millions de dollars au Pérou, en échange de travaux publics entre 2005-2014 pendant les gouvernements de Toledo (2001-2006), Alan Garcia (2006- 2011) et Ollanta Humala (2011-2016).
Caso Odebrecht: #Perú busca detener a expresidente Alejandro Toledo en #EstadosUnidos e #Israel le cierra puertas ► https://t.co/DO5c4ycNMJ. pic.twitter.com/IqmA3zJ9Kf
— Emisoras Unidas (@EmisorasUnidas) February 12, 2017
Jusqu’à présent, il y a trois anciens fonctionnaires du gouvernement Garcia en prison pour avoir accepté un pot-de-vin de 7 millions $ pour favoriser Odebrecht pour l’obtention du chantier de construction de la ligne de métro 1 de Lima.
Humala et son épouse Nadine Heredia, qui sont également « invités à ne pas quitter le pays », sont aussi soupçonnés de blanchiment d’argent pour avoir reçu un financement étranger pour leur campagne, de l’argent en provenance du Venezuela et du Brésil.
« En ce qui concerne le cas de l’ancien président Alejandro Toledo, nous avons pris toutes les mesures que la loi nous autorise envers les juridictions nationales et internationales telles que les États-Unis et d’autres pays, pour qu’il rentre au Pérou afin de clarifier sa situation devant la justice », a déclaré laconiquement PPK.
Le présumé coupable nie catégoriquement les allégations tandis que ses avocats Paolo Aldea et Heriberto Benítez lui ont conseillé de ne pas se rendre au Pérou jusqu’à ce que l’affaire soit clarifiée tout en critiquant l’application de la peine provisoire avant les conclusions de l’enquête. Dans une interview donnée à la télévision il y a quelques jours, l’ancien chef d’État a réfuté les accusations et a dit qu’il est persécuté pour sa lutte contre Fujimori. Pour le juge Richard Concepcion, qui a ordonné l’arrestation et sa détention pendant 18 mois, « Toledo a vendu la route interocéanique contre des paiements d’Odebrecht ».
Alejandro Toledo est la première grande figure de la politique péruvienne inculpée dans l’affaire Odebrecht au Brésil, une société qui a reconnu devant la Justice des États-Unis avoir versé 29 millions de dollars en pots-de-vin à des fonctionnaires péruviens entre 2005 et 2014, pendant les administrations de Toledo (2001-2006), Alan Garcia (2006-2011) et Ollanta Humala (2011-2016).
Outre le Brésil, les versements d’Odebrecht sont également étudiés en Argentine, au Mexique, au Venezuela, en Équateur et en Colombie, entre autres.
Les autorités péruviennes ont annoncé une récompense de 100 000 soles (30 000 $) pour arrêter, capturer et emprisonner préventivement le président Alejandro Toledo, autrefois parfaite incarnation de la démocratie et aujourd’hui accusé d’avoir été soudoyé.
Perú: ordenan detención de expresidente #Toledo y ofrecen recompensa por información para su captura https://t.co/eYTiQhfim9 pic.twitter.com/tUbdCfxiwn
— CNN en Español (@CNNEE) February 11, 2017