Le ministère de l’Environnement chilien dans un rapport préliminaire, a informé qu’au moins 185 espèces de la flore et la faune locales ont été touchées par les incendies de forêt qui ont ravagé le territoire depuis le mois de janvier. Parmi celles-ci, quatre apparaissent en danger critique, 31 en danger , 60 comme vulnérables, 61 comme moins préoccupantes, et 29 comme potentiellement menacées.
Le document comprend également une liste de 44 sites prioritaires pour la conservation de la biodiversité sur une zone comprise entre Valparaiso et Biobío.
Dans l’immédiat, les spécialistes de l’environnement ont affirmé que la récupération des sols est une priorité, car il s’agit du seul moyen pour les espèces d’arbres et d’animaux sauvages de compter à nouveau sur un habitat approprié pour la conservation et la reproduction.
La chercheuse à l’Institut de l’écologie et de la biodiversité à l’Université du Chili, Mary Kalin, a précisé que dans un avenir proche, il est indispensable de créer les conditions favorables pour que le sol puisse de nouveau accueillir des arbustes et des herbes, quelque chose de simple sur les surfaces planes, mais qui s’avèrent plus complexe sur les zones pentues et des bassins où l’érosion a fait son travail en déplaçant des nutriments produits par les cendres :
« Le reboisement est une question complexe. Maintenant, si nous avons un hiver avec beaucoup de pluie, la surface pourrait grandement en bénéficier, cependant, ce n’est pas eu la même chose dans un terrain en pente. Il est clair que nous devons d’abord favoriser la renaissance de la végétation indigène et par la suite céder la place à la prolifération de la faune qui peuple la région », a souligné l’experte.
Debido a los incendios estas especies pueden acercarse a zonas pobladas.
¡No los confundas, no son ratones, son marsupiales! #TodosxChile pic.twitter.com/wkHCgi7082— Ministerio del Medio Ambiente (@MMAChile) February 1, 2017
La spécialiste a expliqué que cette tâche ne se réalisera pas d’un coup de baguette magique, mais que cela prendrait au moins 20 ou 30 ans pour rétablir les espèces d’arbres indigènes, en particulier dans les zones où le feu a détruit la forêt entière.
La présidente de la Société écologique du Chili, Olga Barbosa, a déclaré que le processus de restauration devrait adopter une approche écosystémique, à savoir méthode de gestion où les terres, l’eau et les ressources vivantes sont intégrées pour favoriser la conservation et l’utilisation durable et soutenable des ressources naturelles. Cela implique non seulement un reboisement, mais aussi le rétablissement des fonctions écologiques qui existaient auparavant, par exemple en donnant la priorité aux zones où il y a des cours de l’eau ou encore des lieux où la flore est abondante, en effet les insectes ayant un rôle majeur dans la pollinisation.
(Vidéo du 23/02/2017)
La monoculture représente un danger dans le risque accru d’incendie
Il faut donc mettre en place des techniques de restauration de l’habitat spécifiques, parce que vous ne pouvez pas reboisés de pins et d’eucalyptus les zones où il y avait de la forêt.
Le président de la Société écologique du Chili a déclaré que si des zones entières sont replantées avec ces espèces, la terre brulera encore en raison du changement climatique en tenant compte du fait que les pins et d’eucalyptus favorisent une sécheresse de terrain.
Dans une déclaration, le Comité pour la défense de la faune et de la flore, CODEFF a souligné que ces évènements dramatiques « ont mis en évidence la fragilité du modèle forestier basé sur l’utilisation de terres sur de vastes étendues destinées à la monoculture, lesquelles, dans un contexte de changement climatique, engendreront des incendies plus fréquents « .
Seguimos trabajando desde el SNMF en el combate de incendios forestales https://t.co/bF3ExOGdxg pic.twitter.com/5YkLtzwRny
— Ministerio de Ambiente y Desarrollo Sostenible (@AmbienteNacion) January 24, 2017
La CODEFF a également tiré les leçons de ce désastre écologique en soulignant la nécessité de mettre fin à cette homogénéisation à grande échelle d’un paysage forestier grâce à un profond changement de modèle qui favoriserait la diversité des espèces forestières.
Ximena Salinas, du Comité de défense de la flore et la faune a indiqué qu’entre le 17 janvier et le 15 février de cette année, 567 702 hectares ont été brûlés, dont 271 169 de terres forestières.
Avec une superficie de près de 590 000 hectares rasés à ce jour, le pays sud-américain a vécu ces derniers mois une tragédie, le Chili est devenu le quatrième pays à connaitre un sinistre de cette ampleur, les flammes étaient incontrôlables avec les conséquences désastreuses que l’on connait. La Russie, la Malaisie et l’Australie partagent en effet un terrible record, ils occupent les trois premières places sur la liste des pays ayant connu les feux de forêt les plus dévastateurs jamais enregistrés en terme de superficie touchée.
Au Chili, rien qu’au mois de février dernier, il y a eu un méga-feu dans la partie centre-sud avec environ 140 foyers incendiaires, les autorités estiment que près de 5 000 personnes se sont retrouvées sans-abri dans les régions de O’Higgins, Maule, Bio Bio et en Araucanie.
(Vidéo du 25/01/2017)