277 morts, voici le bilan humain annoncé par la Commission interaméricaine des droits de l’homme (CIDH), des victimes nicaraguayennes qui ont perdu la vie au cours des trois derniers mois dans le pays d’Amérique centrale dans le cadre d’une forte répression gouvernementale menée contre des opposants au pouvoir. Rien que la semaine dernière 11 personnes ont été tuées et plusieurs dizaines blessées lors d’interventions musclées des forces de l’ordre.
La crise sociopolitique qui secoue le pays gouverné par le président Daniel Ortega est marquée depuis plusieurs semaines par la violence, certaines organisations humanitaires évoquent même le chiffre de 351 morts.
A los 3 meses del inicio de las manifestaciones #MESENI de la @CIDH completa tercera semana de trabajo en #Nicaragua y constata intensificación de represión y operativos por la policía y grupos parapoliciales https://t.co/ozxASSZdnd
— Paulo Abrāo (@PauloAbrao) July 19, 2018
Les manifestations contre Ortega ont commencé le 18 avril dernier, elle est née d’une volonté du gouvernement de réformer le système de retraites en optant pour l’augmentation des cotisations et une diminution des pensions de retraite. Un projet qui a suscité de vives manifestations dirigées par des étudiants dans plusieurs villes, des mouvements d’opposition sévèrement réprimés.
Es fundamental cooperación con la @CIDH, #MESENI y #GIEINicaragua para su libre circulación y acceso a sitios y focos de crisis @OEA_oficial #Nicaragua pic.twitter.com/DFO0u9xGt4
— Luis Almagro (@Almagro_OEA2015) July 20, 2018
Le refus de cette réforme a très vite débouché sur un rejet de la politique globale menée par le président Ortega après onze années passées au pouvoir sous fond d’accusations de corruption et d’abus de pouvoir.
La Commission a rappelé au Nicaragua son obligation de garantir la vie, l’intégrité et la sécurité de toutes les personnes qui manifestent et exercent leurs droits et leurs les libertés civiles dénonçant une répression abusive de la part des autorités.
De même, la CIDH rappelle que le Nicaragua doit démanteler les groupes d’autodéfense et adopter des mesures pour empêcher le fonctionnement continu de groupes armés qui attaquent et harcèlent la population civile, avec le soutien et l’assentiment de l’État. Pour ce faire, le gouvernement doit enquêter sur les événements auxquels ces groupes ont participé, identifier et punir les responsables qui articulent leur fonctionnement des structures de l’État.
La communauté internationale s’est prononcée et a condamné les pratiques gouvernementales. José Miguel Vivanco, directeur de la division Amériques de Human Rights Watch, attribue la violence, cette « répression brutale » marquée par « toutes sortes d’atrocités » à Daniel Ortega et à son épouse, actuelle vice-présidente de la république.
L’Union européenne a appelé à la fin des violences et considère que « les actes commis contre les étudiants et les civils au Nicaragua, de même que le retard dans l’assistance médicale d’urgence aux blessés, sont déplorables », des propos tenus par Federica Mogherini, porte-parole du ministère.
A tres meses de los hechos violentos que comenzaron el 18 de abril de 2018, el #MESENI de la @CIDH completa su tercera semana de trabajo y verifica el incremento de la represión en #Nicaragua. https://t.co/mq2xFHdQjY pic.twitter.com/5SjWbwcbZO
— CIDH – IACHR (@CIDH) July 19, 2018
Le conflit dans le pays d’Amérique centrale ne semble pas avoir une fin proche, puisque les citoyens exigent la démission du gouvernement, ce qui n’est pas à l’ordre du jour. Le niveau de violence a même augmenté et après plusieurs tables rondes, les escouades d’Ortega continuent à commettre des actes de violence dans les rues.
L’Organisation des États américains (OEA) a demandé à Ortega de «soutenir un calendrier électoral» pour organiser des élections anticipées, un moyen pour sortir de la crise avec l’intervention de l’Église catholique comme médiatrice majeure.
#OEA condena violencia en #Nicaragua y llama al Gobierno a acordar un calendario electoral @CP_OEA https://t.co/hv2vDWPDHn pic.twitter.com/2doEsT1V44
— OEA (@OEA_oficial) July 18, 2018
Le parti d’opposition Ciudadanos por la Libertad a également exigé « des élections avancées, transparentes et pleinement observées, afin que le peuple choisisse librement ses dirigeants », le but étant de surmonter la crise.
Les citoyens et divers secteurs de la société au Nicaragua ont également célébré cette résolution de l’OEA dans laquelle il est demandé d’avancer à mars 2019 les élections prévues pour 2021.
CxL agradece a la comunidad hemisférica representada en la OEA por respaldar al pueblo de Nicaragua https://t.co/9Gh8k1Bh3G
— Alianza Ciudadanos por la Libertad (@CxLibertad) July 18, 2018
« Que ce vote (l’OEA) ait lieu en mémoire de ceux qui ne sont plus avec nous et pour les prisonniers politiques. Grande victoire pour le Nicaragua », a déclaré Juan Sebastián Chamorro, l’un des représentants du secteur des affaires dans l’Alliance civique.
« Merci, aux frères du continent américain qui ont montré leur solidarité avec la douleur et la lutte du peuple du Nicaragua!« , a déclaré l’évêque auxiliaire de Managua, Silvio Báez, sur les réseaux sociaux.
Selon Ortega, qui a tenu un discours de commémoration hier à l’occasion de l’anniversaire de la fin de la dictature de Somoza, les évêques ont révélé leurs intentions de « coup d’État » lorsqu’ils ont présenté une proposition pour surmonter la crise, qui inclut l’organisation anticipée des élections générales et la restructuration de l’État.
Les évêques ont proposé à Ortega, le 7 juin dernier, d’avancer la date du scrutin, sans lui permettre de se présenter pour sa réélection pour surmonter la crise.
En la región tenemos una obligación a responder a la situación que rápidamente se deteriora en #Nicaragua. Estados Unidos cree que la resolución de la @OEA_oficial del día de hoy es un paso importante para fortalecer las instituciones y los procesos democráticos en Nicaragua. pic.twitter.com/qeuLl3VGgQ
— Julie Chung (@WHAAsstSecty) July 18, 2018
Le président a également défié l’Organisation des États américains (OEA), dont le Conseil permanent a approuvé mercredi en session extraordinaire une résolution appelant à des élections anticipées.
« Les décisions du Nicaragua ne sont pas prises à Washington (siège de l’OEA), elles sont prises à Managua », a-t-il dit.
Le chef d’État nicaraguayen s’est dit victime d’un « complot armé et financé par des forces internes et externes » qui tentent de le renverser. Ces « forces », a-t-il dit, ont la « complicité » des évêques nicaraguayens, qui agissent en tant que médiateurs et témoins d’un dialogue national »