Plus de 80 000 personnes sinistrées et une perte de 14 000 ha de terres cultivables, voici le triste bilan des intempéries survenues sur la ville de Cusco, a déclaré jeudi 28/01 le président régional Hugo Gonzales.
Après une semaine de sévères intempéries marquées par des pluies torrentielles, les pires que le pays ait connu depuis 15 ans, Hugo Gonzales a ajouté que 5 000 maisons étaient à ce jour inhabitables et estime le coût de la reconstruction à environ 180 millions de dollars.
Les autorités de Cusco assurent avoir besoin d’une aide alimentaire de 60 tonnes et précise que de nombreuses équipes de secours ont été dépêchées à travers le pays pour venir en aide aux sinistrés de ce département.
La nation andine tout entière vit dans l’angoisse de voir ce phénomène météorologique d’une rare violence se propager sur le reste du territoire national. Le président régional du département voisin de Ayacucho, Ernesto Molina, a affirmé qu’il était indispensable de déclarer l’état d’urgence dans la province de Huanta, sérieusement affectée par la violente crue du fleuve Huantacacha.
Ces inondations ont touché plus de 100 foyers et, à l’heure actuelle, on ignore encore l’étendue exacte des dommages sur les terres de culture, mais cela semble considérable.
À Huancavelica, qui avec Ayacucho, est l’un des départements les plus pauvres du Pérou, les autorités ont exprimé leurs craintes face aux glissements de terrain, aux crues et pluies qui menacent les villageois.
Différents rapports ont signalé que plusieurs communautés du sud se trouvaient isolées et avaient besoin d’aide et en priorité d’une aide alimentaire. Dans le département de l’Apurimac, situé entre Cusco et Ayacucho, il y a de nombreuses populations affectées par ces pluies diluviennes et par ces fortes averses de grêle.
Dans un village du département de Puno, situé dans l’Altiplano, les autorités du district de Nuñoa, ont déclaré que ces phénomènes avaient causé la mort de deux personnes et la perte de 2 000 têtes de bétail bovin et de 3 000 têtes d’alpagas, une très grosse perte lorsque l’on sait que l’élevage constitue l’activité principale des communautés résidant en ces lieux isolés.
100 km de routes qui relient ce district à diverses communautés paysannes restent à à l’heure actuelle impraticables.
De plus, les autorités culturelles du pays restent en état d’alerte. Cusco, l’ancienne capitale de l’empire inca, la principale attraction touristique du pays a subi de nombreuses dégradations, et plusieurs structures apparaissent fragilisées.
Dans cette optique, le bureau de l’Institut National de Culture à Lima a débloqué un fonds d’urgence de 1,5 millions de dollars pour pallier aux besoins les plus urgents de restauration et de préservation des lieux historiques . Il y a quelques jours, au début des pluies, plusieurs blocs de pierre de la forteresse de Sacsayhuamán ont cédé face à la persistance du phénomène météorologique.
La totalité des touristes bloqués près des ruines de la cité inca du Machu Picchu, où des pluies torrentielles ont particulièrement mise à mal la principale voie d’accès au site, ont été toutefois évacués, a déclaré hier le ministre péruvien du Commerce extérieur et du Tourisme, M. Martin Perez.
« Il ne reste plus un seul touriste au Machu Picchu ni dans la localité d’Aguas Caliente », a déclaré le ministre, après avoir précisé que la police et l’armée avaient visité hôtels et maisons particulières « pour s’assurer qu’il ne restait pas de touriste dans la zone ».
Des consuls de divers pays concernés ont également fait le déplacement jusqu’à à Cuzco, principale ville de la région, et sur le site archéologique pour s’assurer qu’aucun ressortissant de leur pays n’avait été oublié lors de l’évacuation.
Au total, plus de 3 300 touristes se sont retrouvés bloqués depuis dimanche à Aguas Calientes, un village de 8 000 âmes localisé en contrebas du site touristique le plus visité d’Amérique latine, en raison de glissements de terrain sur la voie ferrée menant au Machu Picchu, ou sur le chemin de l’inca, un sentier pédestre permettant de rallier cité perdue des Andes.
Le gouvernement régional de Cusco a déclaré l’état d’urgence pour 60 jours. On estime que la réparation de la voie ferrée entre Cusco et Aguas Calientes (Machu Picchu) nécessitera deux mois minimum de travaux. Les visites du site seront dès lors inenvisageables jusqu’au moins début avril. A Aguas Calientes, la gare et les trains avaient été transformés en dortoirs de fortune.
C’est un véritable drame pour l’économie de la région, quasi-exclusivement rivée vers le tourisme, sur les 1 000 touristes qui fréquentent au quotidien le Machu Picchu, 90 % empruntent la célèbre voie de chemin de fer.
En attendant la réparation de la voie ferrée, le président Alan Garcia a évoqué la possibilité de recourir à des hélicoptères pour emmener les touristes en haut du pic montagneux de 2 500 m où se trouve la cité inca du Machu Picchu.
Pour rappel, ces intempéries d’une rare intensité ont fait, selon un dernier rapport émis le 31/01 par les autorités locales, 20 morts et 40 000 sinistrés dans le sud-est du Pérou.