Lenín Moreno, à la tête de l’Équateur en Amérique du Sud, a décrété jeudi l’état d’exception dans tout le pays pour une période de 60 jours afin de garantir « l’ordre, la tranquillité et la sécurité », une décision prise pour éviter le « chaos » lié aux protestations qui se multiplient sous fond de malaise social.
La population équatorienne dénonce les mesures économiques annoncées par le gouvernement dans le cadre de l’accord avec le Fonds monétaire international (FMI) pour réduire son endettement. En effet, l’accord avec le FMI, qui a rapporté 4,2 milliards, s’est accompagné d’une série d’exigences visant à réduire les dépenses publiques et à augmenter les recettes de l’État, ce qui a provoqué l’indignation des syndicats et des secteurs défavorisés.
La hausse du prix du carburant a mis le feu aux poudres
Environ 300 personnes ont été arrêtées hier lors de manifestations contre la fin des subventions sur les carburants entraînant une hausse des prix de 123%, une décision suscitant la grogne nationale qui a poussé le gouvernement équatorien à déclarer l’état d’exception. La hausse du prix des carburants est visiblement source de remous, à l’instar du mouvement des Gilets jaunes initié en octobre 2018 en France, l’Équateur connaît à son tour le mécontentement populaire en raison du prix de l’essence, une flambée qui doit permettre à l’État d’économiser pas loin de 2 milliards d’euros par an.
Le ministre de la Défense, Oswaldo Jarrín a affirmé « jusqu’à présent, nous avons 21 policiers blessés, 277 personnes ayant commis des actes de vandalisme contre des biens ont été arrêtées ».
À Guayaquil, considérée comme la capitale économique de l’Équateur, des altercations et des pillages de magasins et d’établissements publics ont eu lieu poussant de nombreux propriétaires de magasins à baisser les rideaux pour éviter des vols de masse.
À Quito, la capitale, le cœur historique est devenu une zone de confrontation entre les manifestants et les forces de sécurité qui ont utilisé des équipements anti-émeute et des gaz lacrymogènes pour disperser la foule en colère.
L’ancien président, R.Correa, dénonce la réaction de l’actuel gouvernement
Le parti de l’ancien président Correa, Revolución Ciudadana, a publié un communiqué dans lequel il exhorte l’Assemblée nationale (le congrès) à se prononcer contre cette mesure antidémocratique que représente l’état d’urgence:
« Nous tenons le gouvernement pour responsable de ces actes répressifs qui portent atteinte à l’intégrité des citoyens qui exercent leur droit légitime de manifester ».
Pour sa part, le président Moreno a réitéré jeudi sa volonté de poursuivre le dialogue sans pour autant renoncer à la « transparence et à l’éthique qui caractérisent le gouvernement ».
L’Équateur n’a pas connu ce genre de tensions sociales depuis plusieurs années. Outre l’arrêt des transports et la suspension des cours, des milliers de personnes se sont mobilisées dans les rues. De nombreux pillages de magasins ont été enregistrés et plus de 200 routes ont été fermées. Des suspensions de vols internationaux ont eu lieu à l’aéroport international de Quito. Malgré les protestations, le président Moreno garde le cap et a affirmé : « l’Équateur dit non à ces putschistes ».
L’état d’urgence peut induire entre autres le déploiement de l’armée pour le maintien de l’ordre, la censure de la presse et une limitation du droit de circulation.
L’Equateur annonce vouloir quitter l’OPEP début 2020
Confronté à des difficultés financières, l’Équateur a par ailleurs informé de sa décision d’abandonner l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) en janvier prochain faisant part de difficultés financières.
« Cette mesure est conforme au plan du gouvernement national visant à réduire les dépenses publiques et à générer de nouveaux revenus », a déclaré le ministère de l’Énergie et des Ressources naturelles non renouvelables dans un communiqué.
Le pays essaie d’augmenter sa production de pétrole pour augmenter ses revenus. À plusieurs reprises, il n’a donc pas respecté le quota de production fixé par l’OPEP pour stabiliser le marché du pétrole.
Hello, merci de faire circuler un peu la nouvelle en Europa.
Les médias ici en Equateur ne sont pas terrible pour cela, l’héritage de l’ère Correa et de sa main-mise sur les médias.
En ce moment les RUNAS (nationalités indigènes comme les Kichwa, Shuar, etc…) sont en marche ou en train d’entrer dans la capitale Quito afin de montrer leur désaccord (pas seulement du carburant, mais envers toutes les mesures qu’il prend contre le peuple et sans le consulter).
Ils tentent d’imposer un dialogue qui pour le moment n’a pas été entrepris du côté du gouvernement qui a adopté une attitude plus que controversée (il menace d’utiliser les armes contre contre les personnes qui viennent manifester à Quito, qui soit disant sont des bandits et des adeptes de l’ancien président Correa). Je peux déjà confirmer que les armes ont été utilisées et pour le moment 3 morts ont été annoncées, et plus de 300 étudiants/manifestants arrêtés dans le pays.
La répression a toujours été le meilleur moyen de mener une dictature, espérons que le président actuel renonce ou accepte le dialogue et que les morts n’augmentent pas.
Merci pour votre temps.
Le FMI, ce médecin charlatan qui fait la même ordonnance pour tous… Ici en occident nous supportons la pilule de cette dictature du capital, mais les peuples indigènes d’Equateur ou de la région ce ne sont pas « les gilets jaunes »… A suivre… En espérant que cela ne tourne pas à la guerre civile.
Vous avez raison. Nous devons largement diffuser cette information en Europe. Courage dans votre combat pour une meilleure répartition des richesses et le refus de servir l’ultralibéralisme, au détriment des populations, sous prétexte du remboursement d’une dette injustifiée.