Voilà une découverte archéologique survenue en Équateur pour le moins étrange, une équipe de scientifiques a mis au jour un curieux rite funéraire en rapport avec des dépouilles de bébés dans la province côtière de Manabí. Une mise au jour atypique qui suscite une forme de stupéfaction.
À Salango, dans une paroisse rurale située dans la province côtière de Manabí, une équipe internationale d’archéologues a ainsi révélé que des dépouilles de bébés avaient été découvertes portant des protections crâniennes ou sorte de casques confectionnés à partir d’autres crânes d’enfants.
Selon l’enquête publiée le 12 novembre 2019 dans la revue Latin American Antiquity, deux enfants en bas âge « portaient des crânes supplémentaires ». L’étude assure que ces crânes ont été retrouvés « déposés autour de leurs têtes respectives, s’agissant probablement d’un rite funéraire ».
Parmi les crânes découverts entre 2014 et 2016, datant selon les experts de l’an 100 avant Jésus-Christ, et appartenant à la culture Guangala, tous « présentaient des lésions associées à la malnutrition et à des maladies infectieuses ». Les chercheurs Sara L. Juengst, Richard Lunniss, Abigail Bythell et Juan José Ortiz Aguilu (archéologue à l’Université technique de Manabí), ont déclaré dans leur rapport :
La tête humaine était un symbole important de nombreuses cultures antiques sud-américaines ».
Un crâne d’enfant pour protéger le crâne d’un plus jeune encore
Cette singularité archéologique a retenu l’attention des experts, les «casques» trouvés autour de la tête des deux bébés ont été réalisés avec les crânes d’autres enfants. L’un des crânes retrouvés appartenait à un nourrisson décédé à l’âge de 18 mois environ. Selon le magazine Forbes, les chercheurs ont noté que « le crâne modifié d’un deuxième enfant était placé comme une sorte de casque autour de la tête du premier », ce dernier devait avoir entre 4 et 12 ans au moment de son décès.
Le deuxième crâne devait appartenir à un nourrisson âgé de six à neuf mois, et sa protection crânienne était celle d’un enfant âgé de 2 à 12 ans.
Les archéologues ont noté qu’il y avait peu d’espace entre les squelettes primaires et leurs « casques », ce qui laisse supposer que l’enterrement a eu lieu simultanément. Il n’est pas rare d’excaver des crânes isolés sur des sites archéologiques précolombiens, cependant, ceux-ci appartiennent généralement à des adultes victimes de conflits ou à des ancêtres vénérés.
Une découverte unique expliquée dans la revue Latin American Antiquity
Les chercheurs ont également découvert que les bébés étaient entourés de statuettes en pierre qui, selon leurs théories, permettaient de mieux protéger ces petits êtres décédés prématurément.
« Non seulement c’est sans précédent, mais de nombreuses questions demeurent », a affirmé la chercheuse Sara L. Jungest dans les pages du magazine Forbes.
Pour l’instant, le scientifique espère que les analyses ADN et isotopiques fourniront des indices précieux permettant de comprendre pourquoi les enfants ont été enterrés de la sorte et s’ils étaient liés aux autres enfants qui ont été utilisés pour les « protéger ».
Pour sa part, la bio-archéologue Sara Becker de l’Université de Californie à Riverside a qualifié cette pratique d’enterrement de « quelque chose d’étonnant », en effet aucun procédé similaire n’a jamais été répertorié dans un autre endroit des Andes.
Les archéologues estiment que les précautions prises autour de la mise en terre de jeunes dépouilles avaient peut-être pour but d’offrir une protection supplémentaire à ces jeunes enfants disparus prématurément, un moyen de gérer la charge émotionnelle liée à leur perte.
Des crânes protecteurs pour ces enfants disparus trop tôt ?
« Nous n’avons aucune preuve que l’un de ces enfants ait été sacrifié, et la présence de certaines pathologies indique qu’ils étaient probablement très malades », a affirmé l’un des membres de l’équipe en charge des fouilles.
« Cependant, la relation entre les sépultures principales et les crânes additionnels n’est pas établie, et on ignore si relation il y a. Nous soupçonnons qu’ils l’ont fait en réaction à une sorte de catastrophe naturelle ou sociale et ont veillé à ce que ces bébés bénéficient d’une protection supplémentaire, d’un lien supplémentaire avec leurs ancêtres par le biais de leurs funérailles », poursuit l’expert archéologue.
Les scientifiques soulignent qu’il était possible que le bébé et/ou l’enfant impliqué dans la cérémonie funéraire fassent partie d’un rituel visant à apaiser un volcan trop nerveux et menaçant aux alentours, mais ils suggèrent également que l’une des jeunes victimes aurait pu mourir en raison d’un manque de nourriture.
Vous l’aurez compris cette mise au jour engendre pour le moment davantage d’interrogations que des réponses !