Alors que la pandémie de coronavirus secoue de nombreux pays à travers le monde, contraignant les populations à faire face à la crise sanitaire, le Pérou, également frappé, subit parallèlement les prémices d’une crise alimentaire inquiétante.
Le pays sud-américain voit de nombreux Péruviens quitter la capitale, Lima, pour trouver refuge dans leurs régions d’origine en zone rurale.
En ville, il n’y a plus de petits boulots, plus d’opportunité d’emploi, plus de débrouille au quotidien, près de 170 000 Péruviens dorment dans les rues en attendant leur retour et en mendiant leur nourriture.
Beaucoup de personnes sont déjà atteintes par le coronavirus et les hôpitaux régionaux ne seront pas en mesure d’accueillir les malades, faute de moyens. Cependant, la peur de mourir de faim les pousse à retrouver leurs terres loin de Lima particulièrement impactée par le virus et à l’économie paralysée.
Depuis le début du confinement national décrété le 16 mars en raison de la pandémie, des milliers de Péruviens sont au chômage. Une étude Ipsos a déterminé que 4 Péruviens sur 10 ont cessé de toucher un revenu en raison de l’arrêt forcé des activités.
Selon le président péruvien Martín Vizcarra, le transfert de personnes est une question complexe qui est coordonnée avec les gouverneurs régionaux. « Nous devons trouver une solution sans risque de contagion », a déclaré le président. Les autorités testent rapidement ceux qui souhaitent quitter la capitale, mais le processus est lent face à une forte demande.
Selon les autorités, plus de 10 500 Péruviens sont retournés dans leur ville natale depuis Lima après avoir été placés en quarantaine.
Par ailleurs, le ministre de l’Agriculture, Jorge Monténégro, a révélé que 10 grands marchés populaires ont été identifiés à Lima comme principaux foyers d’infection au coronavirus (Covid-19).
De gros foyers de contamination répertoriés sur les marchés de la capitale, Lima
« 10 marchés ont été identifiés comme foyers de contagion, des points chauds, ils sont répertoriés, et nous agissons en conséquence, l’idée est que tous les marchés, grands et petits, respectent à 100% les mesures de sécurité », a-t-il expliqué.
« On ne peut pas les ouvrir comme si de rien n’était, c’est tout le contraire, on ne peut pas mettre en danger vie des gens. On ne peut pas avoir de marchés sur l’agglomération quand les gens ne respectent pas les mesures de prévention« , a ajouté le ministre de l’agriculture péruvien.
Il a précisé que les maires seront chargés d’appliquer les directives pour contenir les contagions sur les marchés avec la mise en application des mesures barrières comme :
- L’établissement de points d’entrée et de sortie pour éviter que les gens ne se croisent;
- La prise de température;
- La supervision du lavage des mains;
- L’utilisation de masques;
- La distance d’un mètre dans les centres d’approvisionnement.
Il a rappelé que 20% des commerçants ont été testés positifs au Covid-19 sur le marché de Caquetá, tandis que les contagions étaient d’environ 40% sur le marché de San Felipe !
Le ministre J. Monténégro a également appelé à éviter autant que possible l’entrée sur le marché aux personnes âgées et vulnérables, aux femmes enceintes et aux enfants.
C’est dans ce contexte qu’un sondage a été réalisé dans le pays par l’Institut d’études péruviennes (IEP) révélant qu’environ la moitié des Péruviens craint davantage la faim que le coronavirus et qu’un peu moins de la moitié a plus peur d’être au chômage que d’attraper le Covid-19.
Des millions de personnes qui étaient déjà dans la pauvreté ou au bord de la pauvreté avant cette crise demandent de l’aide pour survivre.
Une aide sociale en faveur des plus démunis mise en place par le gouvernement
Le gouvernement a débloqué des fonds, une aide sociale d’environ 220 dollars distribuée à 3,5 millions de familles pauvres urbaines et un million de ménages ruraux, mais son montant et sa couverture sont insuffisants et tout le monde n’a pas encore reçu ce soutien.
Le président Martín Vizcarra a annoncé que cette aide serait élargie pour concerner 6,8 millions de familles, soit 75% des foyers du pays. Il a reconnu la lenteur de sa distribution :
« Nous devons être autocritiques, nous devons être plus rapides. La faim n’attend pas « .
Après le Brésil, le Pérou est le plus touché par le coronavirus
Le Pérou est le deuxième pays d’Amérique latine, après le Brésil, le plus touché par le coronavirus (7000 morts enregistrés au Brésil le 3 mai). Les infections étant en augmentation, la quarantaine, qui a commencé le 16 mars, a été prolongée jusqu’au 10 mai.
Cette extension était nécessaire, disent les experts. « La santé des gens passe avant tout », a déclaré Vizcarra lors de l’annonce de cette nouvelle prolongation.
Le Pérou est l’un des pays où les investissements dans le secteur de la santé sont les plus faibles, avec moins de 5% de son PIB investi par an, et ce point pèse sur cette crise sanitaire. Il y a des hôpitaux débordants de malades. Sur les routes, l’exode de la faim et de la peur de l’avenir continue…
À la date du 3 mai, le nombre de décès par coronavirus est passé à 1 286 et les cas positifs au COVID-19 à 45 928, selon les informations officielles du ministère de la Santé péruvien.
La situation critique du Pérou est à mettre en perspective avec d’autres pays d’Amérique du Sud qui n’affichent pas de données fiables (Equateur : l’hécatombe..) ou qui les camouflent (Argentine, Brésil…) où c’est bien pire encore que ce que l’on en entend, quand on écoute le Maire de Manaus implorer Greta Thunberg !!!
L’Amérique centrale : l’hécatombe, et le Mexique ??? Mais là c’est vrai : ça devient Nord américain. Il est vrai qu’en taisant l’effroyable réalité, on évite ainsi de trop alarmer les futurs touristes potentiels.. qui auront pourtant à être très vigilants.
La situation financière est assez grave pour que le congrès péruvien mette en place des mesures permettant aux péruviens de puiser dans leurs fonds de retraite à hauteur de 25%.
https://www.panoramical.eu/america-latina-y-caribe/57684/