Il s’agit d’un désastre écologique qui a énormément frappé les esprits en ce mois de février. En effet, 35 condors ont été retrouvés sans vie, il y a trois semaines, en Bolivie. Ces sublimes oiseaux de proie diurnes ont été victimes d’actes de malveillance sur un même périmètre.
35 condors victimes d’un empoisonnement à un pesticide mortel
Ce drame a eu lieu dans la communauté de Laderas Norte, dans le département bolivien de Tarija. Depuis la découverte de ces rapaces, des recherches ont été effectuées pour déterminer les causes de leur mort.
Selon les premières analyses effectuées grâce aux différentes autopsies, les condors ont été empoisonnés par un pesticide hautement mortel, d’ailleurs interdit d’utilisation en Bolivie.
En fait, des éleveurs locaux auraient empoisonné de la viande pour se débarrasser d’un prédateur, un supposé puma, qui aurait causé des dégâts parmi leur troupeau. Ces derniers n’ont visiblement pas pensé aux dommages collatéraux sur toute la faune environnante !
Ainsi, d’autres rapaces, une chèvre et trois chiens morts ont également été retrouvés à proximité des carcasses de condors. La zone, avec les multiples dépouilles, a pu être identifiée car dégageant une odeur pestilentielle et attirant de multiples insectes nécrophages .
Un massacre sur une espèce menacée de disparition
Il pourrait s’agir du plus grand massacre de condors qui ait été enregistré ces dernières décennies. C’est dommage, car nous parlons d’une espèce considérée comme vulnérable, pratiquement au bord de l’extinction. On parle de 6 000 ou 6 500 condors au total dans le monde ».
Ces propos ont été tenus par Iván Arnold, directeur de la fondation de conservation Nature, Terre et Vie (Nativa).
En fait, avec la disparition de ces 35 spécimens, c’est 2,4% de la population totale de condors en Bolivie qui a disparu et 0,5 de la population mondiale. Avec une envergure impressionnante, pouvant atteindre 3,3 mètres, c’est l’un des plus gros oiseaux capables de voler au monde.
En Amérique du Sud, les populations indigènes le considèrent comme un animal sacré, un messager de l’astre solaire, source de vie, de fertilité. Par ailleurs, en tant qu’oiseau charognard, il assure des fonctions majeures au sein de l’écosystème des Andes.
«Nous condamnons cet acte, nous voulons qu’il fasse l’objet d’une enquête. C’est un acte qui nous fait mal. Dans ce département, les condors vivent et coexistent avec les communautés (paysannes) sans aucun problème», avait affirmé Adrián Oliva, gouverneur de Tarija, au moment de la révélation de la découverte macabre.
Le condor, animal emblématique des pays andins
Lorsque cette terrible perte a été dévoilée, le gouvernement bolivien a déclaré un deuil national, le condor étant un symbole fort du pays sud-américain. En effet, sur les armoiries présentes sur le drapeau bolivien figurent deux animaux emblématiques, le lama et bien sûr le majestueux condor.
Depuis 2004, l‘Union internationale pour la conservation de la nature a classé le condor comme une espèce quasi menacée, une catégorie qui décrit ceux qui ont des populations réduites et un nombre en déclin. Il est menacé par la destruction de son environnement naturel et par l’empoisonnement résultant de la consommation de carcasses d’animaux eux-mêmes empoisonnées.
Alors que ce drame a endeuillé le pays, une bonne nouvelle a surgi redonnant un peu d’espoir. En effet, deux condors secourus dans une communauté rurale bolivienne ont été relâchés dans leur habitat naturel après avoir subi un processus de réhabilitation dans le bioparc municipal de La Paz.
Les oiseaux, deux femelles nommées Choquekota et Retamani, ont pris leur envol depuis une colline près de la communauté rurale de Choquekota, dans la municipalité méridionale de Palca, à La Paz.
Nativa a, de son côté, émis une suggestion pour éviter qu’un tel drame se reproduise, la création d’« une réserve, une zone de protection de 57 000 hectares ». Dans la région, il y a déjà deux réserves qui ne pas assez étendues pour pouvoir offrir un refuge correct aux «condors et aux grands félins».
« La proposition vise à ce qu’à l’avenir cette zone protégée puisse être étendue à la Réserve naturelle de la flore et de la faune de Tarquía », a déclaré Garay.