Décidément, le secteur touristique au Pérou connaît des moments très compliqués depuis deux ans. En effet, après l’épreuve de la pandémie et des confinements prolongés, les autorités sud-américaines sont à nouveau contraintes de fermer le célèbre site du Machu Picchu.
Des mouvements de contestation, une activité touristique en berne au Machu Picchu
Cette fois, la cause n’est pas sanitaire. En effet, ce sont les vives manifestations sur fond de violence exacerbée et de dégradations qui ont motivé cette décision.
Samedi dernier, le 21 janvier, et jusqu’à nouvel ordre, l’accès des touristes sur la cité archéologique inca de Machu Picchu et sur le réseau de sentiers précolombiens a été suspendu. Le but est de protéger l’intégrité physique des visiteurs. En effet, des manifestations virulentes ont lieu dans le sud du Pérou, des mouvements de protestation qui ont éclaté pour dénoncer la destitution du président Pedro Castillo.
La Direction décentralisée de la culture de Cusco (DDC) et le siège du Sanctuaire historique de Machu Picchu du Service national des espaces naturels protégés par l’État (Sernanp) ont prise cette décision pour la sécurité des touristes.
Effectivement, la célèbre ligne ferroviaire Urubamba-Ollantaytambo-Machu Picchu a subi d’importants dommages sur différents tronçons ne permettant plus la circulation des trains comme l’a rapporté le concessionnaire Ferrocarril Trasandino S.A.
Des tensions marquées, une instabilité sociale qui s’avèrent préjudiciables pour la région de Cusco, l’ancienne capitale de la civilisation inca, qui accueille en son sein des milliers de visiteurs.
Evacuation de centaines de touristes bloqués au Machu Picchu
De nombreux employés ont d’ores et déjà perdu leur emploi. En fait, plusieurs agences de voyages, restaurants, agences de tourisme ont dû fermer en raison des manifestations brutales. De nombreuses entités ont été contraintes de licencier leur personnel faute de fréquentation.
Depuis le début des mouvements protestataires, 80 % des réservations touristiques ont été annulées. De plus, cela faisait plusieurs jours que des touristes étaient bloqués par des manifestants dans le secteur du Machu Picchu. Ces derniers, environ 400 individus, ont enfin pu être évacués vers Cusco.
À ce stade, le ministre a souligné que la coopération de la Direction régionale du commerce extérieur et du tourisme de Cusco (Gercetur), des agences de voyages et des voyagistes de la région avait été précieuse, ils ont mis à disposition des bus pour accélérer le transfert de tous les visiteurs.
« Tous les Péruviens de bonne volonté doivent démontrer que nous protégeons notre patrimoine culturel en tant qu’élément central de notre patrimoine et de notre identité nationale et, de la même manière, nous garantissons la sécurité et la qualité de l’expérience de voyage de tous les visiteurs de notre pays, avec une attention particulière sur le Machu Picchu », a fait remarquer le ministre du Commerce extérieur et du Tourisme, Luis Fernando Helguero.
Des dizaines de victimes dans le conflit explosif qui oppose les manifestants aux autorités
Les manifestations intenses au Pérou ont déjà fait un lourd bilan humain. Ainsi, environ 62 personnes ont perdu la vie depuis le début des troubles en décembre.
L’Union européenne (UE) s’est insurgée contre le climat de violence, et a déploré :
« le grand nombre de morts » et a appelé le gouvernement et l’opposition « à prendre des mesures urgentes pour rétablir le calme ».
En 2022, l’arrivée de 3,5 millions de touristes étrangers dans le pays était attendue. Cependant, selon le ministère du Commerce extérieur et du Tourisme, seulement deux millions de visiteurs ont posé leurs valises au Pérou. Or, en 2019, année qui a précédé la pandémie, 4,4 millions de touristes internationaux avaient fait le choix du Pérou comme destination de voyage.
Avant la Covid-19, le Machu Picchu accueillait environ 4 000 personnes par jour, soit 1,5 million de visiteurs par an.
La région de Cusco, où se situe le Machu Picchu, est aujourd’hui l’un des épicentres des protestations réclamant la démission de la présidente par intérim Dina Boluarte, la fermeture du Congrès, des élections anticipées et la convocation d’une assemblée constituante.
La présidente du Pérou, Dina Boluarte, a publié le 14 janvier un décret prolongeant d’un mois supplémentaire – à compter du 15 janvier – l’état d’urgence dans les régions de :
- Lima,
- Cusco ;
- Puno ;
- Callao ;
- dans trois autres provinces et un district, selon au bulletin officiel du pays El Peruano.
Avec cette action, Boluarte tente d’arrêter les protestations qui se propagent dans le pays. De leur côté, les manifestants (de nombreuses communautés natives) réclament sa démission immédiate et l’organisation d’élections anticipées.
La France déconseille de se rendre au Pérou tant que la situation reste instable et périlleuse
En raison de cette situation instable et dangereuse, le ministère des Affaires étrangères français déconseille vivement de se rendre au Pérou, en particulier dans le sud du pays. Ainsi, on peut lire dans le communiqué officiel :
En raison des troubles politiques et sociaux liés à la destitution du président Castillo, l’état d’urgence a été prorogé à compter du 15 janvier 2023, pour une durée de trente jours, dans les départements de Puno, Cusco, Lima, ainsi que dans les provinces de Callao, d’Andahuaylas (département d’Apurímac), de Tambopata et Tahuamanu (département de Madre de Dios), et enfin dans le district de Torata (département de Moquegua). De même, un couvre-feu d’une durée de dix jours a été décrété à compter du 15 janvier 2023 dans le département de Puno de 20h à 4h. Le 19 janvier, l’état d’urgence a été étendu aux départements de Tacna, de l’Amazonas et de la Libertad[…]
Le Machu Picchu est actuellement inaccessible. Les aéroports de Juliaca et Arequipa sont provisoirement fermés suite à des actes de vandalisme. L’aéroport de Cusco a rouvert le 20 janvier.
Les déplacements à Lima sont possibles à ce stade dans des conditions de sécurité acceptables.
Une grande manifestation s’est tenue à Lima le 19 janvier. De nouveaux événements pouvant se produire dans la capitale, il est recommandé d’observer la plus grande prudence à Lima, en particulier dans le centre historique, lieu des manifestations, de se tenir éloigné de tout rassemblement sur la voie publique, de strictement respecter les consignes des autorités locales et de se tenir informé régulièrement de l’évolution de la situation sécuritaire.
En cas de voyage pour raisons impératives, il est conseillé de privilégier l’avion au transport par route pour les déplacements dans le pays, de nombreux blocages routiers ayant été identifiés.[…].
France Diplomatie
Le Pérou vit une importante instabilité politique depuis plusieurs années maintenant. Par ailleurs, la crise sanitaire engendrée par la pandémie de Covid-19 a eu des conséquences majeures sur la vie économique du pays.
En fait, le Pérou, pays andino-amazonien, est touché de plein fouet par l’insécurité alimentaire, de sorte que, près de la moitié de la population ne parvient pas à s’alimenter en quantité suffisante et avec une nourriture qualitative, c’est-à-dire dire avec des aliments qui ont un réel intérêt nutritif.
Actuellement, ce fléau concerne 16,6 millions de Péruviens contre 8 millions de personnes avant la pandémie !
Le pays a de nombreux défis à relever, et dans ce contexte de dislocation politique, sociale et économique, les obstacles semblent bien difficiles à surmonter.