Enfants momifiés de Llullaillaco : témoins silencieux des rites incas exposés au MAAM

Article rédigé bénévolement par Aline Timbert pour Actu Latino

En Argentine, le musée d’archéologie de haute montagne (MAAM) inauguré en 2004, émerge comme un pont entre le passé et le présent.

Ce lieu unique, situé à Salta, abrite la riche histoire préhispanique des Andes à travers ses collections et son engagement envers la préservation et la diffusion du patrimoine ancestral.

Le musée d’archéologie de haute montagne, sanctuaire de momies incas naturelles séculaires

En se concentrant sur les cérémonies tenues dans les hautes cimes des Andes, le MAAM ouvre une fenêtre captivante sur le passé précolombien. Dans ce lieu de mémoire, les traditions, croyances et rituels reflètent la cosmogonie des anciennes civilisations andines.

En effet, la collection principale du musée se focalise sur la découverte archéologique survenue au sommet du volcan Llullaillaco. Or, il s’agit d‘un témoignage vibrant de la connexion spirituelle qui liait les anciens habitants de la région à leurs divinités tutélaires.

En effet, les dépouilles des enfants et les offrandes découvertes sur ce site sacré offrent un aperçu unique des pratiques cérémonielles des Incas et de la profondeur de leur vision du monde.

Ainsi, l’engagement du musée argentin envers la conservation et la présentation de ces découvertes est évident.

A ce titre, l’institution a recours, entre autres, à l’utilisation de techniques avancées, telles que la cryoconservation. Cette méthode garantit l’intégrité des vestiges et leur contexte historique.

Ainsi, cette approche permet aux visiteurs de contempler ces trésors archéologiques dans leur état d’origine. Par ailleurs, elle facilite également la recherche et l’apprentissage continu sur la culture préhispanique de la région andine.

Le MAAM, mémoire vivante du patrimoine précolombien des Andes

En plus de son rôle de gardien du patrimoine culturel, le MAAM se distingue comme un espace d’interaction et de dialogue, où l’histoire préhispanique se mêle aux expériences contemporaines.

En promouvant la reconnaissance de la diversité identitaire et de la mémoire collective, le musée contribue à la construction d’une narration inclusive qui honore l’héritage des cultures originaires des Andes.

Focus sur les momies du volcan Llullaillaco, trésors archéologiques inestimés du MAAM argentin

Les momies découvertes sur le volcan Llullaillaco, situé à la frontière entre l’Argentine et le Chili, figurent parmi les plus fascinantes découvertes archéologiques des dernières décennies.

En effet, ces momies exceptionnellement préservées offrent un rare aperçu de la culture inca et de ses rites funéraires.

C’est pourquoi Actu Latino revient sur cette découverte extraordinaire, ainsi que sur les méthodes modernes de conservation employées pour préserver ces vestiges précieux.

Contexte historique de la découverte des momies du volcan Llullaillaco exposées en Argentine

En 1999, une expédition archéologique dirigée par le Dr Johan Reinhard met au jour les corps pétrifiés de trois enfants. En fait, ils exhument les dépouilles de trois enfants incas sacrifiés près du sommet du volcan Llullaillaco, un colosse culminant à plus de 6 700 mètres d’altitude.

Dans ces conditions, les corps ensevelis vivants, il y a environ 500 ans, ont été incroyablement bien conservés. En effet, le froid extrême et l’environnement sec favorisent la conservation des défunts, donnant ainsi des momies naturelles.

Les trois enfants avaient été conduits et sacrifiées dans ce lieu inhospitalier dans le cadre de cérémonies religieuses visant à apaiser les dieux et à assurer la prospérité de l’empire inca.

Rappelons que la civilisation inca considérait les montagnes comme sacrées et portaient le nom indigène d’apus.

De plus, le jeune âge des victimes et leur statut élevé dans la société inca font de ces momies des témoins précieux du passé.

Trois enfants incas sacrifiés dans un parfait état de conservation

Les trois dépouilles retrouvées étaient ceux de deux filles, âgées de 6 et 15 ans, et d’un garçon de 7 ans.

Ces enfants, connus sous le nom de « Momies de Llullaillaco », ont reçu un surnom par les scientifiques leur conférant une identité propre des siècles après leur mort :

  1. La Doncella (La Jeune Fille) : Également connue sous le nom de « La Doncella », cette momie correspond à une jeune fille d’environ 15 ans. Son nom exact reste inconnu, mais elle est souvent désignée ainsi en raison de son jeune âge et de son sexe.
  2. El Niño (Le Garçon) : « El Niño », un garçon d’environ 7 ans, est un autre enfant sacrifié découvert sur le Llullaillaco. Son pseudo a été attribué par les archéologues pour désigner son jeune âge et son sexe masculin.
  3. La Niña del Rayo (La Fille de l’Éclair) : Surnommée « La Niña del Rayo », cette fille d’environ 6 ans a reçu son nom en raison de la foudre qui aurait frappé le sommet du Llullaillaco lors de sa cérémonie de sacrifice. Son nom véritable est inconnu.

Une préservation des momies fascinante en raison des conditions climatiques de très haute altitude

La conservation exceptionnelle des momies du volcan Llullaillaco est, comme mentionné, due aux conditions climatiques extrêmes de la région. Le froid et la sécheresse qui règnent au sommet du volcan ont préservé les corps des enfants pratiquement intacts, avec leurs tissus mous, leurs vêtements et même leur contenu stomacal préservé.

En fait, les scientifiques ont mené des analyses approfondies sur les momies afin de mieux comprendre leur histoire et le contexte de leur décès.

Des enfants incas sacrifiés sans la moindre trace de violence physique

Dans ce cadre, des examens médico-légaux ont prouvé qu’avant leur sacrifice, les enfants avaient été drogués avec la consommation de grande quantité de chicha (une boisson traditionnelle fermentée fabriquée à partir de maïs) et de coca.

La consommation de substances psychotropes a commencé bien avant le jour du sacrifice, et s’est sans doute accéléré encore les dernières semaines avant l’expédition.

En fait, l’élite inca (les « sacerdotes ») avait recours à cette boisson typique lors de cérémonies religieuses, de rituels de divination et de sacrifices humains.

Par ailleurs, les feuilles de coca permettaient de lutter contre le mal de montagne appelé « soroche ». Mais, plus important encore, sa consommation revêtait surtout une grande importance dans les pratiques religieuses et les rituels incas.

Capac Huaca, le sacrifice des enfants incas

On sait que certains rituels comme la Capac Huaca étaient organisés pour se protéger, entre autres, de grandes catastrophes naturelles ou de la famine. Dès lors, la Capac Huaca consistait à sacrifier des enfants, de jeunes « élus » incas choisis pour leur beauté et leur rang social plusieurs mois avant qu’ils ne perdent la vie.

En fait, ces deux éléments (chicha et coca), combinés au mal d’altitude (raréfaction de l’oxygène) lié au lieu du sacrifice, laissent à penser que les enfants, totalement « étourdis » et léthargiques, étaient à peine conscients au moment d’être enterrés vivants.

Ces jeunes sacrifiés de l’époque préhispanique n’ont été victimes d’aucune forme de violence physique, ils se sont endormis piégés dans le froid glacial de la Cordillère des Andes.

Les momies du volcan Llullaillaco représentent une découverte extraordinaire pour la communauté archéologique. Elles offrent un aperçu fascinant des pratiques religieuses et funéraires de l'empire inca-Actu Latino

Momie « Doncella » ( source libre de droits Wikipédia, auteur grooverpedro)

Par ailleurs, des études isotopiques sur les cheveux et les dents ont permis de retracer leur alimentation et leur origine géographique. On sait que les victimes pouvaient venir des quatre coins de l’Empire du  Tawantinsuyu.

Les fouilles archéologiques ont permis de retrouvé des artefacts. De fait, les enfants ont été abandonnés avec des offrandes de grande valeur. Parmi les objets mis au jour, des textiles délicats, des céramiques et des figurines en or.

Ces dons aux divinités, associées à la qualité de la conservation des momies, ont permis aux chercheurs d’obtenir des informations précieuses sur la religion, la société et la culture inca.

Méthodes strictes de conservation des momies de Llullaillaco au musée MAAM

Les momies du Llullaillaco ont traversé les siècles au coeur d’éléments naturels hostiles, mais propices à leur préservation.

Cependant, une fois exhumées, ces corps fragiles ont nécessité des techniques de conservation modernes pour prévenir leur dégradation.

Après leur découverte, une équipe a transporté précautionneusement les momies de Llullaillaco au Musée d’Archéologie de Haute Montagne (MAAM) à Salta, en Argentine, où elles sont toujours exposées.

Pour parvenir à cela, les spécialistes du musée ont mis en œuvre plusieurs techniques pour préserver ces vestiges délicats, notamment :

Ensemble des mesures prises par le MAAM pour préserver les momies incas

  1. Contrôle de l’environnement : Les momies bénéficient de conditions spécifiques de température (-20 degrés) et d’humidité (40%). Elles sont aussi maintenues dans un environnement pauvre en oxygène afin de ralentir leur décomposition. Des systèmes de contrôle environnemental sophistiqués sont utilisés pour simuler les conditions naturelles du site du Llullaillaco.
  2. Traitement spécialisé : Les conservateurs du musée appliquent des traitements spécifiques pour stabiliser les tissus des momies. Cela peut inclure l’utilisation de produits chimiques non dommageables pour renforcer et protéger les tissus organiques contre les insectes et les microorganismes.
  3. Exposition très limitée aux UV : Les momies ne sont pas constamment exposées à la lumière ou à d’autres facteurs environnementaux qui pourraient accélérer leur détérioration. Elles sont présentées dans des environnements contrôlés et éclairés avec précaution.
  4. Temps d’exposition limité : Chaque momie est présentée à tour de rôle pour une durée de 6 mois pour assurer leur préservation.
  5. Surveillance Continue : Le musée effectue régulièrement des contrôles et des analyses pour surveiller l’état des momies de Llullaillaco. Des spécialistes en conservation et des scientifiques archéologues veillent à ce que les momies soient protégées de manière optimale contre tout signe de dégradation.
  6. Systèmes de Sécurité : Outre les aspects environnementaux, les momies sont également protégées par des systèmes de sécurité avancés. Ces mesures garantissent que les artefacts sont protégés contre le vol, les dommages physiques ou toute autre menace potentielle.

Par conséquent, au MAAM, les momies sont exposées dans des vitrines spécialement conçues qui fournissent une protection supplémentaire contre les dommages environnementaux tout en permettant aux visiteurs d’admirer ces reliques anciennes de près.

Exposition au musée d’archéologie de haute montagne (MAAM)

Les momies du Llullaillaco du MAAM sont les pièces maîtresses de l’exposition permanente du musée de Salta. En fait, le musée offre aux visiteurs une occasion unique d’observer ces découvertes archéologiques remarquables dans un cadre respectueux et informatif.

Les corps apparaissent au public avec les artefacts découverts à proximité. Cela permet aux visiteurs de mieux contextualiser cette mise au jour et d’approcher la culture et les pratiques funéraires des Incas.

Les momies du Llullaillaco offrent une fenêtre unique sur la civilisation inca et ses rituels religieux. Leur découverte et leur conservation exemplifient l’importance de l’archéologie pour reconstituer le passé et comprendre les cultures anciennes.

Grâce aux efforts de préservation du MAAM, ces précieux vestiges continuent à éclairer et à inspirer les générations présentes et futures.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

*

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.