En dépit de la vive contestation entourant sa réélection à la tête du Venezuela, Nicolas Maduro poursuit sa mainmise sur le pays avec une série de mesures autoritaires. Ces dernières, suscitent en toute logique, une vive inquiétude tant au niveau national qu’international.
En effet, deux semaines après une élection présidentielle profondément controversée, le président vénézuélien Nicolas Maduro intensifie ses prises de position autoritaires, face à une contestation croissante tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du pays.
Ainsi, le rapport préliminaire des experts électoraux de l’ONU, publié le 13 août, a exacerbé les critiques sur la légalité du scrutin.
De son côté, Maduro, fiidèle à lui-même, fait fi des critiques et des remises en question et répond par une répression accrue et des mesures législatives restrictives.
Un rapport accablant de l’ONU sur les résultats électoraux 2024 au Venezuela
Le rapport des experts onusiens a pourtant mis en lumière des défaillances majeures dans les résultats du processus électoral vénézuélien.
En fait, les observateurs ont déploré un manque de transparence et d’intégrité dans le traitement des résultats par le Conseil national électoral (CNE).
Or, selon le rapport, le CNE a validé la victoire de Nicolas Maduro avec 52 % des voix sans fournir de décompte détaillé ni de procès-verbaux des bureaux de vote, invoquant un prétendu piratage informatique comme justification de cette opacité douteuse.
L’opposition, qui conteste ces résultats, affirme que son candidat, Edmundo Gonzalez Urrutia, a remporté l’élection avec 67 % des voix. Ces accusations de fraude ont été rejetées par le gouvernement, mais ont contribué à alimenter des tensions croissantes au sein du pays sud-américain.
Répression des manifestations et violences au Venezuela
Les répercussions de cette élection contestée se sont traduites par une répression violente des manifestations de rue. Selon le procureur général, les troubles post-électoraux ont causé la mort de 25 personnes, dont deux membres de la Garde nationale bolivarienne, ainsi que 192 blessés.
Dans ce contexte, les forces de sécurité ont procédé à plus de 2 400 arrestations dans le cadre de la répression des manifestations qui ont éclaté à la suite de l’annonce des résultats.
De leur côté, les autorités accusent l’opposition d’avoir orchestré ces troubles à travers des groupes de militants. Cependant, ces allégations sont largement critiquées par les observateurs internationaux.
Une offensive législative contre les libertés menée par Maduro
En réponse à la contestation croissante, Nicolas Maduro a donc orchestré une offensive législative visant à renforcer son contrôle sur le pays. L’Assemblée nationale, dominée par le parti au pouvoir, a adopté des mesures visant à réguler les ONG et les associations.
Ainsi, ces nouvelles lois imposent des restrictions strictes sur les financements des ONG, interdisant notamment les contributions politiques étrangères et les donations destinées à des activités politiques. En toute logique, ces mesures ont été dénoncées par la Commission interaméricaine des droits de l’homme comme une atteinte grave à la liberté d’association et à l’espace civique.
Parallèlement, Maduro a intensifié le contrôle des médias et des réseaux sociaux. Le président vénézuélien a déjà suspendu le réseau social X pour une période de dix jours durant l’été et a lancé une campagne contre WhatsApp, cherchant ainsi à limiter les canaux de communication de l’opposition.
Par ailleurs, une nouvelle loi contre le « fascisme » est également en cours d’examen, prévoyant des amendes sévères pour les entreprises et médias jugés complices de discours extrémistes.
Réactions internationales et perspectives d’avenir
La communauté internationale a fait part de ses préoccupations croissantes concernant la situation au Venezuela. C’est pourquoi le Haut-Commissaire des Nations Unies aux droits de l’homme, Volker Türk, ainsi que d’autres organisations internationales, ont appelé à une réévaluation des lois proposées et ont condamné les violations des droits humains.
En réponse, Maduro a maintenu son cap autoritaire, renforçant son contrôle sur les institutions et la société civile.
Le climat politique au Venezuela demeure tendu, avec une opposition réduite au silence et une société civile sous pression. Alors que les tensions continuent de s’intensifier, la communauté internationale examine de près l’évolution de la situation, préoccupée par l’orientation prise par le gouvernement vénézuélien.
Le communiqué des ministres des Affaires étrangères de plusieurs pays occidentaux, publié le 1er août sur le site de France Diplomatie, exprime leur solidarité avec le peuple vénézuélien et appelle à une transparence totale dans le décompte des voix.
« Nous, ministres des Affaires étrangères de l’Allemagne, du Canada, des États-Unis d’Amérique, de la France, de l’Italie, du Japon et du Royaume-Uni et haut représentant de l’Union européenne, exprimons notre solidarité avec le peuple du Venezuela qui a exercé son droit de vote le 28 juillet, pacifiquement et massivement, pour définir l’avenir de son pays.
Les observateurs indépendants nationaux et internationaux ont, dans leurs rapports, émis de sérieux doutes au sujet du résultat annoncé de l’élection présidentielle au Venezuela et de la manière dont le processus électoral a été mené, concernant notamment les irrégularités et l’absence de transparence dans le décompte final des voix. Il est de la plus haute importance que le résultat reflète la volonté du peuple vénézuélien.
Nous appelons les représentants compétents à publier les résultats détaillés de l’élection en toute transparence et nous demandons aux représentants électoraux de communiquer immédiatement toutes les informations à l’opposition et aux observateurs indépendants.
Durant ce processus, nous appelons les Vénézuéliens à faire preuve de la plus grande retenue et à trouver par eux-mêmes une solution pacifique et démocratique », voici ce qu’on peut lire sur la site France Diplomatie.
Informations complémentaires
La situation au Venezuela, marquée par des accusations de fraude électorale, une répression violente des manifestations et des mesures législatives restrictives, reflète une crise profonde qui pourrait avoir des répercussions importantes sur l’avenir politique et social du pays déjà fortement mis à mal par l’emprise chaviste.
Malgré ces appels et les critiques internationales, Nicolas Maduro semble déterminé à maintenir son pouvoir par tous les moyens nécessaires se posant comme un intouchable.
La réaction du gouvernement vénézuélien aux accusations internationales
D’ailleurs, face aux critiques internationales, le gouvernement vénézuélien a rejeté catégoriquement le rapport de l’ONU, le qualifiant de « mensonger » et « d’acte irréfléchi ».
De plus, Jorge Rodriguez, président de l’Assemblée nationale, a qualifié des termes sans équivoque en qualifiant les experts d’« ordures sans parole ». Il a même exprimé son désir d’interdire toute observation étrangère des élections futures au Venezuela !
Cette réaction véhémente du parti chaviste au pouvoir depuis 25 ans s’inscrit dans un contexte de fermeture croissante de l’espace civique et de répression des voix dissidentes.
Une situation plus que préoccupante, car le Venezuela connait une vie économique qualifiée d’exsangue par les experts. Ce chaos s’explique en grande partie en raison de la mauvaise gestion des ressources, de la dépendance au pétrole, et des sanctions internationales.
Notons aussi le poids de la crise humanitaire qui pousse des millions de personnes à quitter le Venezuela à la recherche de meilleures conditions de vie.
La population du Venezuela meurtrie par la pauvreté, l’exode massif, le repli, les restrictions, aimerait panser ses blessures, mais le temps de la cicatrisation semble encore loin tant la fracture est marquée.