Moray demeure indubitablement un site archéologique fascinant situé dans la Vallée Sacrée des Incas, au Pérou. Il se situe à environ 50 km de l’ancienne capitale précolombienne de l‘Empire inca, soit la ville d’altitude de Cuzco (3 399 m).
Sa particularité réside dans ses terrasses circulaires nommés « muyus », mais aussi dans son rôle probable de centre d’expérimentation agricole.
En effet, les Incas, connus pour leur maîtrise de l’agriculture en haute altitude, utilisaient Moray pour tester et adapter diverses cultures à des conditions climatiques spécifiques.
Actu Latino vous invite donc à explorer la signification historique, les innovations agricoles et l’importance culturelle de Moray dans le contexte de la civilisation inca.
Origine du nom « Moray » en quechua, langue ancestrale du Pérou
Le nom « Moray » pourrait dériver de différents mots quechuas, la langue des Incas encore utilisée dans l’Altiplano de nos jours. La signification de Moray reste encore entouré de mystères et d’interprétations. En fait, il pourrait signifier « territoire occupé depuis longtemps » ou encore se référer à « Aymoray », une récolte de maïs ou le mois de mai, période de semis dans le calendrier agricole inca.
D’autres chercheurs pensent qu’il pourrait également être associé au mot « moraya », qui désigne une pomme de terre déshydratée (chuño blanc), une méthode de conservation inventée par les Incas pour faire face à la rudesse du climat et préserver les aliments.
Structure et fonction des terrasses agricoles circulaires de Moray
Le site de Moray est composé de plusieurs terrasses disposées en cercles concentriques descendant jusqu’à environ 30 mètres de profondeur.
Chaque niveau de terrasse représente un microclimat particulier, avec des variations de température pouvant atteindre 15°C entre la terrasse la plus haute et la plus basse.
De cette façon, les Incas utilisaient ces microclimats pour étudier les besoins spécifiques de chaque culture, testant la résistance des plantes aux écarts de température, un processus essentiel pour cultiver efficacement sur les différentes zones géographiques de leur vaste empire.
Grâce à cette structure en terrasses, Moray aurait permis aux Incas de sélectionner et d’optimiser des variétés de plantes adaptées aux divers climats de l’empire, qu’il s’agisse des plaines côtières arides, des plateaux andins ou des vallées subtropicales. En fait, on estime que les Incas expérimentaient avec plus de 3 000 variétés de pommes de terre, de maïs et d’autres plantes.
Les recherches menées par l’archéologue péruvien Rafael Larco Hoyle, ainsi que celles de John H. Rowe, montrent comment Moray servait de véritable laboratoire agricole où la gestion des sols et des climats permettait d’améliorer la productivité et la résistance des cultures.
Hydraulique et ingénierie inca sur le site des terrasses de Moray
Les Incas maîtrisaient également les techniques d’irrigation nécessaires pour les terrasses de Moray. Un système de drainage ingénieux permet d’évacuer l’eau des précipitations, empêchant ainsi l’érosion et la stagnation de l’eau, tout en recyclant celle-ci dans chaque niveau de terrasse.
Cette gestion hydraulique astucieuse souligne l’importance de l’eau dans la vision du monde inca, qui la considérait comme un élément sacré et vital pour la prospérité agricole.
Moray : un lieu de culte et d’hommage à la Pachamama
Au-delà de son rôle agricole, Moray est souvent perçu comme un lieu spirituel. Ainsi, les Incas, qui vénéraient la Pachamama (la Terre-Mère nourricière), pourraient avoir également utilisé Moray comme un sanctuaire où des cérémonies dédiées à la fertilité et aux récoltes étaient pratiquées. D’ailleurs, chaque année, le 8 octobre, a lieu le Moray Raymi, ou « Fête de Moray ».
Lors de cet événement, les communautés locales se réunissent sur les terrasses pour danser et rendre hommage à la terre et aux pratiques agricoles ancestrales des Incas. Cette fête attire aujourd’hui de nombreux visiteurs curieux de découvrir ce riche héritage culturel.
Moray aujourd’hui : tourisme et accessibilité
Le site de Moray est devenu une destination populaire pour les touristes, attirés par la beauté de ses paysages et l’ingéniosité de ses structures. Outre la visite des terrasses, de nombreux visiteurs s’adonnent à des activités sportives comme le vélo ou le quad pour explorer la région environnante.
Le climat de Moray est sec et tempéré, avec des températures variant de 21°C en journée à environ 1°C la nuit. La meilleure période pour visiter s’étend de mai à septembre, lorsque les précipitations sont moins fréquentes.
Les visiteurs peuvent accéder à Moray par le biais de tours organisés incluant également une visite aux célèbres Salines de Maras, ou de manière autonome en prenant un transport vers Chinchero puis vers Maras. Le Boleto Turístico de Cusco, qui inclut Moray, permet également l’accès à d’autres sites comme Ollantaytambo, Pisac et Chinchero.
Moray, vestige d’un savoir-faire exceptionnel et de la résilience inca au Pérou
Moray se révèle bien plus qu’un site archéologique ; c’est un exemple de l’ingéniosité agricole, spirituelle et scientifique des Incas. Ce laboratoire agricole nous dévoile comment les Incas ont su transformer les défis géographiques en opportunités d’innovation pour subvenir aux besoins alimentaires de leur empire.
Moray incarne l’harmonie entre l’homme et la nature, illustrant la vision cosmologique inca qui voit la terre comme un être vivant, source de subsistance et objet de vénération.
Ce site continue d’inspirer chercheurs, visiteurs et habitants, témoignant du lien intime entre agriculture, science et spiritualité dans la culture inca.