De vastes régions du Brésil, y compris en Amazonie et dans le Pantanal, ont subi cette année des incendies dévastateurs. En août 2024, le nombre de feux a doublé par rapport à l’année précédente. Ainsi, des flammes incontrôlables ont rongé des surfaces précieuses pour la biodiversité.
Le phénomène s’aggrave avec la sécheresse et certaines pratiques agricoles, et la situation se répète chaque année à différents niveaux d’intensité.
La déforestation demeure un problème majeur, surtout dans le Cerrado, où des zones forestières sont détruites pour l’agriculture et l’élevage intensif.
En fait, le changement climatique exacerbe encore ces incendies. Par conséquent, si la tendance se poursuit, l’Amazonie pourrait subir des transformations irréversibles (un point de non-retour amazonien), affectant la biodiversité et son rôle d’absorbeur de carbone.
Les écosystèmes du Brésil en péril : incendies incontrôlables qui menacent la biodiversité et le climat
Cet été, la saison des incendies s’est intensifié au Brésil, entraînant des destructions massives en Amazonie, au Pantanal et au Cerrado. Le pays, qui détient environ 12 % des réserves mondiales d’eau douce, voit ses écosystèmes en proie aux flammes, une situation aux conséquences dramatiques pour la biodiversité et l’équilibre climatique.
L’Amazonie en crise : sécheresse extrême et incendies 2024
C’est un amer constat, l’année 2024 a été une catastrophe pour l’Amazonie. Des incendies ravageurs et une sécheresse intense ont déclenché une crise écologique sans précédent.
Ainsi, en août seulement, les autorités ont recensé plus de 28 000 départs de feu, soit une hausse de 83 % par rapport à la même période en 2023. C’est un total de 53 000 incendies qui ont été enregistrés depuis janvier.
Ce chiffre est le plus élevé jamais enregistré depuis 2010, d’après l’Institut National de Recherches Spatiales du Brésil (INPE) !
Les incendies, concentrés principalement dans les états brésiliens de Pará, Amazonas et Mato Grosso, ont généré d‘immenses panaches de fumée. Or, ces nuages, transportés par des courants d’air appelés « rivières volantes », ont diffusé la fumée jusqu’à plusieurs États du Brésil, couvrant une vaste zone du continent.
En fait, des villes entières, de São Paulo à Buenos Aires, ont vu leur ciel obscurci par la fumée. Un phénomène inquiétant en raison de son impact potentiel sur la santé humaine et l’environnement !
Plusieurs facteurs contribuent à cette catastrophe : les phénomènes naturels comme El Niño, qui accentuent la sécheresse, se combinent aux effets globaux du réchauffement climatique et à la déforestation galopante qui a déjà détruit 18 % de la forêt amazonienne.
Cette abattage incontrôlé de la forêt réduit sa capacité à produire de l’humidité, essentielle pour la régénération de l’écosystème.
Un cycle de destruction favorisé par l’homme et exacerbé par le climat
Les incendies dans cette partie de l’Amérique latine ont souvent une origine humaine. Ce sont qui des terres sont volontairement brûlées pour l’agriculture, dans un contexte de déforestation. Mais la végétation de plus en plus sèche, en raison des périodes de sécheresse prolongées, amplifie la propagation des flammes.
En effet, selon des études récentes, cette situation risque de se reproduire et même de s’aggraver à mesure que le réchauffement climatique intensifie les périodes arides.
Ce lien entre incendies et climat est d’autant plus préoccupant que la réduction de la déforestation ne suffit plus à prévenir ces feux, qui affectent même des zones intactes de forêt primaire.
Les écosystèmes du Cerrado et d’Amazonie particulièrement vulnérables
La savane du Cerrado continue de perdre sa couverture forestière au profit de l’expansion des cultures de soja. Quant à l’Amazonie, même si le rythme de déforestation s’est ralenti, elle reste menacée par les incendies, qui dévorent les arbres, la végétation et les animaux.
Des scientifiques ont constaté que des forêts ayant brûlé il y a 30 ans présentent encore aujourd’hui une capacité réduite de 25 % de stockage de carbone par rapport aux forêts intactes.
Des perspectives inquiétantes pour la région sud-américaine
Le climatiseur naturel qu’est l’Amazonie pourrait subir une transformation radicale si les tendances actuelles se poursuivent. Saviez-vous que contrairement aux forêts boréales, l’Amazonie n’a pas évolué pour résister aux incendies ? En effet, ses arbres à l’écorce fine sont particulièrement vulnérables aux flammes.
Les incendies favorisent la prolifération d’espèces moins robustes, capables de croître rapidement, mais qui stockent beaucoup moins de carbone que les majestueux arbres tropicaux.
Par conséquent, si le monde continue sur sa trajectoire actuelle de réchauffement, des sécheresses encore plus intenses sont à redouter. Selon la ministre brésilienne de l’Environnement, le Pantanal pourrait disparaître d’ici la fin du siècle si rien n’est fait pour enrayer la hausse des températures.
Conséquences humaines et environnementales : impact multisectoriel
Bien sûr, cette situation impacte non seulement l’environnement mais également la santé des populations. En effet, les grandes villes brésiliennes ont subi un smog irrespirable, mettant en péril la santé des habitants exposés à un air chargé de particules toxiques.
En réponse, le gouvernement brésilien a débloqué plus de 11 millions pour gérer cette crise, concentrant ses efforts sur les municipalités les plus touchées.
Différents écosystèmes brésiliens, comme le Pantanal et le Cerrado, subissent des conséquences dramatiques.
Le Pantanal, célèbre pour sa biodiversité, a connu une augmentation de 3 707 % des incendies par rapport à 2023.
Quant au Cerrado, le second plus grand biome brésilien, il est menacé par une déforestation accrue due à l’expansion agricole, ce qui accentue également les feux de forêt.
Les incendies ravagent le Pantanal, le plus grand marais tropical du monde
En juin 2024, le Pantanal brésilien, reconnu comme le plus vaste marais tropical au monde, a été frappé par des incendies dévastateurs d’une intensité sans précédent pour cette période de l’année.
Les flammes ont transformé le paysage en un tapis de cendres et de fumée, révélant des restes carbonisés d’animaux sauvages, tels que des caïmans, des singes et des serpents, dans la région de Corumbá, dans l’État de Mato Grosso do Sul.
L’Institut National de Recherches Spatiales (INPE) du Brésil a recensé 733 incendies dans le Pantanal depuis le début du mois de juin. Il a battu le triste record de 435 feux pour ce même mois en 2005.
Cette augmentation alarmante des incendies, couplée aux températures élevées qui devraient dépasser de 5ºC la moyenne saisonnière, a conduit le service météorologique brésilien à émettre une alerte de “danger” pour la région.
Pantanal, trésor écologique d’importance mondiale victime des incendies
Le Pantanal joue un rôle écologique crucial non seulement pour le Brésil mais pour la planète entière. Ce vaste marais tropical régule les flux d’eau dans la région, agissant comme une éponge géante qui absorbe les excès d’eau pendant la saison des pluies, réduisant les risques d’inondations dans les zones avoisinantes, et relâchant cette eau en saison sèche, soutenant ainsi les écosystèmes locaux.
En tant que plus grand puits de carbone tropical de la planète, le Pantanal capte d’énormes quantités de dioxyde de carbone, contribuant activement à la lutte contre le réchauffement climatique. Par ailleurs, sa biodiversité est également exceptionnelle. Cette zone humide abrite plus de 4 700 espèces végétales et animales, dont plusieurs sont endémiques et menacées.
Ce biotope unique forme un maillon essentiel de la chaîne écologique, influençant le climat, la faune et les ressources en eau de toute l’Amérique du Sud.
Or, sa destruction progressive mettrait en péril non seulement ces écosystèmes mais aussi les communautés humaines locales, ainsi que le climat global. Les faits qui se déroulent sous nos yeux pas toujours attentifs soulignent l’urgence de préserver cet espace naturel exceptionnel.
Quelles peuvent-être les solutions pour limiter les dégâts des incendies en Amazonie et au Pantanal ?
Pour contrer cette crise écologique, plusieurs solutions devront s’imposer de manière urgente et coordonnée. Tout d’abord, renforcer les brigades de pompiers locales et former des équipes spécialisées permettraient de réagir plus efficacement face aux incendies.
En parallèle, il est essentiel de sensibiliser les communautés natives et de les intégrer dans la gestion préventive du feu.
Sur le long terme, la réduction de la déforestation illégale et la restauration des écosystèmes dégradés contribueraient à diminuer les risques de nouveaux incendies.
De plus, adopter des pratiques agricoles durables pourrait limiter l’usage du feu pour le défrichage, préservant ainsi les habitats naturels.
Enfin, une politique climatique plus stricte, associée à des efforts de reforestation et de protection des réserves naturelles, renforcerait la résilience de ces régions face au changement climatique.