Les 33 mineurs qui ont retrouvé l’air libre depuis l’opération de sauvetage réussie de mercredi, sur la Mine San José, devraient sortir au fur et à mesure (durant les prochaines heures) de l’hôpital de Copiapo où ils ont été placés en observation après avoir passé deux mois sous terre.
Les mineurs devenus de véritables héros reçoivent depuis leur remontée en surface des offres de travail, des cadeaux et invitations de tous types (des voyages à Taïwan, en Grèce, des invitations à des matches de Manchester United ou du Real Madrid dans des stades de Grande-Bretagne et d’Espagne).
Les 33 mineurs ont été secourus ce mercredi, opération de sauvetage qui a duré 24h, et ont ainsi quitté leur refuge dans les entrailles de la terre, un sous-sol humide et obscur au fond d’une mine du désert d’Atacama, où ils ont été retenus prisonniers durant 69 jours interminables à l’écart du reste du monde.
Lors d’une opération de sauvetage émouvante et efficace à la fois, les 33 hommes ont été extraits du fond de la mine au moyen de la nacelle Phénix à travers un conduit étroit de 622 mètres de long renforcé par un gainage métallique pour éviter tout risque d’éboulement. Les mineurs sont remontés un par un à la surface et sont devenus malgré eux des symboles de survie qui ont suscité une vive émotion au Chili mais aussi à travers le monde.
« Je pensais que je ne reverrai pas mon épouse, que je n’assisterai pas à la naissance de mon enfant. Lorsque je priais, c’était pour eux deux » a déclaré le mineur Richard Villarroel depuis l’hôpital, désormais heureux de pouvoir assister à l’accouchement de sa femme.
L’état général des rescapés a été jugé plus que satisfaisant, même si trois d’entre eux présentent des pathologies un peu plus sérieuses. Un mineur souffre d’une pneumonie, mais son état évolue favorablement parce qu’il a pu être traité au fond de la mine, trois autres ont subi des chirurgies dentaires et l’un d’entre eux souffre d’une lésion de la cornée. Cependant, des mineurs bénéficiant d’un état de santé jugé stable ont d’ores et déjà pu regagner leur domicile. Juan Illanes, Carlos Mamani et Edison Pena ont quitté l’hôpital de Copiapo (nord) jeudi vers 22H05 (01H05 GMT vendredi), à bord d’une voiture officielle, assaillis par les photographes venus immortaliser le moment.
Tous pourront quitter le centre médical de Copiapó d’ici au week-end afin de rejoindre leurs proches, en accord avec la directrice du service de Santé d’Atacama Paola Neumann.
Hier, pour leur première journée de liberté, les mineurs sont restés ensemble au sein de l’établissement de santé, s’occupant à lire les journaux qui relayaient leur extraordinaire épopée. Ils ont reçu leurs proches, mais aussi la visite du président chilien Sebastián Piñera.
Entre rires et plaisanteries, le chef de l’État a pris une photo avec tous les mineurs réunis et les a invités à se rendre à la Casa de Gobierno (palais présidentiel) le 25 octobre. Mais le président ne s’est pas contenté de cette invitation, il les a également mis au défi à l’occasion d’un match de football « L’équipe qui gagne reste à La Moneda (palais présidentiel) et celle qui perd retourne à la mine » a-t-il déclaré en riant. Piñera a ajouté qu’il recevait au Palacio de Gobierno « uniquement les personnes illustres » et qu’à cette occasion il mettrait le tapis rouge et qu’il les accompagnerait sur la ‘plaza’ afin qu’ils puissent se rendre compte du soutien populaire.
« Les mots du mineur, Luis Urzúa, leader du groupe m’ont profondément touché », il a été le dernier mineur à quitter la mine et il m’a dit en sortant« qu’une telle chose ne devait plus jamais se produire au Chili » et il m’a remercié ‘pour le soutien constant qui leur a été apporté' » a ajouté le président lors d’une conférence de presse.
Le président Sebastián Piñera, a déclaré qu’il ne tolérerait plus « le travail inhumain » au Chili, faisant référence aux mineurs qui ont vu les galeries où ils travaillaient s’effondrer sur eux le 5 août dernier.
Concernant leur état psychologique, le médecin a déclaré « tous ont souffert d’une forte tension psychologique… mais d’une façon générale la majorité a bien supporté la tension nerveuse « .
Dans les prochaines semaines, une modification de la législation du travail devrait être effectuée afin de « la positionner au niveau des pays les plus développés » selon le président chilien.
« Pour être franc, un gouvernement ne peut s’engager à ce qu’il n’y ait plus jamais d’accidents mais il peut faire en sorte qu’aucun accident ne se produise en raison de négligences sécuritaires » a précisé le Ministre de l’Intérieur , Rodrigo Hinzpeter.
Il a ajouté qu’une fois cette reforme effectuée, en mars 2014, « Nous pourrons dire avec fierté que le Chili est devenu l’un des exemples à suivre en matière de respect des travailleurs ».
Par ailleurs, les familles de 27 des 33 mineurs ont porté plainte contre l’entreprise San Esteban Primera, propriétaire de la mine, qu’elles accusent de négligence. Elles réclament une compensation financière pour le préjudice subi.
Le président américain, Barack Obama, a contacté ce jeudi son homologue chilien, Sebastian Piñera, afin de le féliciter pour ce sauvetage historique, a informé la Maison Blanche.
Obama « a félicité Piñera et le gouvernement chilien pour ce sauvetage historique de 33 mineurs bloqués à 600 mètres sous la roche, au nord du Chili depuis le 5 août dernier » précise le communiqué. Pour sa part, Piñera a remercié Obama et son gouvernement qui ont prêté appui lors des opérations de secours et plus particulièrement l’agence spéciale de la NASA et des entreprises du secteur minier qui ont participé à l’opération de secours. Un ingénieur américain avait même fait le déplacement depuis l’Afghanistan afin de participer au forage du tunnel.
L’ « Opération San Lorenzo » (saint patron des mineurs), pour localiser et libérer les 33 ensevelis, a coûté approximativement 20 millions de dollars (soit 14 millions d’euros).